1er Octobre

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Si la vie de Kim pouvait paraître monotone aux yeux de certains, la routine qu'elle avait instaurée lui convenait parfaitement. Du lundi au vendredi, elle enfourchait son vélo à 7h30 pour aller à l'école. Enfin, ça ... c'est ce qui était normalement prévu.

En ce jeudi 1er octobre 2015, Kim se réveilla d'un sommeil réparateur. Elle s'était sentie sereine, ce qui avait suffit à la rendre heureuse. Mais son bonheur avait été de courte durée. Son réveil affichait qu'il était 7h42. Elle était en retard pour se rendre au lycée.

- Impossible! s'affola-t-elle.

Avec peu d'espoir, elle prit son réveil entre les mains. Elle le secoua. Regarda s'il était bien branché. S'attarda sur le fonctionnement de la pile de secours, normalement censée prendre le relais en cas de panne de courant. Malheureusement pour elle, tout était en place et en parfait état de fonctionnement.

- Maudit! Maudit! se lamenta-t-elle.

C'était à croire qu'elle avait aspiré le lithium de la pile qu'elle avait pourtant à peine touchée. En deux temps trois mouvements, elle s'était habillée, peignée et lavé les dents avant de grimper sur son vélo. Le froid tiraillait sa peau et elle regretta d'avoir omis de l'hydrater.

Encore plus agacée, elle pédala à en perdre haleine, passa devant la supérette tenue par ses parents, puis elle remarqua l'allure assurée de son camarade de classe qui se rendait à pieds au lycée. Songeant qu'elle avait rattrapé son retard, elle ralentit sa course effrénée pour éviter toute moquerie de sa part. Elle parvint même à contrôler sa respiration lorsqu'elle dépassa Quil et souffla de soulagement lorsqu'il se contenta de la saluer.

Et puis ...

- Toi aussi t'es en retard? demanda-t-il.

La réalité la rattrapa. Evidemment qu'elle était en retard. Evidemment qu'elle avait oublié de mettre sa montre. Alors pourquoi est-ce qu'elle avait retroussé sa manche, sachant que son poignet ne la portait pas? Elle se maudissait, encore, avant de reprendre sa course folle.

Elle arriva avec 10 bonnes minutes de retard. Tête baissée, elle toqua à la porte de sa classe. Son professeur de biologie lui ouvrit, sans un mot. Elle marmonna des excuses à peine perceptibles avant de retrouver sa chaise sous les rires moqueurs de ses camarades.

Parmi ces rires, elle en distingua un plus perceptiblement que les autres. Bien plus lumineux. Bien plus fort. Bien plus douloureux à entendre. Elle aurait aimé que Jared la remarque d'une autre manière. Ou pas du tout.

Elle passa les premières minutes de son cours à se morfondre. Comment pouvait-il la remarquer? Elle se trouvait d'une banalité affolante. Ni jolie, ni moche. Ni ennuyeuse. Ni intéressante. Ni studieuse. Ni cancre. Fade, songea-t-elle en appuyant de nouveau la pointe de son stylo sur la lettre J qu'elle avait inscrite sur le bas de sa page.

On toqua à la porte. Contrairement à elle, Quil entra sous les applaudissements de certains camarades. Il fallait toujours qu'il fanfaronne et sa bonne humeur lui permettait souvent de s'en sortir.

- Je suis désolé pour mon retard, Monsieur. Voyez-vous, mon corps est en pleine croissance et mon sommeil est si lourd que je n'ai pas entendu mon réveil sonner.

- Votre professeur de littérature serait fier de vos progrès de langage, Monsieur Ateara.

Sa remarque déclencha de nombreux rires. Dont le mien.

- Ceci dit, j'espère que vous ferez également des progrès dans la matière que j'enseigne.

- Les mathématiques, c'est ça?

Les rires redoublèrent alors que Kim fut scotchée par son culot.

- Asseyez-vous, ordonna leur professeur.

Kim connaissait Quil depuis qu'ils étaient enfants. Il faisait partit des élèves turbulents, mais contrairement à d'autres, il avait quelque chose d'attendrissant. Il s'en sortait souvent avec de l'humour et un sourire, sauf quand il allait trop loin. Il ne connaissait pas les limites. Il ne savait jamais quand s'arrêter à temps. C'est pourquoi, Embry se leva discrètement pour l'inciter à s'installer et à se taire. Ainsi, il lui évita d'être envoyé dans le bureau de la directrice qu'il avait déjà fréquenté une bonne dizaine de fois depuis le début de l'année scolaire. C'était il y a un peu plus d'un mois ...

L'arrivée distrayante de Quil avait permit à Kim de se focaliser pleinement sur ses prises de notes. A la fin du cours, leur professeur leur fit part qu'ils devraient composer un herbier. En duo. Kim préférait travailler seule et soupira. Les autres élèves se morfondaient aussi, mais pas pour la même raison.

- Mais on est au début de l'année, Monsieur, s'apitoya un élève.

- On a déjà trop de devoirs, le supplia un autre.

Sans prendre en compte leurs protestations, le professeur épingla sur un tableau en liège la liste des binômes. N'aimant pas la foule, Kim prit le temps de ranger ses affaires. Mais avant de quitter son siège, elle pria sa bonne étoile pour que le nom de Jared ne figure pas à côté du sien. Pourtant, elle se laissa rêver. Elle s'imagina ramasser des feuilles avec lui dans les bois.

Lorsqu'elle se leva, elle fit face à Paul Lahote. Elle se sentit si insignifiante alors qu'il l'a lorgnait de son regard dur et froid.

- Je te préviens, je ne perd pas plus d'une heure à ramasser ces conneries.

Ce fut les seuls mots qu'il lui déclara. Ils avaient été fermes. Durs et froids, comme son regard.

Kim se mit alors à espérer qu'il s'était trompé. Qu'ils ne feraient pas équipe ensemble. Qu'il avait mal lu. Qu'il avait besoin de lunettes ou de cessions de rattrapage à l'apprentissages de la lecture. Elle se décomposa lorsqu'elle lut leurs noms sur la même ligne, seulement séparés par un tiret. Ils devraient présenter leur herbier dans quinze jours en plus de ça. Un délai bien trop court selon elle.

- Maudit! Maudit! chuchota-t-elle avant de rejoindre son prochain cours.

Le reste de la journée se passa sans encombres. Elle ne traîna pas au lycée lorsque la cloche mit fin à son dernier cours. Tout en montant sur son vélo, elle se demanda s'il ne serait pas judicieux qu'elle commence à concocter son herbier.

Comme à son habitude, Kim s'arrêta à la supérette pour saluer ses parents. Elle fut soulagée qu'ils n'aient pas besoin de son aide et put reprendre son chemin afin de rentrer chez elle. Sur le trajet, elle remarqua que la propriété de Monsieur Lahote était déjà décorée pour Halloween. Elle se demanda alors comment cet homme si joyeux et enfantin avait put avoir un fils aussi venimeux. 

Octobre - Une fanfiction TwilightOù les histoires vivent. Découvrez maintenant