Hikaru ... Je t'aime ?

Mon cœur bat à cent à l'heure. J'ai déjà imaginé mille et un scénarios dans ma tête, mais je ne sais pas pourquoi j'ai l'impression qu'ils ne sortiront pas de ma bouche aussi bien que je le souhaite.

C'est étrange, n'est-ce pas ? Toute ma vie n'est qu'un enchaînement de mensonges, que ce soit dans ma vie privée ou professionnelle... C'est devenu ma routine, mon quotidien. Alors pourquoi, cette fois-ci pourquoi est-ce que je sentais que ça ne marcherait pas ? Pourquoi est-ce que je me mettrais à ressentir cet amour maintenant, alors que ça ne fait que m'apporter de la souffrance ? En fait, je ne suis même pas sûre qu'il en s'agisse. Plus paumée que jamais, voilà ce que je suis.

C'est l'ironie de la vie. Enfin, moi qui n'ai jamais eu de chance, je devrais m'y être habituée.

Garder cet enfant ou non... Est-ce vraiment un choix, ou seulement une illusion de contrôle ? D'un côté, l'idée d'une famille me hante. Avoir quelqu'un à aimer, quelqu'un m'aimerait, qui ne me quitterait pas, qui me ferait sentir moins... seule. J'aimerais croire que cet enfant pourrait devenir ma rédemption, mon échappatoire. Peut-être que, grâce à lui, je pourrais dire "je t'aime" sans que ces mots soient creux, sans que je m'efface derrière mon masque habituel. Mais la peur me ronge. Et si, dans mon incapacité à ressentir, je devenais comme elle... ma mère. Froide, distante, violente même, incapable de combler ce vide en moi... Ce bébé pourrait-il vraiment être ma délivrance, ou serais-je juste en train de perpétuer un cycle de malheur ? La peur me ronge.

Je doute d'avoir la maturité nécessaire pour élever cet enfant, et je suis consciente que cette grossesse pourrait créer des complications pour M. Saito ainsi que pour B Komachi.

Une image de Nino traverse furtivement mon esprit, et mon cœur se serre. Peu importe mes efforts, tu me haïras toujours, n'est-ce pas ? Notre relation ne pourra jamais redevenir comme avant, hein ?Parfois, je me demande pourquoi je fais tous ça...

Mon "amie" me rejette toute sa frustration et je ne suis jamais assez bien pour mes fans. Parfois, l'envie de tout abandonner me frappe de plein fouet. Juste... tout laisser derrière. Cette vie de mensonges, cette pression constante de devoir être parfaite pour des fans qui, au fond, ne me connaissent même pas. Mais ensuite, la réalité me rattrape, froide et implacable. Comment pourrais-je élever cet enfant si je renonce à tout ? Comment pourrais-je lui offrir un avenir, un foyer, si je m'effondre maintenant ? Peut-être que je ne suis pas faite pour être une mère, peut-être que ce n'est pas dans mes cordes pas dans mon sang. Mais l'idée de l'abandonner dans ce monde où j'ai tant souffert... Non, je ne peux pas. Je ne peux pas le laisser se perdre comme je l'ai fait.

Mes pensées sont vraiment décousues...

Je jette un coup d'œil à mon sac posé dans l'entrée. J'ai déjà rassemblé toutes les affaires que j'avais chez Hikaru et tout emballé pendant son absence.

C'est presque irréel, cette idée que je ne reviendrai plus jamais ici. Le silence de l'appartement me paraissait lourd, presque palpable. C'est étrange, non ? Ce n'est pas tant Hikaru qui me manque, mais ces lieux, ce petit monde que nous avons partagé. Des souvenirs s'accrochent à chaque coin de cet endroit... Mais peut-être que je ne pense à l'appartement que parce que penser à lui me fait trop mal. Quitter Hikaru, c'est plus que tourner une page. C'est arracher une partie de moi-même, une partie qui, pour une fois, était peut-être vraie mais que je ne veux pas admettre. Est-ce que je l'aime vraiment ou est-ce que c'est juste une nouvelle façade que je me suis inventée pour me rendre heureuse? Je n'arrive plus à démêler mes sentiments, tout est confus, flou.

Un sourire amer se dessine sur mes lèvres. Je vais quitter mon mec, et la première chose à laquelle je pense, c'est cet appartement ? Voilà qui souligne encore une fois mon anormalité.