Mon espoir de te venger semblait s'être totalement envolé. Enfin plutôt de s'être écrasé puis brisé en éclats dont chacun de ces morceaux, que j'essayais de rassembler, étaient coupant. Je ne pouvais m'empêcher de réfléchir, dans ma tête tout s'accélère mais je vis maintenant au ralentit. Rongée par la culpabilité de ne rien avoir remarqué mais aussi celle de ne pas pouvoir rétablir la vérité. Alors que je pensais prendre mon envole, on m'a coupé les ailes. Je suis depuis dans une chute libre qui semble être sans fin.
Affalée sur mon canapé, je réunis le peu de forces qu'il me reste pour tendre le bras et attraper la télécommande. Je regarde naturellement la première chaîne, convaincue que j'aurai juste finit par chercher un programme pendant des heures. Je me retrouve donc à écouter les infos, toutes plus joyeuses les une que les autres, dans le monde idyllique dans lequel nous vivons. Des catastrophes naturelles à l'inflation en passant par les guerres, qui nous paraissent si loin sur lesquelles trop ferme les yeux par pur égoïsme, sans oublier les agressions en tout genre, parfois à deux pas de chez nous.
Une information retient tout de même mon attention. Un homme d'une quarantaine d'année qui avait pénétré illégalement au domicile de personnes âgées assez aisées, afin de leur voler quelques objets de valeur. L'affaire en particulier ne sort pas du lot, un homme obnubilé par l'argent probablement, ce qui équivaut à un énièmes déchet de cette société. Rien de bien original. Ce qui retient mon attention est plutôt son intrusion. Ce n'était pas une si mauvaise idée si l'on s'y prend correctement. Une préparation minutieuse s'impose mais je n'avais pas vu les choses sous cet angle.
Je bondit du canapé, presqu'immédiatement après que l'idée se soit émise dans mon cerveau. Il est aux alentours de vingt-deux heures, heure maximum à laquelle nous rentrions chez nous quand nous venions chez toi. D'ailleurs aussi loin que je m'en souvienne, nous n'y passions pas tant de temps que ça et cette information m'intriguait d'autant plus. Il y avait probablement une piste à explorer.
J'enfile simplement une paire de basket et une épaisse veste pour me protéger du froid, concluant que le survêtement dans lequel je trainais depuis plusieurs jours maintenant ferais l'affaire.
Je marche vers chez toi, empruntant ce fameux chemin que je connais tant. En quelque minutes je serais déjà à l'intérieur. Ta clé devrait être sous le paillasson, une technique aussi ancienne qu'inefficace mais bien qu'on te le répétait, tu ne changeais pas ta cachette pour autant. Pourtant, en arrivant, je constate son absence. Si j'avais su qu'aujourd'hui ça me faciliterait la tâche, te l'aurais-je conseillé de la déplacer à l'époque ?
Je tâtonne dans mes poches à la recherche d'une épingle à cheveux que par miracle je finis par trouver. Heureusement pour moi, ce n'étais pas la première serrure que je crochetais. C'est comme ça qu'autre fois je m'évadais, ce qui me valait souvent d'autant plus de problèmes d'ailleurs. C'était relativement simple, en quelques tours la s'ouvre mais je n'arrive pourtant pas à faire un pas. Une lumière est allumée.
Est-ce un signe que tu m'envoies ?
Je rentre bêtement dans l'appartement et me cache entre le canapé et le mur lorsque j'entends d'étranges bruits se rapprochés de moi. Des bruits presque bestiaux, semblables à des grognements mais pourtant bien humains. Je ne saurais dire si c'est un sentiment de soulagement ou de stupeur qui me laissa immobile à la vision de ton père. Penché vers l'avant, une bouteille à main. Probablement pas la première si j'en juge à son attitude. Il se met à hurler sur la porte pour s'être ouverte. Il n'avait visiblement plus les idées claires et tapait dans les murs. Je ne saurais déterminer s'il lançait plus d'insultes, dont certaines te concernaient du moins il les associaient à ton nom, ou de bouts de verres avec les bouteilles vides qu'il jetait au travers de la pièce.
Je me souviens que tu nous avais mentionné que ton père vivais avec toi mais nous ne le croisions qu'occasionnellement. J'en ai simplement conclu qu'il devait être du genre absent mais les évènements s'éclaircissent un peu plus. Probablement qu'on ne restait pas chez toi à cause de ton père et de sa possible alcoolémie. Enfin peu de personnes se retrouvent complètement ivres un soir de semaine, à crier seul dans son appartement, se battant contre l'inexistant. Ou peut-être l'était-il devenu à l'annonce de ton départ ? Mais alors pourquoi ne nous avoir jamais laisser passer la nuit chez ? Et où était-il quand nous étions ici, ensemble tous les trois ?
Je n'avais pas le temps de penser à ça maintenant, il me fallait un moyen de sortir d'ici, maintenant. Il m'était impossible d'atteindre ta chambre actuellement. Celle-ci se trouve à l'opposé de ma position et vu la situation actuelle, je n'ai pas tellement envie de me risquer à me faire surprendre par ton père dans cet état. Bien qu'il a fermé la porte, je cours en sa direction dès qu'il tourne le dos, mais pas sans passée inaperçue. C'était le risque mais il me paraissait plus logique de tenter le tout pour le tout dans cette situation. Il me suit aussi rapidement qu'il le peut, titubant en raison de la quantité d'alcool qu'il a ingérer.
Je continue à courir sur tout le chemin, comme si il avait la capacité de me suivre jusqu'ici. Je préférais être trop prudente que pas assez. Nous sommes dans un petit village et les voisins les plus proches seraient probablement trop loin pour entendre quoi que ce soit. Je ne fais déjà pas confiance aux autres de manière générale mais alors un homme alcoolisé avec probablement le double de mon gabarit était encore plus effrayant. Je m'enferme à double tour avant d'essayer tant bien que mal de reprendre mon souffle.
J'ai perdu une bataille mais je gagnerais la guerre.
Je m'endors sous un plaid, dos à ma fenêtre. Ce soir j'ai l'impression de dormir dans tes bras. Il n'est plus qu'une question de temps avant que je mettes mon prochain plan à exécution.
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Notre étoile meurtrie
General Fiction« Même après avoir perdu la vie, les étoiles continuent de briller pour nous guider dans l'obscurité. » Lilith et Swann, souffrant de la perte de leur meilleur ami, enquêtent sur son mystérieux suicide. TW : l'histoire est basée sur un suicide et c...