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2 ans plus tôt
10 novembre 2016
Je rentre en pleure dans l'appartement. Une crise d'angoisse commence à s'approprier mon corps. Je ne me suis pas débattue. Je suis faible. Je mérite ce que je viens de vivre. Je suis horrible. Je suis sale. Me répétais-je en boucle. Heureusement pour moi, mes parents ne sont pas rentrés du travail. Je ferme la porte à clefs et m'enferme dans ma chambre. Mon regard se pose sur les photos posées sur ma commode. Je veux les brûler, les oubliés de ma mémoire. Je te déteste Jordan Smith.
Il vient de détruire ma vie, l'estime que j'avais de moi-même. L'homme et ses désirs sont horribles. Jordan me dégoûte. Mais la seule personne à qui j'en veux réellement, c'est moi. Malgré le dégoût et la haine que j'éprouve, je ressens encore quelque chose pour lui. Plus de l'amour dorénavant, mais de l'attachement profond envers lui. Serait-ce de la dépendance affective qui m'obligerait à revenir vers lui ? C'est passé tellement vite que je ne m'en suis même pas rendu compte. J'étais impuissante.
Je regarde l'heure sur mon téléphone : 20h30. Automatiquement, je le mets en mode avion et en ne pas déranger. Je ne veux pas recevoir de notifications. Encore moins de sa part pour s'excuser de ses actes. Il en déjà fait assez pour aujourd'hui. Je le balance à l'autre extrémité de mon lit, le faisant rebondir.
Summer. Je dois lui en parler. Mais aurais-je le courage de lui dire une fois le moment propice ? Elle serait vraiment capable de se battre avec lui. Et mes parents ? Comment vont-ils réagir ? Je suis momentanément interrompue dans mes pensées par le cliquetis si particulier de la porte d'entrée.
Ma mère revient d'un de ses voyages d'affaires. Elle sera fatiguée et ne prendra pas le temps de m'écouter comme à chaque fois que j'essaye de discuter et de maintenir une conversation entre nous. Les efforts ne viennent que dans un sens et c'est assez épuisant. C'est pour cette raison que nous sommes si fréquemment en désaccord. Les disputes s'enchaînent, le ton monte parce qu'on n'arrive plus à se parler, à communiquer.
J'entends la porte d'entrée s'ouvrir. Elle vient d'arriver. Ma mère arrive toujours avant mon père, histoire de se reposer à cause du décalage horaire et de ses vols réguliers. Elle pose son manteau dans le vestibule et s'allonge sur le canapé. Je devrais sûrement lui en parler maintenant. Ça sera fait. Je n'aurai plus à revenir à la charge à ce sujet. Je dois parler vite. Plus la discussion est rapide, moins elle me coupe la parole ou change carrément de conversation. Je prends mon courage à deux mains et me dirige dans le salon. Elle ne me remarque pas tout de suite, je décide donc de hausser la voix en me raclant la gorge.
— Oh, salut ma chérie. Dit-elle presque surprise de me voir comme si je la dérangeais, elle qui suivait son programme télé favori. Je ne t'ai pas ramené de cadeau, j'ai oublié. Tu ne m'en veux pas ?
