CHAPITRE 6 - CHANGEMENTS ET TROUBLES

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MAEVA

La nuit était tombée depuis un moment, enveloppant le parc dans une obscurité pesante, à peine brisée par les réverbères lointains. Je m'étais assise sur un banc, seule, le regard perdu dans le vide, les bras serrés autour de mes jambes. Le froid mordait ma peau, mais je ne ressentais presque rien. Mon esprit était ailleurs, tournant et retournant les événements de la soirée. Tout ce que j'avais cru être ma vie venait de s'effondrer. Mon propre père m'avait jetée dehors.

Je n'arrivais toujours pas à croire que tout ça était réel. Ma belle-mère, avait réussi une fois de plus à m'enfoncer, à me faire passer pour la méchante. Et lui... il avait préféré croire ses mensonges. Comme toujours. Mais cette fois-ci, c'était différent. Il avait dépassé les bornes. Il m'avait mise à la porte. Comme si je n'étais rien.

Une larme glissa sur ma joue, suivie par d'autres. Je n'avais nulle part où aller. Maya ? Théa ? Je pourrais aller chez elles, mais je ne voulais pas les inquiéter avec mes problèmes. Et puis... qui voudrait d'une fille dont la propre famille ne veut plus ? J'étais brisée.

Un bruit de pas sur le gravier me fit soudainement sortir de mes pensées. Je levai les yeux et vis une silhouette s'approcher. Une silhouette que je reconnus presque instantanément.

...Ace.

Il marchait vers moi avec un mélange d'assurance et de prudence, les mains dans les poches de son blouson en cuir. Lorsqu'il arriva à ma hauteur, il s'arrêta devant moi, ses yeux sombres rivés sur les miens.

— Qu'est-ce que tu fais là, Maeva ? demanda-t-il doucement, sa voix plus douce que d'habitude.

Je ne savais pas quoi répondre. Comment expliquer à quelqu'un que ton propre père t'a jetée dehors comme une moins que rien ? Je baissai les yeux, incapable de le regarder.

— Je... je n'ai nulle part où aller, murmurai-je finalement.

Ace fronça les sourcils, son regard passant de moi à l'obscurité qui nous entourait. — T'as été mise dehors ?

Je hochai la tête, n'ayant pas la force de rentrer dans les détails. Il soupira légèrement et s'assit à côté de moi sur le banc. Un silence pesant s'installa entre nous, interrompu seulement par le léger souffle du vent.

— Tu ne devrais pas rester ici, toute seule. Il fait froid. Sa voix était étrangement rassurante, loin du bad boy sûr de lui que tout le monde connaissait.

Je tournai la tête vers lui, curieuse de ce qu'il allait dire ensuite.

— Tu peux venir chez moi si tu veux, proposa-t-il finalement, son ton nonchalant ne masquant pas l'inquiétude dans ses yeux.

Je le regardai, surprise. — Quoi ?

— J'habite pas loin. C'est pas grand-chose, mais c'est toujours mieux que de passer la nuit dehors dans un parc.

Mon esprit se mit à tourner. Dormir chez Ace ? C'était complètement insensé. Pourquoi ferait-il ça pour moi ? Pourtant, à cet instant précis, j'étais trop fatiguée et désorientée pour réfléchir logiquement.

— Je... je sais pas, hésitai-je.

— Y'a rien de bizarre, dit-il, devinant mes pensées. Je te propose juste de t'aider. Si t'as pas d'endroit où aller, je vais pas te laisser ici, Maeva.

Je baissai les yeux sur mes mains tremblantes. C'était soit ça, soit rester dehors. Le choix était évident, même si accepter me semblait étrange. Finalement, je soupirai et hochai la tête.

— D'accord... murmurai-je. Merci.

Il se leva et me tendit la main pour m'aider à me relever. J'attrapai sa main, et le simple contact de sa peau contre la mienne me fit frissonner. Sans dire un mot de plus, nous commençâmes à marcher en silence, côte à côte, jusqu'à chez lui.

Ton pari risquéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant