Un bruit long et fort me sort de mon sommeil subitement, la lumière du jour attaque mes rétines, et je découvre que Francesco me ronfle dans l'oreille, coordonné avec Snow qui doit être en plein rêve. Sans réfléchir, je bouche ses narines en les serrant entre mes doigts, il cesse de respirer pendant quelques secondes jusqu'à ce qu'il se réveille en sursaut en me regardant avec des yeux écarquillés.
— Tu ronflais, lui dis-je tout simplement.
— Tu as donc voulu m'achever? C'est cruel quand même! Et tu ne dis rien à Snow?
— Je ne veux pas qu'il me morde! Il y avait moins de risques avec toi, je rigole.
Nos voix réveillent Mélanie, qui semble totalement perdue. Elle regarde à gauche, puis à droite, et en nous regardant, elle resitue enfin l'endroit.
— Je peux p... chuchote notre amie, en s'arrêtant en plein milieu de sa phrase.
— Qu'est-ce qui t'arrive? demande Francesco, les sourcils froncés.
Mélanie se racle la gorge tant bien que mal, et nous souffle qu'elle a la gorge qui brûle, qu'un marteau lui tape sur la tête et qu'elle a l'impression d'être dans un four.
— Tu vas souvent dans un four toi? je m'exclame, tentant de la faire rire. Tentative nulle, je m'inquiète aussitôt. Je crois que tu n'as pas supporté notre baignade d'hier!
Avec Francesco, nous nous activons. Habillage, petit déj', et recherche d'une auberge pour que Mélanie puisse prendre une bonne douche chaude. Snow joue avec le gant de toilette mouillé posé sur le front de la malade. Elle reste allongée dans le coffre le temps du trajet qui mène à l'auberge, et les hôtes nous accueillent chaleureusement. Francesco s'occupe du chien, discute et se lave pendant que j'accompagne Mél à la douche pour m'assurer qu'elle ne se blesse pas. Je ne l'ai jamais vue aussi faible et pâle, elle ne parle pas, son regard est vitreux, et son corps tremble de partout. Après quinze minutes sous l'eau, je passe la garde à Francesco le temps de me mouiller aussi, et je profite de l'eau chaude les yeux fermés.
En redescendant, je rejoins mes amis sur le canapé, et prends la tasse de café en forme de citrouille que mon hôte me tend.
— On est ravis que vous soyez là! Ce week-end est assez calme! Je me présente, Sandrine et mon mari Jérome. La pauvre petite, elle est dans un piteux état! Comment ça se fait?
— On est allés se baigner dans le lac de Serre-Ponçon, et Mélanie n'a pas dû supporter l'eau froide, j'explique, après nous avoir présentés.
Sandrine s'en va installer Mél dans une chambre, avec de grosses couvertures et quelques médicaments. Quand elle revient, Francesco et moi nous lançons dans le récit de notre début de voyage, à la demande du couple.
— C'est merveilleux votre voyage, votre rencontre! C'est si beau la jeunesse! s'extasie Sandrine, les yeux brillants.
— Et la petite, elle est enceinte alors? Depuis combien de temps? demande Jérome, avec une légère inquiétude au fond des yeux.
— Elle est dans son deuxième trimestre, cinq ou six mois, et maintenant que j'y pense, il va falloir qu'elle programme son échographie, mais avec notre voyage et le départ de chez ses parents, je...
Je perds mes mots, je m'inquiète pour cette fille qui devient au fil des jours une petite sœur à mes yeux. Sans que je me prépare à ça, Sandrine et Jérome nous annoncent que leur fille est médecin à Gap, et qu'ils pourraient lui demander un horaire d'échographie pour Mélanie. De petites larmes coulent de mes yeux à présent, et Sandrine me prend dans ses bras en caressant mes cheveux. Elle me regarde de ses beaux yeux bleus, de petites rides au coin de ses paupières, son sourire rassurant. A cet instant, elle me rappelle ma grand-mère, ainsi que la maman de Francesco.
— Tu sais ma chérie, j'étais dans la même situation que Mélanie. J'ai eu ma fille à peu près à son âge, et mes parents ne l'ont pas accepté. Avec Jérome, nous sommes partis, et un couple nous a aidé lorsqu'on cherchait une maison pour créer notre famille. Répéter l'histoire, parfois, n'est pas toujours une mauvaise chose.
