Prologue.

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Ils étaient trois. Trois amis. Trois frères et sœurs. Trois âmes jumelles. Personne n'aurait pu les séparer, les disputes ne duraient que très peu de temps.
Mais l'équilibre des choses est fragile. Un seul instant suffit pour tout faire basculer. Quand un lien est rompu, on ne peut rien y faire, il ne sera jamais entièrement rafistolé.
Ils étaient encore trois. Mais leurs âmes n'étaient plus les mêmes.
Deux jeunes filles étaient assise dans l'herbe rosée du matin, braquant un regard vide sur la grosse pierre en marbre qui les dominait. Le troisième membre de leur groupe, leur frère, reposait désormais ici, son âme errant quelque part autour des deux jeunes femmes. Elles savaient. Elles savaient que les choses ne seraient plus les mêmes. Alors elles se sont liées, ont fait des promesses intenables. Ce pacte, elle l'appelèrent le serment des trois oublis. Ne jamais oublier leur ami, ne jamais oublier les moments et ne jamais oublier la douleur. Les choses stupides que se promettent les adolescents perdus.
Seule une personne tint véritablement cette promesse et dut vivre avec.

Il y a des dictons qui ne fonctionnent pas. Je ne sais pas si c'est moi qui suis différente ou tout simplement anormale. Mais rien ne marche. Par exemple "Le temps adouci tout". Ça fait déjà trois ans que j'attends un changement, en vain.
Il fait froid ce soir, mais je dois y aller. C'est son anniversaire. Il aurait eu dix-neuf ans, comme moi. Nous avions le même âge dans notre trio. Je passe la grosse grille en fer rouillé. Mes chaussures font un sacré bruit dans le gravier du cimetière. Sa tombe est toute en bas, c'est nous qui avions choisit cet emplacement. Car du bas, nous pouvons voir le terrain de jeu pour les enfants, et c'est à cet endroit que tout a commencé. Rien n'a changé, le marbre est toujours aussi beau. La seule différence est, que maintenant, et ce depuis un an, une seule et unique fleur trône sur la tombe. Je la change tous les jours. C'est une rose. La couleur varie tout le temps. Mais je veille à ne jamais mettre de rouge, il détestait cette couleur. Je m'assoie sur le marbre gelé puis enlève la fleur fanée pour la remplacer par une rose de couleur jaune. Puis je trace un cœur dans la couche de poussière, le vent ne tarde pas à l'emmener avec lui dans l'horizon. Je soupire et m'allonge sur le marbre, qui me glace le crâne. Mes yeux viennent se poser sur la plaque en métal au dessus de ma tête.  La police d'écriture est tellement belle. Je ne t'oublierai jamais, toi, les souvenirs que nous avons et la douleur que ta perte a déclenché en moi, Randy.

Réparer nos âmes (H.S)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant