Un Lundi matin, collège Jean Moulin. Il était dix heures du matin et le cours de mathématique allait commencer. Une jeune fille blonde entortillait une mèche de cheveux autour de son doigt. Son amie, une adolescente à la tignasse rousse, était assise devant elle. Ses cheveux étaient retenus par un simple crayon gris, presque trop court pour tous les tenir. C'est alors que la blonde s'avança et l'attrapa, libérant la crinière de son amie. Les deux jeunes filles éclatèrent alors de rire, pour une raison qu'elles-même ignoraient.
Un autre samedi soir à passer enfermée dans ce fichu restaurant. Vivement que je finisse mes études, je veux me casser d'ici. Si j'ai entrepris de travailler en tant que serveuse, il y a une bonne raison: l'argent. Certainement pas pour ces abrutis d'employés qui ne semblent pas saisir le sens du mot travail.
Je suis très rapidement appelée à servir une table, aucun répit. J'arrive donc, tout sourire, devant ces clients et leur offre une carte des menus. S'en suit la longue et pénible description des plats ainsi que de leurs composés, presque entièrement issus d'une agriculture biologique. Et je leur sers tout ça avec mon plus beau sourire. Vous comprenez, ça fait plus professionnel. Une mélodie de guitare s'élève dans la salle, Niall va sûrement jouer un de ses morceaux. Je retourne au bar pour y prendre deux petits bols que je remplie avec des olives et l'apporte aux clients. Le secret, c'est d'être toujours disponible, sans mode pause. C'est sûrement ça qui fait que je suis la mieux payée du restaurant. Les autres se contentent de donner les cartes, repartir, revenir pour les commandes et repartir de nouveau. Ces personnes, elles ne sont pas venues ici pour les affaires, mais pour chanter, espérer se faire connaître... Ou rencontrer des célébrités.
Le charmant restaurant musical pour lequel je travaille se nomme Singing Fries, non mais quelle originalité. Situé en pleins milieu d'une île privée de la côte est de la France, je pense que c'est un de ceux qui marchent le mieux dans sa catégorie. Pas parce que les gens font de la bonne musique ou que les cuisiniers soient géniaux, simplement parce qu'il est fréquenté par énormément de célébrités. Qui dit stars dit fans, qui dit fans dit clients. C'est la devise de notre patron. Je ne veux pas gâcher un rêve presque trop beau, mais ce boulot craint, vraiment. On nous traite comme des chiens, pas de congés, pas de repos et surtout, quand il y en a, nous sommes au service le plus total des célébrités. Super.
J'essuie mes mains sur mon tablier et attrape un chiffon, puisque personne ne semble vouloir le faire. Le produit pour les tables est une véritable infection. Il sent le mélange entre du citron et de l'alcool à 90°. Quand tu as finis journée, tes sinus sont débouchés pour les dix prochains mois.
Je frotte trois table avant d'entendre la sonnette de l'entrée retentir. Faites que ce soit ni des groupies, ni des stars. Raté. Deux filles déboulent dans la pièce, elles ont chacune un carnet dans leurs mains et portent un t-shirt à l'effigie d'un duo que je ne connais même pas. Je regarde autour de moi, comme par hasard tout mes charmants camarades ont soudainement trouvé une occupation. Je range donc mon torchon dans la poche de mon tablier et me dirige vers elles.
- Je peux vous aider ? Je demande.
- On nous as dit que les Two ways sont ici, on voudrait savoir si c'est vrai. M'explique la plus petite.
Sa copine sautille sur place, faisant voler ses cheveux bleus, ça sent la crise a plein nez là. Je regarde furtivement leurs t-shirt et ne reconnais absolument pas les deux types sur la photo. Ils n'ont jamais mis les pieds ici en tout cas.
- Je ne vois pas qui c'est. Et ils ne sont pas ici.
Cheveux bleus arrête directement de sauter, tant mieux, ça commençait franchement à m'énerver.
- Vous ne voyez pas qui c'est ? Mais ils sont super connus !
- Et bien ils ne sont pas ici.
Elles ne sont pas vraiment malignes celles-là. Des célébrités seraient présentent ce soir, il y aurait nettement plus de personnes devant le restaurant. Or, elles sont seules.
- Vous voulez une table ? Je leur propose.
- Nous allons plutôt nous installer au bar. Me répond Cheveux bleus.
Je leur fais signe de me suivre jusqu'aux tabourets. Elles en prennent un à deux places et passent commande avec un collègue. Je vais pouvoir finir les tables pour ce soir. Alors que je m'applique à placer les couverts, je saisis quelques bribes de la conversation des filles:
- On n'aura jamais notre chance...
- On essaiera une prochaine fois.
Je soupire et retourne au bar afin de récupérer des verres à pied, je suis la championne de ce côté là, record établi à quinze verres portés dans la main. La seule réussite de ma vie, super, n'est-ce pas ?
- Ils sont vraiment parfaits !
Les groupies sont sur leur téléphone, en extase. Complément ravagées. Je me dirige vers les tables et y déposent les verres avec la plus grande précaution, je suis une machine à briser. Je touche, ça casse. La voix de Niall emplie la salle. Ses mélodies sont vraiment bonnes, calmes et pleines de sens. J'adore ce qu'il fait, c'est dommage qu'il ne soit connu que de nous, il ferait un superbe chanteur. Une petite sonnette retentit et je me retourne. Les plats pour ma table sont prêts. Je me précipite vers les cuisine et ramasse les deux assiettes.
- Pâtes Carbonara et Andouillette frites ! Me lance le cuisinier.
Je le remercie d'un signe de tête. Je crois que je n'ai jamais rien entendu d'autre que des noms de plats dans la bouche de ce type, il ne parle pas beaucoup, au moins il ne dit pas de conneries. Je suis à la table en un rien de temps. Niall vient d'attaquer une troisième chanson, je chantonne en posant les plats.
- Il chante bien. Lance l'homme à qui je viens de servir l'andouillette.
- Il est très doué. Je réponds.
- Vous le connaissez ?
- Oui, il travaille ici.
- Il devrait se faire connaître. Intervient la femme.
- On est d'accord. Je rétorque.
Je leur souhaite un bon appétit et repars vers le bar. Les groupies ne sont plus là, c'est presque vide. Je m'assoie sur le comptoir et écoute les chansons de Niall, en tapant la mesure de mon pied. Il est vraiment bourré de talent. Il a juste à attraper sa guitare pour transporter les gens, et ça, pas beaucoup d'artistes en sont capables. Il lève la tête et croise mon regard, je l'encourage à continuer, je veux entendre cette note, LA note. Quand il l'atteint, je ferme les yeux et me laisse transporter dans cette bulle, ce monde qui n'appartient qu'à lui et qu'il nous laisse visiter le temps d'une chanson.
Quelques applaudissements retentissent dans la salle alors qu'il vient de finir son dernier accord. Les enceintes crachent presque immédiatement une musique rythmée qui change complètement l'ambiance. Niall descend de la scène et me rejoint, tout sourire. Ça me fait plaisir de le voir autant heureux, son passé n'a pas été facile. Il s'accoude au bar et se penche pour faire glisser mon verre vide le long du comptoir puis me jette un coup d'œil.
- Un Monaco. Je déclare.
Il se retourne.
- Louis ! Un Monaco et une vodka s'il te plaît !
- Ça arrive !
Niall me fait de nouveau face et m'offre un sourire éclatant.
- Qu'est-ce qu'il y a ? Je demande.
- J'ai écrit une nouvelle chanson.
Je mime des applaudissements qui le font ricaner.
- De quoi ça parle ? m'enquis-je.
Il ne me réponds pas mais je vois la réponse dans le fond de ses yeux. Elle parle de sa petite copine. Son ex petite copine... Enfin, sa petite copine décédée. Je pense que les émotions qui traversent ses chansons sont dû en bonne partie à cette perte. Ça l'a détruit, il a beaucoup souffert, mais au lieu de garder tout ce qu'il pensait, ressentait, pour lui, il en a fait des chansons. Il n'aurait pas pu avoir de meilleure idée.
- Je te la ferais écouter après le service. Déclare-t-il.
Je m'apprête à lui répondre quand la porte à battant de la cuisine s'ouvre.
- Bee, viens voir s'il te plaît.
Mon patron, M. Detroin, se tient à l'entrée de la cuisine et me regarde avec une expression que je ne lui connaissais pas. Qu'est ce que j'ai pu faire pour avoir le droit à un entretien privé ?
Je saute du bar.
- Bonne chance. Me glisse Niall.
Je lui donne une petite tape sur l'épaule et m'en vais en direction de Detroin. Son immense carrure, en majorité composée de graisse, bouche complètement l'encadrement de la porte. Il me laisse passer et me fait signe de prendre une chaise. Je préfère m'asseoir sur un des plans de travail.
- J'ai fais quelque chose de mal ? Je m'empresse de demander.
Il se dandine et récupère un siège sur lequel son gros postérieur vient s'affaler.
- Non, rien de tel.
Je ne peux m'empêcher de soupirer de soulagement.
- Je vous ai choisie pour préparer une soirée.
Je pense que j'aurais préférée me faire passer un savon, voir me faire virer. Le restaurant organise deux fois par semaines des soirées à thème. Cependant, les thèmes sont choisis par la chaîne, et non les employés. Je me racle la gorge.
- Quelle genre de soirée ?
- Et bien, le président de direction générale a demandé tous les Singing Fries d'organiser, de façon autonome, une soirée afin de récupérer des fonds pour les enfants défavorisés.
- Et, vous me confiez cette tâche, à moi seule ?
Il se redresse et caresse sa barbe poivre et sel.
- Vous pourrez vous faire aider, mais vous serez la responsable du projet.
La merde. Je ne veux pas être responsable de quoi que ce soit, en plus je n'ai pas d'imagination.
- Pourquoi ? Je demande.
- Quoi donc ?
- Et bien, pourquoi moi ?
Il sourit et ses petites lunettes rectangulaires se soulève. Ce mec ressemble réellement à un cochon, c'est charmant.
- Je ne pense pas que vous réalisiez quel potentiel vous détenez.
- Je ne crois que ce que je vois.
Il soupire et se lève.
- Dans tous les cas, j'en ai déjà parlé à la direction générale.
Je soupire à mon tour, il veut vraiment faire couler ce magnifique commerce. Je pense qu'il n'aurait pas pu choisir pire pour une telle tâche.
Sérieusement, organiser une soirée. C'est à peine si je sais organiser une fête d'anniversaire pour cinq personnes.
Quand je relève la tête, Detroin est parti. Super.
Je sors donc de la cuisine et rejoint Niall. Nos verres ont été servis, il n'a pas touché au sien. Quand je m'installe, il est en pleine discussion de football avec Louis. Je préfère donc siroter ma boisson et attendre qu'ils aient finis, ce n'est sûrement pas très malin d'interrompre des hommes plongés dans ce genre de débats. Je jette un coup d'œil à la salle et pense à la façon dont je vais la décorer. Je ne sais même pas quoi faire... C'est peine perdue.
- Alors, qu'est ce qu'il te voulait, le boss ?
Je sors soudain de mes pensées, Louis me regarde, penché sur le bar. Je leur raconte alors notre intéressant échange et Niall éclate de rire. Louis, lui, semble assez motivé.
- Je te laisse ma place, si tu veux. Lui dis-je.
Il pouffe et se remplit un verre à liqueur de Get, qu'il avale cul sec. Niall finit sa boisson à son tour et vient vite le mien.
- Je vous rejoins. Dit Niall avant de se diriger vers les escalier et disparaître derrière la rampe.
- Il faut nettoyer la salle. Je soupire.
Louis roule des yeux et prétend s'occuper d'autre chose. Je secoue la tête, quel abruti.
- S'il te plaît. Je dis.
- Je nettoie la cafetière.
- Pour la troisième fois en deux heures, aller, tu me dois bien ça, non ?
Il se retourne vers moi et quelque mèches de cheveux lui tombent sur le visage. Il les remet en place d'un coup de main et passe le petit portique du bar.
- Ou sont les balais ? Demande-t-il.
- Je vais les chercher.
Je lui passe devant afin de rejoindre les toilettes. Il y a un local technique, deuxième porte à droite. C'est le bazar le plus total mais je peux quand même en sortir deux balais ainsi qu'une pelle. Quand je retourne dans la salle, je trouve Louis en train d'astiquer le comptoir. Je pose un balais à côté de lui et attrape un chiffon afin de l'aider.
- Merci, Lou.
Il se tourne vers moi avec un de ses sourires moqueurs.
- Je te devais bien ça.
Il ricane et je lui sers une grimace. Il attrape le balais et me donne un coup sur les fesses avec. Je lève les yeux au ciel.
- Tu t'occupes du haut ? me demande-t-il.
- Oui.
Je monte les marches quatre à quatre et rentre en plein dans Niall. Il s'excuse et continue sa descente.
- Un coup de main ? Je l'entends demander.
- Non, merci.
J'arrive à l'étage, il est plus grand que le rée-de-chaussée. Évidement, sinon Louis serait monté. Après avoir jeté un coup d'œil à ma montre, je me mets au travail. Mon service commence dans dix minutes, et j'ai le sol, les toilettes et les carreaux à laver. Génial. Nous sommes dix à l'origine mais ils ont toujours des excuses bidons pour ne pas travailler. Bande d'abrutis.
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Réparer nos âmes (H.S)
FanfictionRésumé en partie 1. Voici une énième fan-fiction sur les One Direction ( centrée sur Harry Styles) postée sur WattPad ! J'avais commencé à écrire ce texte il y a de ça quelques années, pendant une des plus mauvaises périodes que je n'avais jamais pa...