Après s'être remis de nos émotions, Jérome me propose d'aller en cuisine avec lui pour préparer le repas du midi. Sandrine reste au chevet de Mélanie, et Francesco s'en va acheter du matériel de peinture pour créer un tableau surprise à nos hôtes. Jérome m'apprend à faire une ratatouille, et je l'embête en lui disant d'enlever les poivrons et les oignons. Heureusement, Francesco n'est pas compliqué du tout! Je m'occupe des légumes et le cuisinier commence à couper des steaks pour chacun. Je découpe les courgettes, les aubergines, les tomates et quelques pommes de terre. Je glisse un petit poivron que Mélanie ne remarquera pas. Jérome sort une grande casserole, et nous versons tous les légumes dedans pour les faire diminuer. Je propose à mon chef de faire un crumble aux pommes, qui est vivement accueilli. Je m'attelle alors à éplucher une dizaine de pommes, puis les couper en cubes pour les faire revenir dans du beurre avec de la cannelle. En attendant, je prépare le sable pour le dessus du crumble. Farine, sucre, beurre, et j'émiette le tout. Dans un grand plat, je place un peu de pommes, un peu de sable, des pommes et je finis par recouvrir d'une bonne couche de sable.
Lorsque j'enfourne mon plat pour environ 25 minutes, Jérome annonce que le repas est prêt, et nous allons mettre la table. Francesco cache son œuvre, Sandrine descend de la chambre. Je prépare une petite assiette de ratatouille et un peu de viande que j'amène à Mélanie. Quand j'entre dans la chambre, elle dort d'un sommeil agité. L'assiette rejoint la table de nuit en attendant d'être mangé. Je pique un morceau de papier, et lui laisse un petit mot. Tout le monde félicite notre repas, et quand ils voient mon crumble arriver, leurs yeux s'ouvrent en grand.
— Il est vraiment délicieux ton crumble! s'exclame Francesco, la bouche pleine.
— Effectivement, il est divin! s'extasie Sandrine, se resservant un peu.
A nouveau, je monte une petite coupelle de dessert à la malade, qui rejoint la première assiette.
L'après-midi, nous faisons la vaisselle, Francesco continue son tableau, Sandrine fait la comptabilité de l'auberge, et je m'installe dans le canapé près de la cheminée pour lire un livre et remplir nos différents carnets. Je colle, j'écris, et je dessine -aléatoirement. Je finis mon livre dans la journée, et Mélanie descend à cet instant-là. Son visage rappelle un peu celui d'un cadavre, son teint est pâle et ses yeux sont cernés.
— Comment tu vas Mélanie? je lui demande, de l'inquiétude dans la voix.
— Moyen, répond-t-elle en s'asseyant, à bout de souffle. Je suis épuisée. Très bon, votre repas.
— Merci! Le crumble, c'est mon dessert de prédilection. Et la ratatouille, c'est Jérome qui m'a appris à la faire.
— C'était vraiment bon. Mélanie économise ses mots, le fait de parler la fatigue énormément.
— Tu manges avec nous ce soir? Je crois que Jérome veut faire un gratin dauphinois.
— Je vais essayer. Après, direct au dodo!
Son souhait est exaucé, directement après avoir fini de manger, nous allons nous coucher.
Durant le repas, Sandrine nous annonce que sa fille Laure, la médecin, a un rendez-vous pour Mélanie le lendemain. Celle-ci n'a pas compris sur le moment, et quand elle comprit, elle fût un peu bouleversée. Alors ce fût sur une bonne nouvelle et l'impatience du lendemain que nous nous couchons sur des matelas, avec Francesco, au pied du lit de notre malade.
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chapitre 23 terminé :)
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Le voyage de ma vie
Roman pour Adolescents18ans, une voiture, la liberté, le rêve de ma vie. Un mois pour faire le voyage dont je rêve depuis si longtemps, un mois pour faire de nouvelles rencontres et découvrir des endroits merveilleux. Et peut-être même retrouver une personne depuis lon...