Jour 2 : Que tombent les masques

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"C'est aujourd'hui !" 

"Il sera arrêté, ils l'ont dit !" 

 La rumeur courait dans les rues et l'étonnement se lisait sur les visages. Pallas serait attrapé ce soir.

Pourtant, aucune joie ne perçait, aucune clameur ne retentissait.

Si, plus tard dans la nuit, un groupe de gardes escortaient le criminel au bûcher, aucun cri de joie ne serait poussé. Aucun murmure empli d'espoir ne s'envolerait dans le ciel nocturne. 

 Car ce soir, ce serait un héros qu'on enterrerait. 

Héros du Peuple, Héros de rien du tout.

Ennemi inconnu, Ennemi de la Couronne.

Ennemi qui pour l'instant, avait la couronne.

Volée, disparue, nul ne sait ce qu'il en était advenu. Car c'est ainsi que Pallas procédait, dans le secret.

Ridiculiser les têtes ornées de laurier, aider ceux qui en avaient besoin, qui qu'ils soient. 

Certains le comparaient même à un conte, mais dans les contes, le visage du grand sauveur était connu, reconnu et adulé.

Ici, rien.

Ici, tout le monde savait que dès la seconde où l'on apprendrait l'identité du vaurien, sa tête deviendrait un trophée.

Et pourtant.. Parfois, même pas besoin d'une récompense promise, juste d'un malheureux concours de circonstances.


Alors le soir même, en signe de résistance, il n'y eut non pas un voleur masqué sur la place du bûcher, mais bien une vingtaine. Tous portaient le même attirail. Masque de serpent, armure de cuir souple, grande sacoche noire.

Femmes, hommes, enfants, tous s'étaient réunis, prêts à défendre leur ami sans visage.

Et, lorsque la garde Royale arriva, pendant quelques secondes, chacun crut que cela pouvait marcher.

Mais les soldats n'eurent aucun scrupule. Ils déclarèrent sans sourciller que si le véritable Pallas ne se présentait pas dans quelques minutes, chaque personne se tenant ici serait exécutée avec lui.

Les secondes passèrent. Les enfants partirent.

Quelques personnes commencèrent à s'en aller.

Au bout de deux minutes, les gardes n'y tenant plus, s'agitèrent, commencèrent à crier sur la petite foule.

C'est à ce moment là que, celui que l'on suppose être le vrai Pallas se détacha de la foule, une couronne à la main. Il la jeta aux pieds de la Garde en souriant, cependant, quand il s'adressa, ce fut au Peuple.

"Merci. Merci à tous pour votre soutien, mais cela ne vaut pas la peine de se tuer pour moi. En faisant ça, mon sort était scellé et je le savais. Voyez cela comme ma retraite."

Il s'inclina et retira son masque, juste avant que les soldats ne se jettent sur lui pour l'emmener.

"Que tombent les masques !" 

Certains eurent le temps de voir son visage, mais chaque témoin avait une version différente.

Dans les yeux de l'un, c'était un vieil homme, une jeune femme chez une autre personne, où même quelqu'un ayant des attributs inhumains, tels que des écailles, ou une langue fourchue.

Une fois le masque tombé, le sauveur sans visage devint celui qui en possédait mille.

Friandises et giclées de sang [Writober]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant