CHAPITRE 4

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« Reste ici, je vais la suivre », dis-je à Coumba en m'apprêtant à partir.

« N'y va pas, Ndéla, laisse-la seule faire face à ses démons. Elle est majeure et vaccinée », me dissuade Coumba, sa voix teintée d'une lassitude palpable.

J'expire et me débarrasse haineusement de mon grand boubou, dont chaque froufrou semble attiser ma nervosité. Une fois fait, je m'affale sur le canapé, excédée. « Tu as raison, on a fait ce qu'on a pu pour elle. Libre à elle de faire ses propres choix. »

« Absolument. Bon, bref, il est temps pour moi d'aller m'occuper de mon ménage avant qu'on me répudie. Tu sais comment est Amidou-Talla. Ses nerfs sont toujours à vif », badine Coumba avec un maigre sourire avant d'attraper son gros sac à main et de chausser ses sandales sur le paillasson du salon.

Ça m'a fait un peu rire, j'avoue, même si sa situation n'a réellement rien de rigolo. J'imagine déjà ce qu'elle doit endurer avec un mari colérique qui lui crée des histoires pour des niaiseries. Coumba a un très grand cœur, mais moi, personnellement, je ne pourrais pas supporter qu'un homme me colonise à ce point.

« Ok, tiens, prends vite un taxi. Prends soin de toi, petite sœur, et bonne chance avec ton Talla. » Je lui tends deux billets de dix mille qu'elle hésite à prendre.

« Je vais me débrouiller, Ndéla. Je ne veux pas avoir l'air de profiter de toi. Tu m'aides déjà beaucoup dans les dépenses de mon foyer », déclare-t-elle, gênée.

Je me lève nonchalamment et viens lui ouvrir son sac pour y mettre l'argent. « Tu es ma sœur, Coumba. Si tu ne profites pas de ma richesse, qui d'autre en profitera ? Je t'aide non par convenance, mais parce que c'est mon devoir en tant que ton aînée. Allez, va maintenant, avant que Talla ne lance un avis de recherche. Je t'aime, ne l'oublie jamais. »

« Moi encore plus, Ndéla. Merci beaucoup encore une fois, et à la prochaine », répondit-elle en prenant congé de moi.

Je referme la porte après elle et reçois en parallèle un appel entrant de Soda.

APPEL TÉLÉPHONIQUE

Soda : Allô, Ndéla, Khary est avec toi, n'est-ce pas ? Comment va-t-elle ?

Moi : Oui, elle est avec moi. Ne t'inquiète pas, la situation est sous contrôle. Elle est dévastée mais tient le coup.

Soda : Alhamdoulilah, heureusement qu'elle n'a pas fait de conneries. Merci d'être là pour moi et ma fille. Sans toi, ce serait encore plus compliqué.

Moi : Il n'y a pas de quoi. La famille est importante pour moi. Je ferai toujours de mon mieux pour me rendre utile pour chacune d'entre vous, car je sais aussi que je ne pourrai pas me passer de vous. Et qui sait ? Peut-être qu'un jour j'aurai besoin de votre aide.

Soda : Tu dis vrai, ma chère, et je t'en remercie. Au fait, quand auras-tu le temps pour que nous allions ensemble consulter Serigne Guaye ?

Moi : Dimanche prochain, si bien sûr ça t'arrange aussi.

Soda : Oui, c'est bon. J'espère qu'il nous aidera à comprendre ce qui nous a échappé dans cette histoire.

Moi : Je l'espère aussi.

Soda : Je dois te laisser, Ndéla. Passe une bonne nuit.

Moi : À toi de même.

Fin de l'appel

Soda raccroche la première, et je suis à deux doigts de poser mon téléphone sur la table basse lorsqu'il vibre dans mes mains une seconde fois. En voyant le numéro de Cheikh, l'officier de permanence, je réponds rapidement, mon esprit en alerte.

Célibataire Endurcie À 40 Ans Où les histoires vivent. Découvrez maintenant