Chapitre 3 : Fragments de Confiance

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🪶Fragments de Confiance

La nuit enveloppait la forêt, teintant le monde de nuances d'obscurité et de mystère. Lira et Elia avaient trouvé refuge près d'une rivière, ses eaux murmurantes apportant une certaine sérénité au chaos qui régnait dans leurs esprits. En dépit de la fraîcheur nocturne, une tension palpable flottait dans l'air, chaque craquement de branche éveillant la méfiance de Lira.

Elles s'étaient installées sur le sol, le feu vacillant au centre du campement, projetant des ombres dansantes sur les troncs des arbres. Elia, perdue dans ses pensées, fixait les flammes comme si elles détenaient les réponses qu'elle cherchait. Lira, elle, ne pouvait pas se permettre de baisser sa garde. Depuis leur fuite, l'angoisse d'être retrouvées pesait sur ses épaules.

« Tu penses à ta mère, n'est-ce pas ? » demanda Lira, cherchant à percer le mystère qui entourait Elia.

La jeune femme sursauta, ses yeux s'illuminant d'une lueur d'espoir mêlée de crainte. « Oui... Je me demande où elle est. Elle est en danger, je le sens. »

Lira ne savait que penser de cette obsession. Elle comprenait l'attachement qu'Elia avait pour sa mère, mais quelque chose dans la passion avec laquelle elle en parlait lui donnait des frissons. « Tu sais que nous avons des priorités. Rester en vie est la plus importante, non ? »

Elia baissa les yeux, déconcertée. « Oui, bien sûr, mais je ne peux pas simplement ignorer cela. J'ai besoin de savoir. »

Lira se détourna, scrutant la forêt. Un sentiment de méfiance l'envahissait de plus en plus, comme si des yeux invisibles les observaient. Elle avait appris à se méfier des personnes qui laissaient leurs émotions prendre le pas sur la raison. L'attrait des ténèbres, personnifié par Valen, l'appelait à chaque instant.

Elle se remémora les mots de Valen lors de leur dernière rencontre. « Imagine un avenir où tu n'as plus besoin de fuir. Où tu pourrais être la maîtresse de ton destin. » Cette promesse résonnait en elle, mais elle savait que chaque choix avait un prix.

« Écoute, » reprit Lira, rassemblant ses pensées. « Nous devons rester concentrées. Si quelqu'un nous trouve ici, tout est fini. »

Elia hocha la tête, mais Lira pouvait voir qu'elle n'écoutait qu'à moitié. Les rêves de retrouver sa mère et de rétablir une vie normale étaient des illusions, des mirages dans un désert de désespoir. Elle ne pouvait pas se laisser entraîner par cette quête.

La nuit s'étira, et peu à peu, le sommeil s'empara d'elles. Les pensées de Lira tournoyaient comme des feuilles dans le vent, mais elle s'obligea à rester vigilante. Elle se leva, se dirigeant vers le bord de la rivière. L'eau, sombre et profonde, lui semblait familière, presque réconfortante.

Les heures passèrent dans un silence troublant. Un bruit soudain la fit sursauter. Elle se retourna pour voir Elia, debout derrière elle, les bras croisés. « Tu es inquiète, n'est-ce pas ? »

Lira déglutit. « J'essaie juste de comprendre ce que nous faisons ici. »

« Nous nous battons pour notre survie. » La voix d'Elia était douce, mais la détermination qui la traversait était palpable.

« Pour survivre, il faut aussi faire des sacrifices. » Lira se tourna vers la forêt, ses pensées s'éloignant vers Valen. « Parfois, il faut savoir abandonner les choses, même celles que l'on aime. »

Les yeux d'Elia s'assombrirent. « Est-ce que tu parles de moi ? »

« Non, pas seulement. Je parle de tout ce qui nous attache à cette vie. » Lira se sentait piégée entre la nécessité de protéger Elia et l'attraction de l'obscurité qui l'entourait.

La tension entre elles se renforçait, et Lira sentit un vent de trahison s'infiltrer dans son esprit. Étaient-elles vraiment sur la même longueur d'onde ? Elia, avec son désir d'espoir, ou Lira, qui s'enfonçait dans les ténèbres ?

La nuit s'étira, et la fatigue commença à peser sur les épaules de Lira. Elle retourna à leur campement, où Elia semblait à nouveau perdue dans ses pensées. Lira se glissa dans son sac, sortant une vieille dague qu'elle avait cachée. C'était son dernier lien avec son passé, avec la vie qu'elle avait quittée.

« Tu dois me promettre une chose, Elia, » dit-elle, s'approchant doucement de son amie. « Si jamais tu sens que notre survie est compromise, fais ce qu'il faut. Peu importe ce que cela implique. »

Elia la fixa, surprise. « Je ne suis pas comme ça, Lira. Je ne vais pas abandonner. »

« Parfois, c'est la seule option. » La voix de Lira était froide, mais elle savait qu'elle devait transmettre ce message. Elle ne voulait pas que les émotions d'Elia entravent leur chemin.

Le lendemain matin, le soleil se leva sur une brume légère. Lira se réveilla la première, une nervosité insidieuse enroulée autour de son cœur. Le sentiment que quelque chose approchait grandissait. Elle se leva, scrutant l'horizon.

« Lira ? » La voix d'Elia la tira de ses pensées. « Qu'est-ce qu'il y a ? »

« J'ai l'impression que nous devons partir. Quelque chose ne va pas. »

Elia se leva, mais Lira pouvait lire l'hésitation dans son regard. « Attends, je dois... »

« Pas maintenant, Elia. Nous n'avons pas le temps. »

Mais alors qu'elles commençaient à ranger leurs affaires, un bruit lointain se fit entendre. Lira se figea, les sens en alerte. Elle tourna la tête vers Elia, son cœur s'emballant. « On doit y aller, tout de suite ! »

Elles se mirent en mouvement, s'enfonçant dans la forêt, les ombres se refermant autour d'elles. Les bruits se rapprochaient, et l'adrénaline pulsait dans leurs veines. Lira prit la tête, mais Elia la suivait à contrecœur.

« Je suis fatiguée, Lira. On ne peut pas continuer comme ça. » La voix d'Elia tremblait.

« Pas maintenant ! » Lira cria, son propre désespoir refoulé. « Nous ne sommes pas en sécurité. »

Elles continuèrent à avancer, le souffle court, mais une ombre furtive les surveillait. Valen, dans son esprit, la poussait vers l'obscurité. Les murmures du pouvoir grandissant la tiraient à chaque pas, et elle savait qu'il lui fallait faire un choix. Elle pouvait céder à la tentation, ou rester fidèle à la mission qu'elle s'était fixée.

Un cri retentit soudain, troublant la forêt. Lira se retourna, apercevant une silhouette qui émergeait de l'ombre. Un homme, probablement un chasseur, s'approchait d'elles, l'arme à la main.

« Vous là, arrêtez ! » cria-t-il.

Lira poussa Elia en arrière, prête à se défendre. « Fuis ! » ordonna-t-elle.

Mais Elia, pétrifiée par la peur, ne bougeait pas. Lira savait qu'elle devait agir. Elle dégaina sa dague, son cœur battant la chamade. « Va, Elia ! Je m'occupe de lui ! »

Les yeux d'Elia s'illuminèrent d'une lueur d'incompréhension. « Non ! Je ne vais pas te laisser ici ! »

Mais Lira savait. Si elle ne prenait pas cette décision, elles seraient toutes deux perdues. Elle se jeta sur l'homme, l'attaquant avec la précision d'un prédateur.

Le combat fut bref mais intense. Lira parvint à le maîtriser, mais l'adrénaline couvrait la douleur qui commençait à l'envahir. Essoufflée, elle se retourna pour voir qu'Elia était restée en arrière, le visage blême.

« Pourquoi ne pas avoir fui ? » demanda Lira, les yeux pleins de colère et de déception.

« Je ne pouvais pas. Je... je pensais que tu serais blessée. »

Le regard de Lira se durcit. « Parfois, il faut abandonner pour survivre. Tu dois comprendre cela. »

Elia, désemparée, se détourna. « Je ne peux pas rester ici. Je veux retrouver ma mère. »

Ce fut un coup de poignard dans le cœur de Lira. Elle comprit alors que la loyauté d'Elia était en train de s'effriter. Leur alliance devenait fragile, et Lira ne pouvait plus ignorer la crainte qui grandissait en elle.

...

Cendres et LamesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant