Chapitre III

141 9 1
                                    

Ce sont des mouvements à mes côtés qui me réveillent doucement. Mes yeux plongent dans les deux billes marrons de la femme que j'aime. Elle est posé sur son coude pendant que l'une de ses mains vient caresser mon ventre. Les poches de couleurs foncées ont leur place sous ses yeux fatigués. On a l'impression qu'elle n'a pas dormi depuis une éternité.

-Tu dois te lever sinon les autres vont se demander ce que tu fais, déclare la brune en arrêtant ses caresses.

-Tu continue de tester mon cousin? la questionné-je.

-Non... et à vrai dire, ce n'était pas lui que je testais, je le surveille quand même bien sûr...

-Alors qui?

-Toi.

Je me redresse à sa phrase, surprise. Mes doigts se resserrent autour de la couette.

Pourquoi me tester? Ne me fait-elle pas confiance?

-Pourquoi? articulé-je.

-Je me devais de prendre des mesures de sécurité. Vérifier que ton cousin ne t'a pas remonté contre moi.

-Rayane n'est pas comme ça! Jamais il n'aurait essayé de me faire une chose pareille! Nous sommes les derniers membres de notre famille et il sait que s'il ne veut pas me perdre il ne doit pas m'imposer ses volonté.

-Ivy, ton cousin a essayer de me tuer!

-Et il ne l'a pas fait!

-Pour toi! Il ne m'a pas tué pour toi! Et je savais que si tu avais encore confiance en moi, il ne recommencerait pas. Pour toi.

Je sors du lit précipitamment et commence à faire les cents pas dans la chambre.

Comment a-t-elle pu me faire ça? Jouer avec mes sentiments pour avoir mon cousin dans la poche.

-Alors tu m'as utilisé, finis-je par lui répondre. Pour être sûr de ne pas te faire tuer et tu en profites pour retrouver tes parents et ta soeur

-Ce n'est pas ce que j'ai dit..., soupire Lucia.

-Dire que je t'ai fait confiance...

J'enfile mes chaussures à une vitesse hallucinante et sort de la pièce qui devenait trop étouffante. Les larmes aux yeux, je me dirige vers le salon le plus vite possible, espérant retrouver mes vrais amis.

En arrivant dans la pièce, ils sont tous là, même Rayane et la fausse cheffe du cartel, assis autour de la table à manger. Leurs visages sont tournés dans ma direction. Ils me sourient tous sauf mon cousin qui lui me dévisage avec inquiétude.

-Tout va bien? finit-il par me demander.

J'hoche difficilement la tête, tentant d'être crédible. Seulement, son visage devient froid, ce qui me confirme que j'ai échoué. Des bruits de talons heurtant le sol me sortent de mes pensées. Tout le monde, sans exception, se fige. Je me tourne doucement, espérant intérieurement, de ne pas croiser son regard.

Son regard que j'aime tant...

Malheureusement, elle est là et...déjà habillée!

Diable comment cette femme fait-elle pour être prête en aussi peu de temps?!

La mexicaine est vêtue d'un tailleur orange mettant sa peau bronzée en valeur. Un débradeur blanc se situe sous sa veste et des escarpins de la même couleur aux pieds. Sa chevelure brune est attachée en une queue de cheval élégante.

Je la fusille du regard et c'est ainsi que je remarque les traces d'humidité sous ses yeux.

Aurait-elle pleuré?

La seule fois où je l'ai vu déverser des larmes était le jour de mon départ. Je ne l'avais jamais vu dans un état pareil. Elle semblait être une autre personne. Une femme qu'elle cache à tous.

La véritable Lucia.

La brune plonge ses yeux humides dans les miens. Ils expriment du regret mais aussi de colère. Son visage est froid, comme à son habitude. Elle dégage un air d'autorité et de supériorité.

Rayane se lève de sa chaise, me faisant détourner le regard. Il s'approche de moi, me dévisage longtemps puis fait de même avec Lucia. Ses yeux reviennent à moi puis le son de sa voix, froide et tranchante, coupe le silence pesant:

-Alors tu avais raison?

J'hoche la tête, ne trouvant pas le courage de le lui dire.

-Vous vous êtes tous foutus de ma gueule, c'est ça?

-Non, c'est compliqué, répliqué-je.

-Compliqué?! C'est compliqué d'avouer à ton cousin que la cheffe de cartel qu'il a rencontré n'est pas vraiment elle?!

Les larmes me montent aux yeux et les regrets à la tête.

Il a raison...J'aurais dû lui dire...J'aurais dû insister quand il ne m'a pas cru...Il m'en veut tellement...

-Alors comment dois-je vous appelez? s'adresse-t-il à la mexicaine. Peut-être Bella ou alors Carla. Dites-moi qui êtes vous?

Un soupire s'échappe des lèvres de la femme que j'aime. Elle s'approche de quelques pas avant de déclarer:

-Lucia Velázquez, et la vraie cette fois. Première femme à diriger l'une des plus grandes mafias du monde à l'âge de seulement 27 ans.

A ma grande surprise, mon cousin serre la main tendue de Lucia. Leurs yeux s'envoient des éclairs mais ils ne disent rien. Pas une remarque.

-Je vais être franc avec vous Velázquez, annonce-t-il. Je vais faire l'effort de ne pas vous tuer ou même vous blesser pour Ivy. J'espère sincèrement que cela va être réciproque.

Mes yeux se dirigent vers Lucia qui me regarde déjà. Rien n'apparaît sur son visage, rien qui ne puisse me donner un indice de sa réponse. Seuls ses globes oculaires sont plantés sur moi.

Ses mots finissent par fendre le silence pesant qui s'était mis en place.

-Sachez Miller, j'ai toujours protéger votre cousine du mieux possible et ce n'est pas aujourd'hui que je compte m'arrêter. Et pour elle, uniquement pour elle, je vais faire alliance avec vous. Rien ne vous arrivera. Pas une blessure de notre part, pas une menace. Mais je fais cela seulement pour Ivy et non parce que j'ai pitié de personnes qui recherchent désespérément des gens morts.

Rayane ne répond rien et sort de la pièce, me laissant seule avec les membres de Sinaloa.

Toi et moi contre le monde [TOME 3]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant