Chapitre 12

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Yangyang eut à peine le temps de cligner des yeux, qu'une paire de crocs se retrouva planté dans son cou et il grimaça, mais ne se débattit pas. Il devait aller jusqu'au bout. Après tout, il lui avait donné son accord. Il était trop tard pour changer d'avis.

Étrangement, il avait l'impression de devenir de plus en plus émotionnellement vide à mesure que les secondes défilaient. Il essaya de chasser ce pressentiment, mais c'était comme si une vague d'amertume venait de remplacer une partie de sa personnalité, lui qui était en contraste de nature si sensiblement positive et pleine de vie.

Il se sentait à moitié mort.

Il en vint même à regretter d'avoir auparavant méprisé son côté naïf et trop altruiste. Parce que sa naïveté était la preuve qu'il voyait la vie sous un angle beaucoup plus agréable à regarder. Son altruisme était le fruit de son habilité si rare à pouvoir tellement ressentir, qu'il arrivait à se mettre à la place de n'importe qui et à préférer connaître le bonheur à travers eux, qu'à travers sa propre personne.

Mais il ne goûterait plus jamais à cette sensation. Celle d'arriver à éprouver la joie des autres, la tristesse des autres, la douleur des autres. Tout ce qui rendait la vie meilleure. Parce que c'était le fait de pouvoir tout partager de coeur à coeur, qui la rendait si spéciale. De pouvoir vivre à travers les autres sans avoir besoin de se soucier de comment lui vivait. C'était ça, sa façon de vivre sans crainte. Se dire que si il faisait toujours en sorte d'aider, son existence avait un sens et faisait de lui un homme bon. Un être pur parmis tant d'autres pourris. Savoir qu'il faisait en permanence le choix le plus juste était ce qui le rendait heureux.

Sauf que tout allait changer à présent. Parce qu'une grande partie de son empathie venait de s'envoler. La majorité, même. Il n'en aurait plus jamais rien à faire de ce qui était juste ou de faire 'la bonne chose'. Pour lui, plus rien ne le serait. Bon ou juste. Il verrait le monde de ses vraies couleurs, de sombres mélanges ternes et laids.

Tout était injuste. Rien n'était véritablement bon. Il y avait du mauvais dans tout. Ce qui faisait la différence, était la façon qu'il avait de voir les choses. Son regard poétique sur la vie et les autres était l'atout le plus précieux qu'il possédait, car il lui permettait de vivre son existence en toute légèreté. Et il venait de le perdre.

Il ne réagit pas quand Xiaojun s'arrêta. Son regard vide se posa alors sur Hendery et, il ne ressentit étrangement rien en voyant les larmes dévaler ses joues. Aucune compassion. Il n'était même pas anxieux à l'idée de savoir qu'il venait probablement de perdre une partie de son âme. Tout ce qu'il arrivait à ressentir, était ce fichu trou béant à la place de son coeur. Le néant.

"Yangyang...qu'est ce que t'as fais..."

Pleura Hendery, tandis que le démon dans le corps de Xiaojun affichait un énorme sourire.

"Pourquoi tu pleures? Je viens de sacrifier mon âme pour toi. Tu devrais plutôt te sentir soulagé."

"Tu viens de sacrifier ton âme pour rien du tout. C'est un démon, pas le diable. Ils n'ont pas de parole. Le diable en a une parce que c'est un ange. Il va continuer et tu auras perdu ton âme pour absolument rien."

Yangyang le fixa sans cligner des yeux, puis détourna le regard sans rien dire en le voyant éclater violemment en sanglots.

Ni colère, ni tristesse ne lui vinrent. Il se sentait inexplicablement amusé.

"C'était peut-être pour le meilleur, dans ce cas. Je me suis jamais sentis aussi bien."

Il déclara alors qu'un sourire vint étirer ses lèvres. Lui qui avait d'abord cru être mort de l'intérieur, découvrait qu'en fait, il arrivait toujours à ressentir les émotions des autres. Mais d'une différente manière.

Il éprouvait exactement le contraire de ce que Hendery dégageait.

Apocalyptica: Damned Kingdom 《Wayv BxB》Où les histoires vivent. Découvrez maintenant