2.

10 2 1
                                    

Tard, lors d'une soirée, quelques adolescents s'étaient réunis autour d'une bouteille. Ils la faisaient tourner et donnaient des gages à la personne désignée. Arriva vite le tour de Bee, elle attrapa la bouteille et la fit glisser entre ses doigts afin de la faire tourner. Elle s'arrêta sur sa meilleure amie, qui pesta. C'est un des garçons qui choisit le gage: la personne pouvant lancer une bouteille vide le plus loin gagnait le droit de dormir sur le lit. Les deux jeunes filles s'y risquèrent donc . Torie commença, la bouteille partie assez loin, mais Bee restait confiante. C'est alors que deux mains se posèrent sur ses hanches, la faisant sursauter et lâcher la bouteille qui vint se briser au sol avec fracas. Un rire mélodieux s'éleva dans l'air frais de la soirée.
- Tu es si fragile, Bee.
Elle se retourna et toisa le garçon en rigolant.
- Et toi, un véritable abruti, Randy.
Il ricana à son tour et tout deux se baissèrent afin de ramasser les débris de verre. C'est alors que Bee, ne faisant pas attention, se coupa avec un des morceaux. Le sang coulait le long de son pouce et son ami lui attrapa la main d'un geste tendre, avant de l'amener à l'intérieur afin de soigner sa blessure.

Ma soirée ne pouvait pas tourner plus mal que ça.
Premièrement, je n'aime pas les célébrités, et voilà que je me retrouve au service des nouvelles idoles des ados. Ensuite, je n'aime pas les groupies, et je suis prête à parier qu'il y en a un groupe planté dehors, avec des affiches et un tas d'objets épileptiques pour attirer l'attention. Il y a même sûrement Cheveux bleus qui saute dans tous les sens. Et enfin, Torie. S'il y a bien une personne qui déteste -ou qui, tout du moins détestait- les célébrité autant que moi, c'est bien elle ! Comment a-t-elle pu tomber dans cette... secte ?Je sais, c'est à en croire que je n'aime rien, mais c'est juste que je préfère les personnes normales, comme vous et moi.
J'ai dû fixer le bouclé un peu trop longtemps, puisqu'il se racle la gorge bruyamment. J'entends la respiration saccadée de Torie qui m'emplit les tympans, quelle situation embarrassante. Le brun arrive à son tour et je sens une main se serrer autour de mon bras.
- Bee ?
Je me retourne, Torie est complètement livide. Ses yeux rencontrent les miens, elle a l'air dans un état d'euphorie avancé, comme si elle avait prit un join. Sa main sur mon bras est glacée. Je la pousse sur une chaise et lui sert un verre d'eau, qu'elle refuse. Elle n'arrive pas à détacher son regard des Two ways. Eux, n'ont pas bougé et sourient, sûrement comme leur manager leur ont apprit à faire. Bande d'abrutis, comment font-ils pour rester aussi stoïques alors qu'ils sont en train de tuer une pauvre fille ? Je leur passe devant sans même les regarder et me rend au comptoir.
- Louis, tue moi.
Mon ami se retourne et se passe une main dans les cheveux.
- Qu'est ce qu'il se passe ?
- Célébrités.
Il pince les lèvres.
- Tu t'occupes des Two Ways ? Demande-t-il en regardant par dessus mon épaule.
Je hoche la tête et soupire.
- Tu devrais être contente, ils sont les nouvelles idoles des quinze/dix-huit ans.
Je roule des yeux. Louis rigole en continuant de regarder derrière moi. Je me retourne, Torie prend des selfies avec le bouclé et son ami. Désespérant. Je me dirige vers eux. Le brun me voit et se détache de Torie pour venir me faire face.
- Auriez-vous le programme des spectacles pour les prochaines semaines ? Me demande-t-il.
Pourquoi est-ce qu'il me demande ça ? Maintenant ?
- Non, nous ne pouvons jamais vraiment prévoir, je suis désolée.
J'ai répondu sur le ton que j'ai voulu le moins rustre. Il hausse les épaules et rejoint le bouclé, qui me regarde d'une drôle de façon. Je l'ignore et rejoins Torie, qui paraît heureuse comme jamais.
- Je ne peux pas te laisser les approcher plus, tu sais ? Je déclare.
- Tu es devenue leur garde du corps ?
Son ton est devenu glacial.
- Pendant qu'ils sont ici, oui, j'ai signé.
J'espère que mon ton a été aussi tranchant que le sien. Elle me lance un regard noir et retourne sur son siège de bar. C'est comme ça maintenant. Nous sommes contentes de nous voir, mais de loin. Notre relation n'est plus ce qu'elle était, mais c'est comme ça. Je soupire et me tourne vers la salle. Les Two ways ont regagné leur table et lisent les cartes, comme si il ne s'était rien passé, mes clients mangent et il n'y a aucune réservation avant deux heures. Je sens que je vais m'ennuyer, encore. Je rejoins les cuisines où il n'y a rien de plus à faire. Je prends donc un siège de bar et contemple mes collègues faire leur boulot, pour une fois. Je jette des petits coups d'oeil vers la table des Two Ways, guettant le moment où ils poseront leurs cartes, et où je pourrais aller prendre leur commande. C'est triste à dire, mais je m'ennuie. Je suis persuadée d'être la seule personne au monde qui se plaint parce qu'elle s'ennuie à son boulot. Alors que je regarde pour la énième fois la table de mes clients, je vois qu'ils ont lâché leurs menus, excellent. Je rajuste donc mon tablier et saute de mon fauteuil afin de les rejoindre.
- Vous avez choisi ? Je demande.
Le brun hoche la tête.
- Pizza quatre fromage pour moi. Déclare-t-il.
Il lève alors la tête vers le bouclé, qui ne m'a même pas adresser un regard depuis que je suis ici.
- La même chose. Lance-t-il.
- Bien, je rétorque. Quelque chose à boire ?
Il lève la tête vers moi et me sert un sourire carnassier.
- Auriez-vous du vin, le même que celui que nous avons bu au comptoir ?
Je hoche la tête et tourne les talons, il est vraiment déstabilisant.
Je cours de la cuisine, ou je crie les commandes, au comptoir pour y prendre les références du vin.
- Louis ? Je demande.
- Hm ?
- Tu pourrais aller me chercher une bouteille de...
J'essaye de déchifrer ce qu'il y a écrit sur la bouteille.
- Domaine des... Vignerons Cas... Caz...
- Caszispilla ? Me suggère-t-il.
- Oui, c'est ça, je suppose.
Il ricane et sort par le portique du comptoir. J'en profite pour éplucher la liste des tâches accrochée à la machine à café. Detroin n'a ménagé personne cette fois ci, nettoyage des toilettes, tables et salles complètes exigées avant la fermeture du restaurant ce soir. Super. Devinez qui va faire des heures supplémentaires non rémunérées ?
- J'ai ton vin.
Je sursaute et me retourne, Louis me regarde d'un air moqueur.
- Quoi ? je lui demande en lui passant devant, récupérant le seau au passage.
- Tu es si fragile, Bee.
Je le toise un instant, déstabilisée par ses paroles. C'est alors que je réalise qu'il rigolait, je fais donc de même et amène le vin à la table. Suivant le protocole, je retourne le verre, incline la bouteille dans le bon angle,la relève et essuie légèrement le goulot sur ma paume pour qu'aucune goutte ne tombe. Vous vous imaginez faire ça chez vous, avec du coca ? Quelle situation ridicule.
- Danger du métier ? Demande le bouclé.
Je mets un moment avant de comprendre qu'il s'adresse à moi. De quoi il parle ? Il a lu dans mes pensées ? En tout cas, il a remarqué mon air sceptique, puisqu'il ricane et me désigne ma main.
- Je parlais de la cicatrice. Explique-t-il.
Je bouche la bouteille et regarde ma main, en effet, j'ai une fine cicatrice blanche qui longe mon pouce.
- Rien à voir, je rétorque.
Il ouvre la bouche mais je le coupe, avant qu'il ne puisse me poser encore une question comme celle-ci:
- Autre chose ?
Il me toise un instant avant de secouer la tête et de regarder son ami, qui pose ensuite ses yeux sur moi avec une expression étrange. Mais il finit tout de même par ajouter:
- Non plus, merci.
Je souris et laisse la bouteille sur la table, avant de partir pour le bar, que je considère désormais comme une véritable base dans laquelle je suis pleinement en sécurité. Louis me jette un coup d'oeil par dessus son épaule et me fait un mince sourire qui me rend un peu ma bonne humeur.
Torie est partie, me laissant seule, vous parlez d'une amie. Je soupire et remets mon tablier en place, rien à faire, comme d'habitude. Les clients n'affluent pas ce soir, c'est principalement dû aux deux célébrités assises à la table numéro quatre, les vigiles doivent filtrer les entrées pour ne pas risquer de débordement. Les groupies ne se contrôlent jamais et nous devons absolument éviter qu'elles ne s'approchent trop des stars, au risque de créer des émeutes qui attireraient les paparazzis, qui eux même feraient arriver plus de fans pour renforcer l'attroupement... Et ainsi de suite. Autant vous dire que ce n'est pas terrible pour l'image du restaurant. Une main se pose sur mon épaule, ce qui me fait sursauter. Niall se tient devant moi, un chiffon jeté en travers de son épaule.
- Bee, la table vingt-cinq est libre, je peux y mettre un couple pour vingt-trois heures ?
Je lui fais signe d'attendre et fait le tour du comptoir pour atteindre les battants. J'attrape le carnet des réservation et la feuillette. Je n'ai personne.
- C'est une table simple ? Je demande.
- Non, double.
- Il n'y aurait pas moyen de libérer une simple ? Je préférerais garder celle-ci en cas d'imprévu.
Il pince les lèvres et parcourt la salle du regard.
- Il faut voir, je le noterais.
Il pointe le carnet du doigt. Je lui fais un clin d'oeil et remet le suivi à sa place. Niall récupère le torchon sur son épaule et nettoie le comptoir. Je le regarde faire, analysant ses gestes. Il n'a absolument pas les mains d'un employé en restauration. Ces doigts sont faits pour se promener sur une guitare, pas pour faire la vaisselle. Et sa voix n'est pas faite pour être entendue par deux personnes, sur une scène miteuse, loin de là. Il pourrait faire les stades les plus importants du pays et faire pleurer les plus grandes personnes de cette terre avec son talent, mais il en a choisit autrement. Je pense que sa peur le retient ici. Il n'a pas spécialement le trac devant une foule ou quelque chose d'une genre mais je pense qu'il a peur de se confier. Car ses chansons en disent beaucoup et qu'elles sont majoritairement très intimes, il nous fait un véritable privilège en nous laissant les écouter.
- Bee ?
Je sursaute et fait tomber le carnet. Je me baisse et le ramasse, puis remets une mèche de cheveux s'étant échapper de mon chignon.
- Quoi ? Je demande, sans me retourner.
Remettant le cahier en place, j'entends le battant du bar claquer.
- On a besoin de toi à l'entrée.
Je découvre enfin la personne qui me parle, un des vigiles, j'ai oublié son nom.
- Je suis serveuse, pas hôtesse d'accueil.
- C'est Louis qui m'envoie.
- Pourquoi ?
Il se frotte la nuque.
- Je ne sais pas, ça concerne une cliente.
Je soupire et enlève mon tablier. Puis je détache mes cheveux que je sens tomber en cascade dans mon dos. Je fais enfin pleinement face mon interlocuteur:
- C'est vraiment important ?
- Je...
Il ne semble pas très à l'aise. Je crois qu'il n'est là que depuis très peu de temps.
- J'y vais.
Il m'offre un mince sourire et m'emboîte le pas. J'en profite pour jeter un coup d'oeil à la table des Two Ways, ils mangent encore et ne semblent avoir besoin de rien, fabuleux.
J'arrive vite à la porte, où Louis m'attend bras croisés et lèvres pincées. Mauvais signe. Je m'approche de lui et l'entend inspirer profondément.
- Récapitulatif de la situation. Me Lance-t-il. Il y a une espèce d'hystérique dehors. Elle prétend être la fille du PDG et que si on ne la laisse pas entrer, elle fait virer le, ou la, responsable.
- Pourquoi ne peut-elle pas rentrer ?
Il se redresse un peu et se passe une main dans les cheveux, les ébouriffant.
- Peut-être parce qu'elle porte un t-shirt avec les têtes des Two Ways imprimées en gros plan. Une pancarte avec les Two Ways, un collier avec les Two Ways, des bracelets avec les Two ways et une bague... Avec les Two Ways. Je suis sûr que sa culotte est aussi à leur effigie.
Je soupire. En temps normal, je ne l'aurais pas laissée entrer. Mais le problème, c'est que la responsable, c'est moi. Et que j'ai besoin de ce boulot. Je grimace et me tourne vers le vigile:
- Il y a beaucoup de monde dehors ?
Il secoue la tête:
- La majorité est partie.
J'ouvre donc la porte et me retrouve sous l'énorme porche du restaurant, ou quelques personnes se lèvent à mon arrivée. Et non mesdemoiselles, je ne suis pas une de vos idoles. Je n'ai aucun mal à trouver la fille dont me parlait Louis. C'est la seule à tenir une pancarte, et malheureusement, elle a les cheveux bleus. Je soupire et me dirige vers elle, un sourire se dessine sur son visage.
- C'est vous, la responsable ?
J'aurais tellement aimé le contraire.
- Oui, c'est moi.
- Vous allez me faire rentrer ?
Peut-être que si tu me parlais mieux, oui.
- Je vais devoir vous demander de me prouver votre identité.
Elle fait une grimace.
- Vous voulez une preuve que je suis bien la fille de John Queenley ?
Elle m'offre une énorme -et horrible- sourire narquois qui me donne la nausée. Seuls les employés des Singing Fries connaissent le nom du Président Général. Elle sait qu'elle a gagné, cette peste. Son comportement me donne réellement envie de vomir. Elle serait prête à sacrifier l'emploi de quelqu'un pour son propre bonheur, que bien lui fasse. Mais je ne peux pas accepter cette conduite, et puis j'ai signé, je ne peux pas laisser passer. Je recule donc de quelques pas, tout en continuant de la toiser:
- Je dois d'abord aller parler à quelqu'un.
Elle hoche la tête et retourne s'asseoir sur son muret. J'aimerais tellement la laisser plantée là, mais je n'ai pas le choix. Je rentre donc dans le restaurant et me dirige directement à leur table, sous le regard de mes camarades. Le bouclé sirote un verre de vin alors que son acolyte lui raconte une histoire, qui n'a pas l'air de l'intéresser des masses. J'arrive à leur table en quelques foulées et m'appuie sur le dossier d'une chaise libre, essoufflée d'avoir couru, comme une andouille. Le brun se coupe dans son discours et me regarde d'un drôle d'air. Je dois avoir l'air complément dérangé. Mes cheveux sont en bataille sur ma tête, je dois être rouge comme une tomate et cerise sur le gâteau, je respire comme un boeuf. Le bouclé ne semble pas avoir fait attention à moi, c'est quoi son problème, à celui là ? Le brun affiche un sourire et me questionne du regard. Je reprends soudain mes esprits et me redresse.
- Excusez-moi de vous déranger, mais je suis dans une situation légèrement compliquée.
Je ne sais vraiment pas comment tourner ce que je m'apprête à dire. Mais il vaut mieux que je joue la carte de la franchise, au risque de me retrouver dans une situation encore plus difficile.
- Donc ? Me demande le bouclé, le regard toujours braqué sur son verre.
- Je...
Je me racle la gorge et m'approche encore un peu de la table, pour qu'ils soient les seuls à entendre.
- Il y a une fille dehors, une de vos group- Fans. Je les sens se raidir sur leur chaise, le brun affiche une mince grimace.
- Je sais que vous êtes sous contrat de confidentialité, mais cette jeune fille est la fille de notre Président de Direction Générale et menace de faire virer le signataire du contrat si nous l'empêchons de rentrer.
Je reprends ma respiration et analyse leurs réaction, le bouclé n'a pas changé de position, ses sourcils se sont justes froncés.
- Notre manager à été très clair, poursuit son ami, nous devons être discrets ce soir et ne pas réveiller les foules.
De toutes manières, la foule est déjà là. Ce n'est pas parce que leur abruti de manager leur a dit que ça va empêcher les groupies de se ruer devant notre resto. Cependant, je ne peux pas le contredire et ne pas respecter ce qu'il dit, car le contrat est bien clair: un service total sera dû aux célébrités. Ce qui signifie que je vais être virée. Mais si Cheveux Bleus n'a pas ce qu'elle désire, je serais finie aussi. Bien. Cette soirée ne pouvait certainement pas être pire. Devoir nettoyer tout l'étage à moi même, apprendre que je dois faire des heures supplémentaires, devoir m'occuper d'un duo de célébrités non compatissantes, apprendre que je vais devoir organiser une putain de soirée toute seule et enfin, la meilleure, que quoi que je fasse, je me ferais viree ce soir. Merveilleux. J'aime ma vie. Je baisse la tête et la hoche lentement, embarassée.
- Qui est le responsable, du contrat ?
Je lève les yeux et me rends compte que le bouclé me regarde, étrangement. Ce qui est, à priori, quelque chose de habituel chez lui.
- Oh... Il... Il s'appelle Louis, il travaille au bar. Bafouillé-je.
Je me mords machinalement la lèvre, ils ne faut pas qu'ils sachent que c'est moi. Je n'aime pas gêner les gens.
- Et bien, je suis désolé. Lance le brun. Mais nous n'y pouvons rien.
Je fais la grimace.
- Comprenez, reprend-t-il. Nous risquons notre carrière à chaque fois que nous ne respectons pas ce que nous ordonne nos supérieurs.
Il pense sérieusement être le seul dans ce cas là ? Je risque aussi mon boulot, pour sauver leurs fesses. Et pourtant je ne le fais pas. Ils font sûrement parti de ces stars qui pensent que leur métier vaut mieux que tout les autres.
- Je vais lui dire de partir. Je reprends.
- Vous avez l'air bien embêtée, pour le boulot de votre ami. Me lance le bouclé.
- C'est vrai, je réponds du tac au tac, je sais qu'il tient énormément à ce travail et qu'il en a besoin, c'est pour ça.
Il pince les lèvres et se contente de hausser les épaules. Merci pour ce fabuleux signe de compassion. J'actionne mes jambes afin de m'éloigner de la table.
- Encore désolée, pour le dérangement.
Je me dirige de nouveau vers l'entrée, où est encore planté le vigile de tout à l'heure. Je pense que je ne réalise pas encore ce qu'il va m'arriver, puisque cela ne semble absolument rien me faire. Mais la douleur se réveille toujours plus tard, comme si elle se jouait de nous. Je n'ai vraiment aucune chance. Au moins, je n'aurais pas à organiser cette stupide soirée, c'est certainement le seul point que j'aurais à y gagner. J'ouvre la porte en faisant un signe au vigile comme quoi tout va bien. L'air s'est bien rafraîchit depuis cet après-midi, assez pour en avoir la chair de poule. Je n'y avais pas fait attention quand je suis sortie, toute à l'heure. Cheveux Bleus arrive sur moi comme un ouragan et je peux voir la déception se peindre sur son visage quand elle remarque que je suis seule.
- Je n'ai pas eu d'autorisation, j'explique.
Elle me regarde avec des yeux emplis de colère.
- Je suis la fille de John Queenley, je peux entrer !
- Tout ne vous est pas permis, j'en suis désolée.
Elle ouvre la bouche comme si elle voulait me dire quelque chose, mais rien ne sort. Ses yeux montrent encore plus de colère que tout a l'heure.
- J'appelle mon père. Il va me faire entrer et il va vous virer.
- Me virer, oui, sûrement. Mais je ne pense pas qu'il puisse vous faire entrer.
- C'est le directeur général !
Je soupire, elle commence vraiment à m'énerver celle là. Qu'elle appelle son père au lieu de faire sa crise. Plus vite ce sera fini, mieux je serais.
Elle croise les bras et s'appuie sur sa jambe droite, boudinée dans un legging à motif ignoble, on dirait un peu un canapé.
- Laissez moi entrer.
- Non.
Elle attrape son téléphone et semble composer un numéro, puis elle tend son téléphone devant elle. Montrant qu'elle appelle son père, et qu'elle a mit sur haut-parleur.
- Allo ?
- Papa, c'est moi.
Je me mord la lèvre. J'ai envie de l'égorger, de la jeter contre un mur, de l'attacher et la laisser sur la route. Mais j'ai l'air devoir reçu une bien meilleure éducation qu'elle. A priori, le réseau est faible par ici, puisque la voix de son père grésille. Elle enlève le haut parleur et trafique un instant sur son écran. Ses sourcils se froncent et ses doigts paniotent à une vitesse vertigineuse. J'aurais sans aucun doute l'air stupide avec mon petit téléphone que je traîne depuis mes seize ans.
- Salut.
Je me retourne au moment où le téléphone de Cheveux Bleus vient se fracasser sur le sol. Deuxième victime au compteur de nos chers Two ways, ou devrais-je dire du bouclé, puisqu'il est seul cette fois-ci. Il s'approche de moi avec un grand sourire qui me paraît totalement faux, mais qui, en même temps, est certainement destiné à sa groupie. Il me passe à côté sans me calculer, ni m'effleurer, et vient faire un câlin à Cheveux bleus, qui ne réagit absolument pas. Ses yeux sont braqués droit devant elle et elle ne bouge plus. Le bouclé recule et se passe une main dans les cheveux. Je pense que je suis en train d'assister à la scène la plus étrange du monde. Une fille qui semble sur le point de succomber à l'hystérie, le sujet de cette hystérie semble être l'homme le plus calme du monde et le pire, c'est les morceaux d'un téléphone à quatre-cents balles gisant à mes pieds. Cheveux Bleus semble avoir enfin connectés ses systèmes nerveux et pose donc ses yeux sur son idole, un grand sourire étalé sur son visage. Elle lui fait signer une multitude d'autographes, lui donne sa pancarte et lui offre même un baiser sur la joue, qu'il accepte sans broncher. Normal, il doit en recevoir tout les jours. Je suis persuadée qu'avoir les lèvres d'une fille sur lui doit être quelque chose de tout à fait normal à ses yeux. Soudain, quelques cris retentissent au loin. Je jette un coup d'oeil au bouclé, qui semble l'avoir entendu lui aussi. Il pose les yeux sur sa groupie, qui hausse simplement les épaules d'un air innocent, évidemment. Je m'approche d'eux et Cheveux bleus me lance un regard plein de mépris, reflétant un instinct tout à fait possessif, mais elle peut se la garder, sa célébrité multi millionaire poursuivit par des millions de filles en chaleur. Je veut simplement garder mon emploi, et je pense que laisser une émeute de groupies surexcitées se créer devant les portes du restaurant ne m'aide pas des masses. Je me mets donc entre eux, ignorant les remarques de Cheveux Bleus, à qui je fais signe de partir. Elle accepte, ce qui m'étonne. Cependant, avant qu'elle parte, le bouclé, dont je ne connais toujours pas le nom, l'attrape par le bras. Il lui dit quelque chose à l'oreille et elle hoche la tête en rougissant. Elle part en faisant un signe de la main. Sans dire mot, je me dirige à mon tour vers la porte du restaurant, avant que je n'ai pu l'ouvrir, le bouclé est à l'intérieur et me la tient. Je le remercie d'un signe de tête et pars directement vers le bar, cependant, je m'arrête et me tourne vers lui:
- Pourquoi avez-vous fait ça ? Je lui demande.
