- Prologue -

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Aujourd'hui était un jour pluvieux d'automne. Le vent frais laissait danser mes longs cheveux blonds ainsi que ma longue jupe noire dont le fin tissu me protégeait difficilement du froid. J'observais le feuillage des arbres, du moins ce qu'il en restait. Ce paysage autrefois verdoyant laissait place à un magnifique camaïeu d'oranges et de marrons que je n'avais jamais pris le temps d'observer auparavant. Pourtant, ce parc m'était familier et je laissais certains souvenirs refaire surface.

Nos souvenirs.

La pluie s'intensifia, peut-être un de tes signes pour me sortir de mes pensées dans lesquelles il m'était bien plus simple de me réfugier. Les gouttes ruisselaient sur mon visage tandis que j'étais trempé jusqu'aux os. Je détestais la pluie mais ce soir, elle semblait me réconforter. Ce soir, je ne pleurais pas seule.

Tu pensais probablement que ton départ serait un soulagement, peut-être que pour toi, ça l'a été

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Tu pensais probablement que ton départ serait un soulagement, peut-être que pour toi, ça l'a été. Tu répétais constamment que jamais tu ne t'ôterai la vie malgré tout, et je n'avais jamais réalisé avant ce soir que c'est parce que tu n'avais jamais considéré vivre. Vivre... Un concept qui pour toi comme pour moi, n'avait jamais vraiment fait sens. Notre existence est éphémère mais nous nous démenons pourtant à lutter contre une fin inévitable. Nous nous tuons pour vivre mais nous vivons pour mourir. Un cercle que tout le monde semble accepter avec le simple espoir d'un jour trouver le bonheur. Le bonheur... j'espère que tu l'as trouvé, là-haut.

Quand à moi, j'y ai perdu tout espoir. Je les écoute tout de même parler, essayer de me convaincre qu'aussi loin que tu puisses être, tu restes dans nos coeurs et ce genre de paroles bidons que l'on lance pour camoufler la douleur. Mais je ne veux pas faire semblant, tu me manques terriblement.

Je n'oublierais jamais ce mercredi. Un après-midi pluvieux qui ressemblait à tous les autres après-midi ici à Sheffield. Posée sur mon canapé à regarder Sinister pour me détendre un peu. J'ai mis le film en pause le temps de me faire couler un café pour me réchauffer quand mon téléphone sonna. J'ai décroché machinalement l'appel. Cet appel. Celui où on m'a appris que tu étais parti et que tu ne reviendrais pas. Soudain tout mon monde s'est arrêté. Je ne pouvais croire ces paroles, du moins je le refusais. Je suis restée paralysée, incapable de laisser le moindre mot passer la barrière de mes lèvres. J'avais du mal à réaliser, il fallait que je m'assoie mais mes membres ne répondaient pas. La tasse de café que je tenais fermement dans ma main droite venait de s'écraser au sol mais je ne pouvais me résoudre à faire le moindre geste. De l'autre côté du fil, ton père, à la voix tremblante, et ta mère, hurlant la douleur qu'elle ne pouvait contenir.

Depuis ce jour, tout a changé et je sais que rien ne sera plus pareil. Je ne peux m'empêcher de me remémorer nos moments ensemble. Je les recréent dans ma tête, rejouant le film de nos plus beaux instants. Fixant nos photos pendant des heures, tentant de me remémorer la mélodie de ta voix et chaque note de ton rire. Je m'accroche à chaque souvenir car en vérité je crains de les oublier, terrifiée par le vide que laisse ton absence. Le vide... Je ne peux me résumer à avoir comme seul témoignage de ton existence ce pull que tu as oublié chez-moi l'autre soir, bien que je le garde précieusement.

Notre étoile meurtrieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant