Renaissance : Sensation d'un nouvel éveil qui à la fois est intense et diffus.
Sean Wilth
14h20
Je regarde en boucle cette même photo, jurant que cette source de lumière ne pouvait pas prévenir d'un lampadaire ou quoi que ce soit d'autre mais pourtant à part ce coucher de soleil et moi, personne n'était là. J'essaye de faire appel à ma logique et lister toutes les possibilités mais aucune ne me satisfait. Au loin de cette colline de fleurs, il y avait bien quelqu'un mais qui... Je pose finalement mon stylo et enlève cette photo de mon mur en la jetant par terre. Je m'allonge sur mon lit, les yeux rivés au plafond, j'aperçois encore dans mon imagination cette aura orange, celle que j'ai capturée avec mon appareil. Je finis par détourner mon regard et jeter un œil à mon réveil . La frustration grandit à chaque seconde qui passe.
- Quinze heures déjà ?
Je soupire légèrement et me redresse. Je profite de cet instant pour ébouriffer mes cheveux et remettre ma chaîne au cou. Je finis naturellement par me lever du matelas et observer mon appareil photo mais je ne parviens pas à le reprendre dans mes mains, mes pensées sont trop envahies par des doutes et des réflexions pour que je puisse m'amuser à regarder de nouveau à travers mon objectif. J'ouvre la porte de ma chambre et me dirige vers la cuisine, je me rempli un verre d'eau en soupirant. J'enfile plus tard mes chaussures et ma veste avant d'attraper en chemin mes clefs et verrouiller la porte de mon appartement. Je marche dans la rue, l'air de la campagne me manque. Je me perds dans mes pensées en réfléchissant au prochain train que je prendrais ce week-end, aux révisions que je dois finir, et à ce que je vais manger ce soir.
- Des chaussures.
Je murmure à voix basse en regardant le prix d'une paire de basket qui me tape à l'œil. Les miennes commencent à s'user à force de m'aventurer un peu partout, j'allume mon téléphone et décide de regarder mon compte bancaire : en théorie si je les porte trois cents fois soit une fois par jour durant un peu moins d'une année cela me reviens à cinquante centimes non ? Je rentre et salue les employés qui se contentent de me jeter un bref regard. Je cherche à travers les rayons le modèle qui m'intéresse, j'interpelle une vendeuse, j'essaie ma pointure et en une quinzaine de minutes , je me retrouve à dépenser une centaine d'euros. Après le rouge me va plutôt bien à vrai dire, j'adore le rouge et je pense que rien ne passera avant cette couleur. Le rouge peut caractériser tellement de choses, il y a une infinité de symbolique, de mythes, et d'effets liés à cette couleur.
Je finis par m'enfuir de cette boutique pour me diriger vers le supermarché le plus proche de chez moi, mon casque sur mes oreilles, je mets ma playlist tout en faisant mes courses pour le reste du mois. J'ai plutôt de la chance, je viens d'un milieu privilégié donc mes parents n'ont jamais eu le moindre souci à financer mes études en droit. Je passe rapidement à travers le rayon animalier mais je finis par y retourner et acheter une conserve avant d'aller en caisse. Toutefois, au fond de mon être, je sais que je ne devrais pas continuer à faire ça...
En chemin je m'arrête un peu plus loin que mon appartement et m'enfonce un peu plus dans la rue, j'entends ce miaulement habituelle à peine une dizaine de secondes après. Je reprends mes esprits en posant mon sac par terre.
- Tu m'attendais, hein ?
Le chaton me répond en retour, je m'abaisse à son niveau et le laisse s'approcher et me tourner autour. Je sens sa tête se poser sur mon genoux à terre et sa queue se tortiller de droite à gauche. Je ne parviens pas à me retenir de lui donner quelques caresses à la tête.
- Toujours personne pour t'accueillir non plus ?
Je soupire légèrement en esquissant un léger sourire.
- Tu devrais pas t'attacher à moi tu sais ?
Je lui accorde un dernier regard en l'enlevant de ma cuisse délicatement.
- Même si l'envie ne manque pas, je me déplace trop pour t'accorder ce dont tu mérites, 'chat.
J'ouvre avec ma clef la boîte de tout à l'heure et la dépose devant lui, en quelques secondes, il se jette dessus. Je profite de cet instant pour m'éclipser chez moi, fuyant cette culpabilité qui s'installe lourdement dans mon cœur. Je me questionne sur comment peut-il autant me donner d'attention et me faire confiance alors qu'il est à la rue, tout seul, sans personne. Espère-t-il encore que sa mère va revenir ? Je décide de retourner dans mes bouquins, c'était plus facile de fuir la réalité à travers des termes compliqués et des notes que de penser à ma vie. Je préfère m'effacer et me contenter de vivre comme ça. Sortir de temps en temps avec des amis, réviser, et ne pas m'attarder sur des détails inutiles. Je finis par m'endormir sur mes feuilles, mon surligneur dans la main et la lumière encore allumée.
Ma fenêtre entrouverte laisse traîner une brise qui frôle mon visage, l'air est lourd, cette pièce renferme beaucoup trop de choses sensibles, de souvenirs fragiles.
Au milieu de la nuit, le bruit des voitures me réveille et je me décale dans mon lit...Je détestais cette sensation de ne pas arriver à refermer l'œil après un réveil comme ça. Je ne peux rien faire à part contempler le mur ou l'heure qui défile. Cette sensation de vide, d'être à la fois satisfait mais pas entièrement. Après plusieurs heures, j'attrape ma couette et l'enroule autour de moi avant de m'endormir pour le reste de la nuit.
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07h58
Au matin, alors que mon réveil retentit, je l'ai revu, et j'ai essayé de courir pour la rattraper, mais sans succès...Elle était bien trop loin de moi. Je devrais tourner la page après tout c'est moi qui n'avait pas pu la récupérer quand elle s'est enfuie de moi. Je suis resté là, figé sur place, et j'ose encore me demander pourquoi je me réveille dans ce lit qu'elle réchauffait autrefois.
"Aimer", je croyais en avoir donné sa définition quand je l'ai vu, je croyais enfin avoir compris ce que c'était vouloir adorer quelqu'un. Je l'aimais.
Je l'aime. Faut se rendre à l'évidence, je l'aime. Je regarde encore ses stories, et like ses posts. Ma plus grande déception, ce n'est pas le fait qu'on se soit égaré, c'est le fait d'avoir osé prétendre que ça irait, que je tournerais la page. Être ami hein ? Peut-on vraiment retomber dans l'amitié après avoir découvert la douceur de sa peau, la tendresse de ses gestes et la patience de son regard.
Je n'étais pas la personne qu'elle aimait. Et je ne le serais plus.
Je ne suis plus la personne qu'elle appellera à cinq heures du matin, la personne qui viendra la chercher après les cours, la personne qu'elle enlacera quand elle sera heureuse.
C'est dans cette matinée que je me résigne enfin à enlever ce carton. Je me laisse faiblir et regarder une dernière fois, nos photos, nos cadeaux, nos souvenirs.
Je laisse toute ta personne s'en aller.
Tout ce qui me reste de toi, à présent, sont des souvenirs amers.
Tu peux au moins me laisser ça.
Je comprends, à présent, pourquoi on dit que la vie finit toujours par reprendre son court, et que le monde continuera à tourner que ça soit avec ou sans toi.
Je laisse retomber le couvercle de la poubelle avant de remettre mon casque, et cette fois-ci sans un regret.
Après tout, ça finira par ne plus m'affecter un jour.
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Cupidonne amoureuse
RomanceEt si une cupidonne avait cessé d'avoir espoir en les siens ? Comment une personne qui n'a jamais aimé peut-elle prétendre savoir tout les secrets de l'amour ? Ange Ambroise, cupidonne à temps partiel dans un petit village de campagne, se voit pou...