Chapitre VIII

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Ça y est, nous y voilà. Mes yeux ne cessent de contempler l'avion. Cela fait une semaine que je travaille d'arrache pied pour être parfaite. Pour que notre mission se déroule comme à la perfection. Cela fait aussi une semaine que Lucia agit comme si tout était normal. Comme si, je n'allais pas partir ou peut-être même mourir. Elle veut rester dans le déni, ce que je comprends. Elle a déjà perdu tellement de personnes importantes à ses yeux.

Nous étions enfin réunies et heureuses mais il a fallu que je veuille aller les chercher pour que tout bascule.Seulement, je me dois d'être là quand nous les retrouverons. Je n'ai pu les sauver avant, alors je me dois de le faire maintenant.

~Flashback~

Je suis vêtue de noir comme tout le monde dans l'église. Je ne comprends pas pourquoi nous sommes aussi nombreux. Ces derniers temps, mes parents ne parlaient à personne. Je ne sais pas s'ils avaient prédit leur mort de façon à ce que personne ne pleure pour eux mais en tout cas, leur technique n'a pas marcher.

J'aimerai pleurer comme la plupart des personnes présentes ici mais je n'y arrive pas. Je ne ressens pas vraiment de tristesse. Je ne ressens ni colère ni autre sentiment. Je suis neutre, comme si j'avais consommé de la drogue.

Mon oncle, James, vient s'installer à côté de moi en silence.

Je ne l'ai vu que très peu de fois. En général quand il était là, les seules fois où il l'était, il ne cessait de se disputer avec papa. Je ne sais pas vraiment pourquoi. Tout ce que je sais c'est que mon oncle James ne fait des choses très légales.

Il est très gentil avec moi, peut-être parce que je suis sa seule nièce. A tous mes anniversaire, il m'envoie toujours un cadeau qui coûte très cher et que papa ou maman ne voulait pas m'acheter.

Je l'aime bien, moi, oncle James.

La cérémonie terminée, oncle James me demande de le suivre dans sa voiture. Je m'exécute et m'installe au côté passager. Il se met derrière le volant et souffle.

Il ne pleure pas lui aussi. Il est comme moi.

Le silence règne pendant tout le trajet et ça, même dans l'aéroport.

Nous avançons dans un long couloir vide et quand nous passons deux portes blanches, je suis obnubilé par la beauté de l'engin se trouvant devant moi.

Alors c'est si beau que ça un avion?

~Fin du flashback~

Des bras m'encerclent la taille, me faisant sortir de mes pensées. Une tête se pose sur mon épaule avec délicatesse et une odeur de Choisya Ternata atteint mes narines. Je reste immobile, profitant de ce moment avec ma mexicaine.

Au bout de plusieurs minutes, Lucia me tourne vers elle et vient déposer un doux baiser sur mes lèvres. Nous nous séparons mais restons toujours aussi proches. La brune sort un petit papier de sa poche et reste immobile quelques secondes avant de me le donner. Je le saisis, dans l'incompréhension et le déplie. J'y découvre une photo de Lucia, le sourire aux lèvres.

-Je te l'avais promis, explique-t-elle.

Mes yeux se posent dans les siens et je lui souris de toutes mes dents, comme elle sur cette magnifique photographie.

Ce n'est pas la Lucia que je connais sur cette photo mais celle qu'elle était avant. Elle paraissait tellement...heureuse...

Je souris en observant la photographie une nouvelle fois.

Elle est tellement belle...

Je la remercie et la range dans la poche arrière de mon jean puis je sors moi aussi un papier. Je le lui tends, le sourire toujours présent sur mes lèvres. Elle le saisit puis le déplie, découvrant une photo de moi.

Je suis âgée de vingt et un ans sur cette dernière. C'est Olivia qui l'avait prise sans me prévenir. Elle me l'a donné lors de mon retour à New-York, pendant notre petite entrevue de dix minutes.

Les lèvres de ma mexicaine s'étirent doucement de façon à former un magnifique sourire. Ses yeux viennent trouver les miens et sans attendre, elle m'embrasse. Ce n'est pas le petit baiser que l'on se fait tous les jours, quand on se réveille ou que l'une quitte la maison et pas l'autre.

Non.

Dans celui-là, nous déversons toute notre peur. La peur de ne jamais nous revoir. Cette peur qui ne partira que lorsque je reviendrai.

Si je reviens...

Nous nous séparons, les larmes aux yeux. Ben, qui avait choisi de m'accompagner, nous informe qu'il est temps pour moi de partir. J'hoche la tête puis le rejoint. Et alors que j'allais le suivre jusqu'au marches de l'avion, une main vient me serrer l'avant-bras. Lucia me retourne et dépose ses lèvres sur les miennes pour un dernier baiser. Elle se recule ensuite puis me tourne le dos et s'en va, sans se retourner.

Je ne lui en veux pas, je la comprends même.

Je monte dans l'avion et m'installe à côté de Ben. Nous attachons nos ceintures puis le moteur gronde et nous décollons. Je mets mes écouteurs dans mes oreilles et lance de la musique. Je sors la photo de la femme que j'aime et reste à la regarder pendant plusieurs minutes avant de plonger dans les bras de Morphée.

Toi et moi contre le monde [TOME 3]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant