Chapitre 1 - Naissance

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Les premiers jours après leur retour à Emnaralda avaient été emplis de confusion et d'incertitude pour la reine T'avili. Éveillée d'un sommeil troublé, elle se trouvait plongée dans un monde où son propre destin, ainsi que celui de ses enfants à naître, lui échappait complètement. Ce matin-là, lorsqu'elle ouvrit les yeux pour la première fois depuis l'île des Cyclopes, elle se tourna vers son mari, le roi Tavalo, son regard chargé d'inquiétudes.

Le roi se trouvait assis près du lit, une ombre pesante dans ses yeux argentés. Il lui tendit doucement un verre de liquide turquoise, un remède bienfaisant de leur peuple elfique. « Bois, T'avili, cela te fera du bien. »

Elle prit le verre, mais son esprit était déjà ailleurs, en proie à mille questions. Le silence entre eux était lourd, jusqu'à ce que le roi rompe enfin le mutisme :

« Nous devons parler. »

T'avili fronça les sourcils. Le ton de son mari la mettait mal à l'aise. Elle sentait que ce qu'il s'apprêtait à dire n'était pas une simple conversation.

« Pendant que tu dormais, Caramel et moi t'avons emmenée devant le roi Anar et la reine Manra. Nous cherchions à comprendre ce qui t'était arrivé. » Il fit une pause, cherchant les mots justes. « Ils m'ont révélé quelque chose d'inattendu. Une prophétie. »

À ce mot, le sang de T'avili se glaça. « Une prophétie ? » répéta-t-elle, ses yeux élargis de stupeur. « Nous ont-ils fait une prophétie ? »

Tavalo hocha lentement la tête. « Oui... Ils m'ont dit que nos vies allaient être profondément perturbées. » Il inspira profondément avant de continuer. « L'un de nos enfants sera enlevé par un malfaiteur lors d'un grand conseil, un être dont nous ne connaissons ni l'identité ni les intentions précises. Et, pour que la paix revienne à Luciaque, nos deux jumeaux devront se retrouver. »

T'avili resta immobile, ses mains tremblant légèrement autour du verre qu'elle n'avait même pas touché. Une colère sourde monta en elle, d'abord silencieuse, puis de plus en plus bruyante dans son esprit. « Non, » murmura-t-elle, secouant la tête comme pour refuser l'idée même.

« T'avili... » commença Tavalo doucement, mais elle le coupa immédiatement.

« Non, je refuse, » dit-elle, sa voix se faisant plus forte, presque tranchante. Elle se redressa, posant le verre avec fermeté sur la table de chevet, ses yeux émeraudes flamboyant de défi. « Personne ne touchera à mes enfants, Tavalo. Je refuse de me soumettre à une prophétie absurde dictée par des forces que je ne contrôle pas. » Sa respiration devint rapide et saccadée.

Tavalo, voyant la tension croissante chez sa femme, tenta de la calmer. « Ma reine, c'est une prophétie. Nous ne pouvons pas la changer. C'est un destin qui dépasse notre entendement. »

Mais T'avili, en proie à la panique, ne l'entendait plus. « *Destin* ? Qui sont ces Cyclopes pour décider du sort de mes enfants ? » Elle se leva du lit, les mains sur son ventre encore rond et tendu, ses yeux lançant des éclairs de détermination et de révolte. « Je ne veux pas de ce destin, Tavalo. Et je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour empêcher que cela arrive. »

Tavalo se leva aussi, inquiet devant cette énergie incontrôlée. Il s'approcha d'elle et tenta de la prendre dans ses bras, mais elle le repoussa. « T'avili, écoute-moi. Je comprends ta peur, mais ce n'est pas en niant la prophétie que nous pourrons protéger nos enfants. Nous devons nous y préparer, ensemble. »

« Non ! » s'exclama-t-elle avec force. « Je ne laisserai pas cette prophétie nous priver de nos enfants. Tu m'entends ? Nous avons le pouvoir de changer les choses. Je vais les protéger, quoi qu'il en coûte. »

Julie et JulianOù les histoires vivent. Découvrez maintenant