"La pitié du bourreau consiste à frapper d'un coup sur" Ernst Jünger
Je ne sais plus quoi faire. Depuis le peu de temps ou j'avais appris que j'allais mourir, je n'y avais jamais réellement pensé. Je ne pensais pas que ça aller arriver aussi vite et je gardais l'espoir, malgré moi, que mon destin change, Qu'un coup de théâtre allait se produire et que finalement on allait me libérer. Cependant, je viens de réaliser vraiment que je ne vais bientôt plus être de ce monde. Je n'aurais jamais une fin heureuse, je ne connaitrais pas l'amour, je n'aurais pas d'enfants et je n'aurais pas une mort naturelle, une fois vieille comme je me l'étais imaginé. Demain, je serais morte, je n'aurais plus l'occasion de prendre mes parents dans mes bras, je vais devoir endurer la mort seule, sans le soutien de personne pour me tenir la main. Je vais avoir une mort médiatisée, le gouvernement s'en servira pour effrayer la population et la résistance me fera passer pour une martyre pour dénoncer les vices du gouvernement. Je ne veux pas mourir comme cela, je veux les personnes que j'aime et être dans le parfait anonymat.
Depuis que le gardien m'a annoncé mon destin, je n'arrive pas à m'arrêter de tourner en rond dans ma cellule, je dois trouver un moyen de sortir d'ici, mon heure n'est pas arrivée, je le sais. Au bout d'un moment, je comprends enfin qu'il n'y a plus d'espoir. Je me laisse glisser contre la porte de ma cellule pour me retrouver assise contre celle-ci et j'explose en larmes. Je n'arrive plus à me contrôler, j'ai peur, j'ai vraiment peur de mourir. Je me demande ce qu'il va m'arriver. Vais-je continuer à observer ce monde ? Tout va s'arrêter et ce sera comme si mon esprit n'avait jamais existée ? Vais-je renaitre sous une autre forme ? Maintenant, toutes les questions que l'on se pose avant de mourir refont surface et j'angoisse, j'angoisse d'aller vers l'inconnu, de ne pas savoir ou je serais demain à cette heure. Surement dans un cercueil, mais mon esprit, ou sera-t-il ?
Après plusieurs heures de lamentations, la porte rebondit contre le mur. Le bruit résonne dans la pièce. Je vois Hugo se diriger vers moi après l'avoir refermée tout aussi brutalement. Il me saisit dans ses bras, je blottie ma tête dans son cou et je ne peux plus me retenir, j'explose en larmes.
« -Ca va aller, me murmure-t-il à l'oreille.
-Non, plus rien ne va, je vais mourir, il n'y a plus rien à faire. L'injustice de ce pays se retourne contre moi. C'est fini, je ne veux plus avoir d'espoir. Arrêtes de me faire espérer, sors d'ici, criais-je en le repoussant.
-Non, je reste autant que je le pourrais, quand je te disais que ça va aller, ce n'était pas pour te donner de faux espoirs, mais pour te dire que je te soutiendrais jusqu'au bout, je serais là pour toi.
-Ne t'inquiète pas, tu seras vite déchargé de ta mission, demain je ne serais pas là.
-N'y penses plus, profites, me dit-il en m'attirant contre lui. »
Même si ce qu'il me demande est impossible, je ne peux pas arrêter de penser à ma mort imminente, je me laisse aller contre lui. Je suis tout de même soulagée d'avoir quelqu'un à mes côtés dans ce moment difficile. J'ai besoin de lui, je ne veux pas vivre mes derniers instants seule. Après m'avoir serré contre lui assez longtemps pour me rassurer, il dépose un baiser sur ma joue.
« -Rien n'est perdu encore. Je suis désolé, je suis obligé de partir, ils doivent déjà me chercher et il ne faudrait pas qu'ils arrivent dans ta cellule et qu'ils nous voient ainsi. Courage Emma, tes parents vont venir te rendre visite normalement, ça te remontera le moral de les voir.
-Je n'ai pas envie de les voir, ils n'ont pas été là pour moi eux quand j'étais en train de me faire maltraiter et violer. Toi, tu as été là et tu es la seule personne que je veux voir avant de mourir. Merci, Hugo.
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Au dessus du mal
RomanceL'histoire éprouvante d'Emma, la prison, la peine de mort, l'amour, l'injustice, l'espoir... Vivre ou mourir ? Aimer ou détester ?