Shoot on Sight

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The Neighbbourhood— Afraid

J'ai fouillé chaque recoin de la maison, mes gestes devenant de plus en plus mécaniques. Rien. Pas un indice supplémentaire. La fatigue commence à me peser, mes muscles sont tendus, mes sens ne sont plus aussi aiguisés qu'au début. Mon esprit s'engourdit, mais une chose reste nette : l'odeur de l'intrus persiste, accrochée à l'air de cette nuit. Son parfum dérangeant ne s'est pas dissipé, malgré mes efforts pour le chasser de mon esprit. Je devrais rentrer, me plonger dans un bain chaud, peu importe si je m'endors dedans. Juste me détendre et oublier cette présence oppressante.

Je me tiens devant la porte, prête à sortir, mais mes poils se dressent dans ma nuque. Une pression, sourde et écrasante, me comprime la poitrine. Quelque chose ne va pas. C'est comme si chaque fibre de mon être me hurlait que franchir cette porte déclencherait un événement inévitable. Pourtant, je refuse de céder. Ce n'est pas un simple frisson qui va m'arrêter. J'ouvre la porte d'un geste brusque, ma main déjà posée sur ma ceinture, prête à dégainer et à affronter tout danger.

Je m'avance dehors, scrutant les environs, chaque muscle tendu. Un point se forme dans ma poitrine, me comprimant les poumons. Est-ce maintenant que ma vie est censée défiler sous mes yeux ? Non. Il est hors de question que je meure aujourd'hui, et encore moins l'estomac vide. J'essaie de repousser ces pensées absurdes, mais une partie de moi est obsédée par cette idée. Mourir le ventre vide ? Ce serait la pire des fins.

Mon corps entier est sur le qui-vive, conscient de la présence invisible qui m'observe. Elle attend que je fasse le faux pas fatal, celui qui me mènerait tout droit en enfer, sans détour. Ma salive a du mal à passer. Je sens une boule se former dans ma gorge alors que je m'approche de la voiture. Une dernière vérification des environs, et rien. Juste ce silence pesant, oppressant. Je préfère le bruit, quelque chose qui justifierait mes nerfs à vif, qui m'offrirait une raison de réagir.

Je monte dans ma voiture, prenant soin de verrouiller les portes. Mais cette sensation d'inconfort persiste. Quelque chose cloche. Et puis... une odeur de framboise. Mes yeux se fixent sur le rétroviseur, et c'est là que je le vois. Son sourire tordu, effleurant à peine la lumière. L'intrus. Il est là. Avant que je ne puisse réagir, un fil de métal s'enroule autour de ma gorge, tiré en arrière avec une force brutale. Ma tête claque contre le siège, et je lutte pour respirer, mes poumons brûlant sous la pression.

Je me débats, mais c'est inutile. Ma respiration devient difficile, chaque souffle plus court, plus douloureux. Est-ce ainsi que je vais mourir ? Mon corps se relâche lentement, incapable de lutter davantage. Une partie de moi est prête à céder. Si c'est la fin, qu'il en soit ainsi. Mais je l'entends rire derrière moi, un rire dément, incontrôlable. Un rire qui rappelle celui du Joker, envahissant, terrifiant.

— Je savais que tu étais intéressante, petite fouine, dit-il, sa voix grave résonnant dans l'habitacle. Elle est si profonde qu'elle semble presque inhumaine.

Il me maintient toujours en arrière, et je tente désespérément d'atteindre mon arme. Mais il est plus rapide. Il la saisit avant moi et la place contre ma tempe, froide, menaçante.

— Lyla, est-ce que tu veux jouer avec moi ? murmure-t-il en me fixant dans le rétroviseur, son sourire déformé figé sur ses lèvres.

Je ne peux toujours pas voir ses yeux. Pourquoi m'en prend-il à moi ? Suis-je simplement une victime de plus dans sa liste ? Peut-être attend-il que je me débatte encore, que je lutte pour ma vie. Mais je ne lui offrirai pas ce plaisir. S'il veut me tuer, je ne lui donnerai pas la satisfaction de se nourrir de ma terreur. Je suis prête à accepter ma mort... ou presque. Mon ventre gargouille bruyamment. Sérieusement ? Est-ce que c'était vraiment le moment ?

HEART (T1) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant