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Chapitre 1:

Septembre 2007

Nous étions le 2 septembre, c’était le jour de la rentrée des élèves à l'école de science politique. Gabriel effectuait donc sa première rentrée dans cette école. Il était très stressé à l'idée d'entrer dans cette nouvelle école. Ses amis avaient opté pour des licences d’histoire ou même de littérature. Lui avait décidé de poursuivre ses rêves. Ce qu’il voulait par-dessus tout, c'était d’entrer en politique. Il y pensait depuis des mois maintenant. Il admirait ce monde et se disait que lui aussi pouvait réussir.

Le lycée a été pour lui une dure époque. Tous les jours, Gabriel se prenait des remarques sur son physique ou son homosexualité. Son principal harceleur, Juan Branco l’a toujours détesté. Il avait détruit toutes ses années de lycée. Gabriel avait énormément subi. Il avait tellement souffert. Chaque jour il s’enfonçait dans un gouffre se détestant de jour en jour. Il ne pouvait lui échapper. Heureusement cette période était à présent derrière lui.

Il entra alors dans l’énorme cour de l’école puis se dirigea dans le bâtiment où il devait aller, cherchant la salle où il devait retrouver d’autres élèves.

“Eh excuse moi !”

Cria un jeune homme. Gabriel se retourna pour apercevoir un jeune homme se rapprocher de lui souriant légèrement. Il remarqua sa grande taille et son corps légèrement imposant.

“Hum est-ce que tu sais où se trouve la salle 530 ?” Demanda le jeune homme

“530 ? Je l’a cherche aussi. Je pense que ça doit être la-bas” Ajouta Gabriel en marchant

Gabriel n’osa pas regarder l’homme. Au fond, il avait peur de ce qui pouvait à nouveau se produire. Il avait peur chaque fois que quelqu'un de son âge essayait de se rapprocher de lui. Peur qu’on le harcèle à nouveau. Il vit alors la main de l’homme s’approcher pour lui serrer celle-ci.

“Je m'appelle Jordan. Et toi ?”

Gabriel lui serra brièvement la main en disant

“Gabriel… C’est ici” déclara t-il en voyant le numéro de la salle.

La plupart des étudiants étaient déjà rentrés. Ils entrèrent à leur tour se plaçant l’un à côté de l’autre.

“J’aime bien ta cravate. Les motifs sont raffinés.”

Chuchota le plus grand passant légèrement sa main sur le bout de celle-ci. Gabriel se sentit rougir. Il ne  savait pas vraiment pourquoi. Le contact du jeune homme face à lui le surprit. Il se sentit honteux de réagir comme tel alors il décida simplement de briser ce contact en se retournant pour se pencher vers son sac, faisant semblant de chercher quelque chose d'intéressant…

Cette journée marqua leur première rencontre. Une rencontre qui fit changer Gabriel à jamais. Comment exprimer ce qu’il ressentait actuellement de le revoir des années plus tard à ce débat. Il avait tellement mûri, perdant ses traits d’adolescent que Gabriel appréciait tant. Ses émotions se mélangaient. Il ne pouvait expliquer ce qu’il ressentait actuellement. Il était si heureux de le revoir mais en même temps si brisé d'être face à lui. Il avait juste envie de s’enfuir. Il ne pouvait se confronter à nouveau car il savait pertinemment la hauteur de ses sentiments pour lui. Il savait à quel point il avait fauté. A quel point Jordan avait souffert et à quel point lui-même avait souffert. Il vit Jordan s’approcher de lui, rappelant à Gabriel leur première rencontre. Il n’arrivait pas à décrire le visage de Jordan. Il y a avait un mélange de colère et de douceur dans son regard.

“Monsieur Attal” Déclara t-il d’un ton froid

“Jor…Monsieur Bardella”

Gabriel serra rapidement la main de Jordan. Sans lui adressait le moindre regard, l’homme se mit à son pupitre relisant rapidement ses notes. Gabriel l’observa rapidement. Il se sentit tellement mal. Il avait longtemps supplié le monde pour ne pas le revoir. Il ne voulait pas se confronter à lui à nouveau.
Le débat commença finalement. Gabriel avait beaucoup du mal à se concentrer pendant le débat. Il ne faisait qu’observer le comportement de Jordan balançant quelques arguments puériles. Le débat se finit après une bonne heure. Gabriel était soulagé. Il quitta rapidement le plateau pour s’enfermer dans sa loge se maudissant. Il reçoit un SMS du président lui reprochant d’avoir été vraiment médiocre durant ce débat. Gabriel soupira, décidant de se rafraîchir le visage. Il passa alors de l’eau sur celui-ci mais entendit un bruit venant du fond de la loge. Il se sécha le visage et se retourna. Il constata Jordan le regardant d’un regard noir. Gabriel prit son sac et ouvrit la porte mais Jordan l’en empêcha.

“Donc tu comptes t’enfuir à nouveau ?”

“Laisse-moi tranquille Jordan”

“Pas tant que je n’aurais pas eu d’explication Gabriel” déclara Jordan gardant sa main contre la porte pour ne pas le laisser s’enfuir.

Gabriel lutta contre lui-même. Il ne pouvait lui dire. Il ne pouvait lui avouer pourquoi il avait décidé de ne plus jamais lui donner de nouvelles. Tout ça était du passé. Il ne pouvait se confier à Jordan. Il en avait au fond terriblement envie, Jordan méritait une explication. Il n’avait pourtant pas le courage de le lui dire.

Jordan sentit que Gabriel était dans l’incapacité de parler. Il ne savait comment réagir. Il était tellement heureux de le revoir malgré qu’il lui en voulait terriblement. Son cœur trahissait sa raison. Il n’avait jamais réussi à oublier Gabriel pendant toutes ses années. Il détestait Gabriel autant qu’il l'aimait. Il avait tellement envie de lui montrer à quel point il l’avait brisé mais ne pouvait le faire. Soudain, il sentit une chaleur envahir tout son corps. Il comprit que Gabriel venait de se serrer contre lui. Il sentit la tête de Gabriel contre son torse étouffant les bruits de ses pleurs. Gabriel chuchota essayant de calmer ses pleurs.

“Désolé…”

Le cœur de Jordan se serra voyant le visage de Gabriel. Il semblait avoir si peur. Jordan avait envie de lui dire combien il le détestait de l’avoir laissé de cette façon mais ne put le faire. Il posa ses mains contre le dos de Gabriel essayant de le calmer. Le visage de l’homme en pleurs lui faisait plus mal que la douleur que lui avait ressentie depuis toutes ses années. Il se maudissait de retomber dans le piège. D'aimer à nouveau Gabriel comme il l'avait aimée des années plus tôt.

“Gabriel ! Le chauffeur nous attend !”

Déclara derrière la porte le conseiller de l’homme. Gabriel, sans un mot, sécha ses larmes et quitta la pièce laissant à nouveau Jordan sans aucune explication comme il l’avait fait des années plus tôt.

À travers les souvenirs Où les histoires vivent. Découvrez maintenant