Chapitre 5

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              La vérité dévoilée

Le lendemain de leur conversation au parc, Adèle et Théo semblaient s'être rapprochés plus que jamais. La barrière invisible qui les séparait jusque-là s'effritait, mais avec cette proximité nouvelle, l'ombre du passé de Théo paraissait également s'épaissir. Adèle le sentait dans chaque geste, dans chaque silence plus lourd que le précédent.

Ce matin-là, elle attendait Théo dans le même café où ils s'étaient rencontrés pour la première fois. Son esprit vagabondait, cherchant à comprendre comment elle pouvait aider cet homme à s’affranchir de ses chaînes émotionnelles. Ses pensées furent interrompues par l’arrivée de Théo, dont le visage était marqué par la fatigue.

« Tu as mal dormi ? » demanda-t-elle doucement.

Il s'assit en face d'elle, évitant son regard. « J'ai passé la nuit à repenser à tout ce qu’on s’est dit. Je ne peux pas continuer à te cacher certaines choses. »

Le cœur d'Adèle se serra légèrement. Elle savait que Théo lui cachait encore des parties sombres de son histoire, mais elle ne voulait pas le forcer. Maintenant qu’il semblait prêt à parler, elle écouta avec une attention presque fébrile.

« Lucas... » commença-t-il, ses yeux fixés sur la table. « Il n’était pas seulement mon meilleur ami. Nous étions comme des frères. On a traversé tellement de galères ensemble. Mais à la fin, il est tombé dans quelque chose que je ne pouvais plus contrôler. »

Adèle sentit une tension dans l’air. « Quelque chose ? » répéta-t-elle doucement, l’encourageant à poursuivre.

Théo inspira profondément avant de continuer. « La drogue. Lucas a commencé à se perdre là-dedans. J’ai essayé de l’aider, je te jure que j’ai tout fait pour le sortir de ce trou noir. Mais chaque fois que je croyais l'avoir sauvé, il retombait encore plus profondément. Et le jour où il m'a appelé pour la dernière fois... »

Sa voix se brisa. Adèle sentit les larmes lui monter aux yeux. Elle se pencha vers lui, posant sa main sur la sienne pour lui transmettre de la force.

« Théo… tu n’étais pas responsable. »

« Mais je l’étais ! » Théo releva brusquement la tête, ses yeux remplis de douleur et de colère contre lui-même. « Je l’ai abandonné ce jour-là. Il avait besoin de moi et je n’ai pas répondu. J’étais trop égoïste, trop absorbé dans mes propres problèmes pour l’aider. Il est mort seul, Adèle. Seul. Et c’est ma faute. »

Le silence retomba entre eux, aussi lourd que la confession qui venait d’être faite. Adèle restait calme, même si son cœur battait la chamade. Elle savait que Théo devait exprimer cette culpabilité pour avancer, mais elle ne pouvait pas le laisser porter cette responsabilité éternellement.

« Ce n’est pas ta faute, » murmura-t-elle. « Lucas avait ses propres choix à faire, ses propres démons à combattre. Tu as fait ce que tu pouvais, mais tu ne pouvais pas tout contrôler. Personne ne le peut. »

Théo passa une main tremblante dans ses cheveux, essayant de maîtriser les émotions qui le traversaient. « Je sais ce que tu dis, mais je n’arrive pas à m’en convaincre. Si je l’avais écouté ce jour-là, il serait peut-être encore là. »

Adèle secoua doucement la tête. « Peut-être. Ou peut-être pas. Tu ne peux pas réécrire l’histoire, Théo. Ce que tu peux faire, c’est décider de comment vivre avec ce passé. Et je suis ici pour t’aider à le faire, si tu me laisses entrer. »

Les mots d’Adèle résonnaient comme une promesse, une lueur d’espoir dans le brouillard sombre qui entourait Théo. Il la regarda, son regard exprimant à la fois gratitude et confusion.

« Comment tu fais ça ? » demanda-t-il, presque incrédule. « Comment peux-tu encore me voir d’un œil positif après tout ça ? »

Adèle sourit doucement. « Parce que je vois qui tu es, au-delà de la douleur. Je vois la personne qui essaie de se battre pour être meilleure, pour ne pas sombrer. Et c’est cette personne que j’ai envie d’aider. »

Un nouveau silence s’installa, mais cette fois, il était plus doux, comme un apaisement après la tempête. Théo ferma les yeux un instant, comme pour savourer cette paix fragile que les paroles d’Adèle lui apportaient.

« Peut-être que je peux apprendre à me pardonner un jour, » murmura-t-il finalement.

Adèle hocha la tête. « Et je serai là à chaque étape. »

Leurs mains restèrent liées, symboles de leur alliance contre les ténèbres. Loin d’être simple, le chemin vers la guérison était encore long pour Théo. Mais avec Adèle à ses côtés, il sentait que ce n’était plus une bataille qu’il devait mener seul.

Le Coeur des Ombres Où les histoires vivent. Découvrez maintenant