- Pourquoi avez-vous menti ?
Je crois que c'est la première fois qu'il fait une phrase aussi longue en s'adressant à moi. Puis il me regarde, alors que j'avais remarqué qu'il baissait continuellement les yeux quand il me parlait. Je m'approche pour ne pas être trop exposée aux clients du restaurant.
- Je n'ai pas menti.
Il ricane.
- Je crois bien que si.
- Et bien ce n'est pas le cas.
Il hausse les épaules, puis secoue la tête.
- Comme vous voudrez, mais sachez que je ne l'aurez pas fait pour votre ami, Louis.
Il me fait un clin d'oeil et s'en va en m'effleurant l'épaule. Pourquoi est-ce qu'il aurait fait ça pour moi ? C'est totalement ridicule.

Je retourne à leur table bien dix minutes après les événements passés. Le brun fuit mon regard et semble énervé, bien à lui, il n'aurait rien tenté de toutes façon. Mais je dois avouer que le bouclé me déstabilise. Je ne sais pas comment se comporter en sa présence, il est à la fois tellement froid et chaleureux à la fois, c'en est assez impressionnant. Ma dernière visite à leur table se résume à l'apport de l'addition. Je la pose sans un mot et en évitant soigneusement de regarder le bouclé, ce qu'il a fait me gêne énormément. Je retourne au comptoir et m'assois sur un tabouret en soufflant.
- Longue soirée ? Me demande Louis.
- Ne m'en parle pas.
- Tu vas être virée ?
- Non. Elle... Elle mentait.
Il me fait un bisou sur la joue et retourne s'occuper d'un couple qui vient d'arriver. Je jette un coup d'oeil à la table des Two Ways et me rends compte qu'ils sont partis. Une table simple s'est donc libérée, il faut que j'en informe Niall. Je feuillette un peu le carnet de réservation et me rends compte qu'il en a déjà trouvée une. Bien, il ne me reste plus qu'à nettoyer celle-ci.
Je m'arme donc d'un chiffon, du produit que je glisse dans mon tablier et d'une volonté de fer pour aller astiquer la table. Ils l'ont laissée pratiquement nickel. Je la débarrasse et met tout son contenue sur la table voisine, pour pouvoir la nettoyer. Je me rends alors compte que la salle est vide, il doit être plus tard que ce que je pensais. Après avoir nettoyé, je m'empare d'un sac poubelle et entreprend de mettre les déchets dedans. Au moment de récupérer les serviettes, je m'aperçois qu'une d'entre elles est encore parfaitement pliée. Je l'attrape en fronçant les sourcils, puis la fourre dans le sac prévu à cet effet, vive le tri sélectif. Au moment de mettre l'autre, je vois qu'il y a quelque chose d'écrit sur celle pliée. Je l'attrape donc. Un numéro de téléphone est écrit au stylo, accompagné d'un mot.

Il n'est pas trop tard pour me remercier.
H. x

Je soupire et la roule en boule. Le bouclé, que je semble devoir appeler H, flirte avec moi.
H est vraiment un abruti.

Voici le deuxième chapitre, j'espère qu'il vous plait. J'essaierais de poster plus souvent, car cette partie s'est faite attendre ! Je vous fait de gros bisous ! x Estelle.

Vous avez atteint le dernier des chapitres publiés.

⏰ Dernière mise à jour : Oct 13, 2015 ⏰

Ajoutez cette histoire à votre Bibliothèque pour être informé des nouveaux chapitres !

Réparer nos âmes (H.S)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant