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Chapitre 5 :

Quelques semaines ont passé depuis les derniers événements entre Jordan et Gabriel. Les deux hommes s'étaient rarement croisés et ils préféraient ainsi. Gabriel s'en voulait d'être replongé dans les bras de Jordan bien que cela n'avait pas été déplaisant. Jordan avait tourné la page, et il devait l'admettre.

Aujourd'hui, se déroulait une réunion des plus importantes. Il devait s'entretenir avec les autres ministres ainsi que les députés du groupe Ensemble pour la république. Des tensions avaient émergé au sein de son groupe depuis plusieurs semaines. Il devait les réconforter, leur montrer que la situation est sous contrôle malgré le réel déclin de leur groupe depuis la dissolution. Il ne fallait pas que l'extrême droite passe. Il était hors de question pour Gabriel d'abandonner ces millions de Français qui ont confiance en lui. Il se devait d'être à la hauteur de leurs attentes.

La réunion débuta dans le calme. Il prit rapidement la parole essayant d'apaiser les esprits sentant que l'ambiance devenait plus électrique.

"ÉÉcoutez. Je sais que la situation actuelle est compliquée et qu'elle vous fait peur. Mais tout est sous contrôle. Notre bloc ne tombera pas.."

"D'accord Gabriel, mais comment allons-nous faire maintenant ? Les sondages nous montrent clairement qu'on sera probablement derrière le Nouveau Front Populaire ! On ne va quand même pas se désister pour eux au second tour."

"Je sais bien. Ce sera notre dernière option en tant que réelle défaite. Nous n'allons pas les laisser gagner. Les sondages annoncent bien moins que ce qu'on aura, faites moi confiance"

Gabriel voyait bien que ses députés étaient moyennement convaincus. Il espérait au fond que tout se passerait comme il avait annoncé quelques minutes plus tôt. La menace du Rassemblement Nationale pesait à l'échelle internationale et il était hors de question que la France soit concernée par cette montée du parti. Il ne comprenait pas comment Jordan avait pu s'allier avec cet ignoble parti. Il était pourtant tellement doux. Il avait toujours déclaré à Gabriel qu'il détestait les extrêmes. Certes, jeune, il avait toujours eu des opinions de droite, mais Gabriel n'aurait jamais pu penser que celui-ci allait se diriger vers les extrêmes. À vrai dire, Gabriel pensait surtout qu'il s'agissait plus d'un arrangement entre Marine le Pen et lui.
Il s'apprêtait à repartir de cette réunion quand un jeune député l'arrêta.

"Monsieur Attal !"

Gabriel se retourna en écoutant ce que l'homme avait à lui dire, il remarqua sa carrure légèrement imposante et son grand sourire. Il était vraiment très beau.

"J'ai beaucoup aimé ce que vous avez dit. Je crois en vous. Soyez-en sûr. Je suis sûr que nous pouvons gagner, j'ai pas mal d'idées pour enrichir notre campagne. Est-ce que ce serait possible qu'on travaille dessus, tous les deux ?"

Gabriel fut un peu surpris de son intention. Il sentait malgré tout la sincérité de l'homme face à lui. Il hocha la tête se disant que ce n'était pas une si mauvaise idée.

"Oui, pourquoi pas. Mon assistant vous contactera pour fixer un rendez-vous."

"Super ! Merci beaucoup !"

Le Premier ministre se dépêcha alors de retourner dans la voiture qui l'attendait. Il demanda comme prévu à son assistant de trouver un moment dans son emploi du temps, déjà bien chargé, puis rentra chez lui.

Quelques jours plus tard, le rendez-vous entre les deux hommes se déroula plutôt bien. Il fit connaissance avec ce dernier du nom de David. Ils avaient pris le temps de réfléchir à de nombreuses stratégies et même, de parler de leur passion. Ils aimaient tous les deux jouer du piano.

"J'ai été membre de deux grands orchestres avant de me lancer dans la politique" déclara David.

"Ah oui ? Tu étais à ce point doué ? C'est fou. Pourquoi tu as finalement décidé de te lancer en politique ?"

"Oh et bien je pense que c'est ce qui me correspond réellement d'aider les gens et puis j'ai toujours été engagé dans différentes causes comme les combats des personnes LGBT. Étant gay, je pense que c'est de mon devoir d'aider les autres à se sentir mieux."

Gabriel hocha la tête. Il comprenait très bien ce que l'homme voulait dire, car pour lui aussi, ce sujet lui tenait à cœur. C'était lui, le Premier à avouer son homosexualité arrivant jusqu'au poste de Premier ministre. Gabriel était fier de qui il était malgré la souffrance qu'il avait ressenti plus jeune. Il avait, lui aussi, promis de se battre pour eux.

"Merci d'avoir pris le temps de m'écouter et de m'aider. En plus d'être beau, vous êtes d'une intelligence qui me dépassera toujours" déclara l'homme en riant légèrement prenant conscience de ce qu'il venait de dire.

"Je... Merci beaucoup, enfin..."

Les deux hommes se retournèrent soudain vers la porte car, quelqu'un venait d'y frapper. La personne ouvrit un peu plus celle-ci jusqu'à apercevoir l'homme en face d'eux. Gabriel se figea. Jordan se tenait devant eux, le regard noir.

"Monsieur Attal. Comme vos collaborateurs et vos assistants étaient en réunion, on a demandé à monsieur Séjourné de venir vous chercher mais, il a finalement été appelé en urgence par monsieur de président. C'était donc à moi de venir vous chercher pour la réunion. Je suppose que vous serez le seul à nous recevoir.

Le ton de Jordan était glacial. Bien loin de la douceur avec laquelle il l'avait réconforté la dernière fois. Gabriel était surpris de cette réaction. Pourquoi réagissait-il de cette façon ?
Il hocha finalement la tête en raccompagnant David jusqu'à l'entrée puis suivit Jordan. Ils marchaient en silence. L'ambiance pesait entre les deux. Gabriel essaya tout de même de se concentrer. Il devait assurer cette réunion avec les membres du Rassemblement national. Il devait trouver les bons mots. Gabriel avait consulté les sondages quelques jours plus tôt et il se savait que L'extrême-droite allait très certainement s'imposer face à son parti. Il était hors de question pour eux de laisser le RN gouverner. Gabriel ne laisserait pas tomber les Français. Il avait organisé quelques jours plus tôt une réunion avec des membres des différentes gauches en déclarant un accord. L'extrême droite ne devait pas gagner et ne gagnera jamais. Cette réunion était surtout organisée pour ne pas affoler les membres du RN de voir que le Premier ministre avait organisé une réunion avec les gauches et non avec les droites. Gabriel sortit finalement de ses pensées quand Jordan prit la parole.

"Désolé d'avoir dérangé votre moment de convivialité." Déclara Jordan en haussant les sourcils

"Qu'est-ce que tu racontes ? On discutait simplement, ça ne te regarde pas."

Jordan arrêta sa course et se mit devant Gabriel. Sa silhouette imposante et ses larges épaules recouvraient complètement la silhouette de Gabriel. Il releva légèrement la tête plongeant son regard dans le sien voyant la jalousie planait dans ses yeux.

"Ne te fous pas d'moi, Gabriel. Quand je suis arrivé, je l'ai entendu te complimenter."

"Et alors ? Il a bien le droit de me trouver beau non ? Quel est le problème ? "

"Tu ne vois pas le problème ? Non mais tu as raison, continue de flirter après tout."

"C'est vraiment culotté de ta part d'avoir cette réaction Jordan !"

"Comment ça ?"

"Tu sais très bien."

Jordan se colla soudain à Gabriel posant son genou entre les deux jambes du Premier ministre. Il rapprocha son visage de l'oreille de Gabriel en déclarant.

"Tu ne pourras jamais m'oublier, mon étoile."

Au même moment, les membres du rassemblement national étaient en train d'entrer dans la pièce face à eux. Gabriel repoussa le plus grand en emboîtant le pas. Il repensa soudain à cette fameuse soirée ou Gabriel s'était épris de jalousie...

À travers les souvenirs Où les histoires vivent. Découvrez maintenant