🩶Silver Ring Game🩶 ✦Tome 1: The Last Human✦

🩶✧Chapitre 4✧🩶

Après que le feu se fit déclencher, la flèche et le message s'éteignirent pour laisser place à l'obscurité, triste et troublée par des reflets rouges lumineux qui reflétaient l'incendie pourtant très loin. Enfin, l'obscurité n'était pas totale. En effet, au sol, un éclat attira le regard de Jenny. Une boussole. Elle la ramassa. Elle n'en avait jamais vue dans la vraie vie mais elle savait à quoi ça servait grâce aux livres d'histoires qu'elle avait étudié. Il s'agissait d'un instrument de navigation constitué d'une aiguille magnétisée qui s'alignait sur le champ magnétique de la terre. Elle indiquait donc constamment le nord.

Et puis, resté au sol, elle remarqua une assiette remplie de pommes de terres et de poissons, accompagnée d'un autre message : "Nourriture et repos : voilà la clé de la survie." Jenny n'avait jamais été une fane de poisson, mais n'avait pas mangé de vrai repas depuis bien trop longtemps pour s'en soucier. Elle ne se posa même pas de question quand elle se rendit compte que le plat était chaud. Elle en avait marre de réfléchir. Après avoir gobé le contenu de son assiette, elle saisit la boussole et la mit dans sa poche. Elle allait sans doute en avoir besoin le lendemain, mais l'heure était au repos. Elle se sentait tellement épuisée... Bien plus qu'elle ne l'avait jamais été. Ça n'était pas normal. Des ombres se mirent à danser devant ses yeux. Un dernier regard à son assiette vide lui fit comprendre que ce qu'elle venait de manger contenait forcément un somnifère. Était-ce un piège ? Venait-t-elle de perdre le jeu ? Y avait-il une énigme à résoudre à propos de la boussole qui aurait du lui faire comprendre qu'elle ne devait pas toucher à la nourriture ? Si c'était le cas, alors le message contredisait cette théorie en affirmant que la nourriture et le repos était la clé de la survie. Avait-elle mal saisi le sens de cette phrase ? Trop de questions et pas assez de réponses. Les ombres dansantes devinrent un voile bien trop confortable pour tenter de lutter. Jenny n'avait plus qu'une envie : dormir. Dormir et s'évader de tout ça. Elle aurait tellement souhaiter disparaître... Ne plus exister. Ne plus rien ressentir. Elle aurait voulu ne jamais se réveiller. Peut-être était-ce qui allait arriver ? Peut-être était-elle morte et que le repas qu'elle avait mangé était empoisonné ? Elle ne voulait même plus savoir. Elle se concentra sur l'obscurité qui l'entourait. Le noir à perte de vue. Une absence de couleur apaisante. Une tranquillité des plus déconcertantes. Elle se sentait bien. Si bien...

Cependant, une lumière aveuglante la poussa à ouvrir les yeux : elle était réveillée. 

Elle était toujours vivante. 

Elle tenta de repousser sa déception avec courage et force mentale se rappelant son but. Ses yeux s'habituèrent petit à petit à la violente clarté qui l'entourait, puis elle retrouva ses autres sens et eut l'impression que tous ses muscles se déchiraient en même temps. Elle poussa un cri quand elle se rendit compte qu'elle était en plein milieu de de la neige. Il y avait de la neige partout. À droite, à gauche, devant, derrière... De la neige à perte de vue, un désert blanc et froid. Hostile aussi. Elle ignorait combien de temps elle était restée dans ce monde chaleureux et sombre et regretta de ne plus en faire partie, et elle se demandait également comment elle avait atterrit ici. Elle se leva -non sans tituber- et tourna sur elle même pour tenter de trouver quelque chose. Mais il n'y avait rien que du blanc à perte de vue. Tout semblait irréel. Même le ciel. Perplexe, elle décida d'avancer mais trébucha, tombant à plat ventre dans un lit de neige. Un frisson glacé lui parcourut l'échine. En se levant, elle remarqua sur quoi elle avait trébuché. Un bouchon de bouteille en verre se laissait apercevoir bien que la neige l'avait presque entièrement recouverte. Elle creusa frénétiquement, des morceaux de givre glacé rentrant dans ses ongles et lui tirant une grimace. Cela lui rappelait la fois où elle avait jardiné avec sa mère en rentrant d'une journée plutôt mouvementée au lycée. En effet, après avoir obtenu la note maximal au test de mathématiques ayant sept ans d'avance, ses camarades, jaloux, s'étaient mis à la traiter de monstre, d'alien... Elle savait qu'elle n'était pas comme eux mais ça la vexait tout de même. Sa maman, inquiète de la voir aussi bouleversée lui avait proposé une activité qui lui ferait oublier un instant à quel point son cerveau pouvait se montrer terriblement intelligent à un tel point que ça effrayait Jenny elle même. Ça avait fonctionné. En déterrant ces racines abimées, elle s'est sentie normale. Elle faisait quelque chose que les enfants de son âge aimaient faire : creuser dans la boue. Bien que les résidus de terres restés dans ses ongles l'avaient stressée toute la semaine elle avait aimé. Pour ne pas dire adoré. Et la voir sourire avait fait plaisir à sa mère... Elle lui manquait... En sortant la bouteille de la neige, Jenny se surprit en train de pleurer. Tout ce qu'il s'était passé les jours précédents la dépassait totalement. Elle ne savait même plus comment elle se sentait. Était-elle triste ? Énervée ? Elle n'en savait rien. Non, le sentiment qu'elle éprouvait était plutôt un mélange de perplexité et de choc. Et c'est comme si elle tentait de se convaincre que rien était réel. Elle voulait pourtant venir à bout de ces énigmes pour enfin accéder à son but. Elle voulait finir le jeu si s'en était un. Prouver à celui qui tentait de la testait et à elle même qu'elle en était capable.

 Elle allait y arriver. 

Elle ouvrit donc la bouteille et y découvrit une carte. Rien que ça. Pas de messages codés cette fois ci. C'était une carte de l'île Ward Hunt. Jenny connaissait cette île. Il s'agissait d'une île du nord du canada. Elle avait une superficie de 13,9km2 et se situait dans l'océan Arctique. Elle était pourtant sure de s'être endormie la veille, dans les alentours de Seattle, soit vers Washington. Ce qui voulait dire qu'une distance folle de 2500 kilomètres la séparait de là où elle avait trouvé le sommeil. Si son raisonnement était juste, ce trajet aurait pu être possible en une nuit par avion car il pouvait en effet varier entre 6 et 10h en fonction des conditions de vol. 

Mais avait elle vraiment dormit seulement une nuit ? 

Une éternité semblait s'être déroulée durant son voyage dans l'obscurité. Tout cela lui semblait terriblement fou, mais rien ne l'était plus que ce qu'elle comprit finalement après avoir analysé la carte : une croix indiquait un point très loin de là où elle devait se trouver. 

L'effroi s'empara de sa conscience. 

Elle ne possédait qu'une boussole et une carte. Et elle allait devoir, seule, sans aucun moyen de transport, se rendre au pôle nord...