Enfin, cinq semaines après mon réveil, je sors enfin de cet hôpital. Je ne suis absolument pas mécontente de me trouver en voiture, et d'autant plus soulagée de ne pas me retrouver au volant. Je crois avoir développer la phobie de conduire, ce qui n'est pas si étonnant, je pense.
Lara a, minutieusement, organisé ma sortie en attendant que Lilou soit à l'école. Sûre d'elle que dès que je me trouverai en sa présence, nous nous lancions dans toutes sortes de jeux qui pourraient potentiellement aggraver mon état.
Dans l'ensemble, je suis en pleine forme. Du moins, si on ne tient pas en compte la canne que je dois utiliser pour me déplacer. Ma jambe droite a vraiment morflé et je suis tenue à des séances de kiné autant dans un centre qu'à la maison. Je m'en réjouis d'avance...
En attendant, c'est en relâchant un long soupir de soulagement que je pousse la porte arrière de la cuisine. L'odeur de chez moi m'avait manqué.
« Welcome home, my love... » Souffle Lara en passant un bras autour de ma taille.
Psychologiquement, c'est un peu plus compliqué. Ce simple geste affectueux et naturel me décroche un mauvais frisson. Je n'aime pas vraiment sentir de contact physique de quelques manières que ce soit. Je ne sais pas ce qu'il m'arrive mais je me sens étrangère à moi-même. J'ai l'impression de n'être que l'ombre d'une ancienne Gabriella qui disparaît un peu plus chaque jour.
Ainsi, aussi délicatement que possible, je me dégage de son étreinte en prétextant récupérer mes affaires.
« Laisse ça, mon ange. Viens. » M'invite Lara en me tendant la main.
Timidement, j'accepte son geste en traînant la jambe difficilement. Je ne m'y ferais jamais à cette sensation. C'est comme si ma jambe droite était restée dans le plâtre. Elle est aussi raide qu'une tige en métal.
Difficilement, je prends appui sur ma canne en tentant de suivre la cadence de ma femme qui trotte joyeusement à travers la cuisine.
« Avec Lilou, on a fait une folie. J'espère que ça te plaira. »Annonce-t-elle en chantonnant presque.
« Avec Lilou, hein ? Elle a quatre ans, je ne vois pas quel type de folie une petite de quatre ans peut faire... » Je souffle en remerciant le ciel de la présence de ma canne.
« D'accord. C'était plus ma folie. »
Son sourire est aussi malicieux qu'éclatant de bonheur. Elle est profondément heureuse de mon retour.
En entrant dans le salon, je prends pleinement conscience de la folie en question.
« Comme tu ne peux pas encore monter les escaliers, je me suis dis que dormir au salon ne serait pas plus mal étant donné qu'on n'a pas de chambres en bas... »
« Tu as donc acheté un nouveau canapé. Et pas n'importe lequel... »Je souffle, gênée.
Devant moi se dresse le sofa le plus immense et confortable que j'ai vu de ma vie. On dirait un immense lit king size qui aurait englouti la moitié de la pièce.
« Tu n'avais pas à faire ça, Lara... Je pouvais très bien- »
« Shhh. On parle de ton confort, mon cœur. Et ça, ça n'a pas de prix. Et puis, Lilou en est dingue. » Rigole-t-elle doucement.
« Mm... »
Étrangement, je suis rongée par la gêne de me retrouver couverte de présents et d'attentions alors que je suis la première à avoir foncé dans une barrière de sécurité. Mérite-t-on réellement une récompense pour être aussi idiote ?
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Life... (T. 5)
RomanceLes contes pour enfants finissent toujours par cette phrase : Ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants... Je n'ai jamais cru à cette fin. Dans ma réalité, la vie est un combat de chaque jour et une leçon à chaque épreuve dont on ressort to...