chapitre 3 - Enlèvement

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Le Conseil touchait à sa fin après plusieurs heures de discussions animées. L'heure était grave, mais l'union des peuples de Luciaque avait été décidée. Alors que la tension semblait enfin retomber, la Reine, d'un regard complice avec son mari, se leva pour annoncer une surprise inattendue.

« Bien. Maintenant, avant de clore cette session, je voudrais vous présenter deux personnes très spéciales. »

Elle quitta la salle sous les regards curieux et impatients des chefs et des souverains réunis. Un murmure d'expectative parcourut l'assemblée. Les rois et reines, les chefs et guerriers, attendaient la suite avec une certaine curiosité.

Après quelques minutes, la Reine revint, portant dans ses bras deux nourrissons emmaillotés dans des étoffes précieuses. À ses côtés, Tavalo, le Roi des Elfes, se tenait fièrement, un sourire radieux illuminant son visage d'ordinaire sérieux.

« Mes amis, je vous présente Julie et Julian, nos héritiers ! » déclara-t-il d'une voix empreinte de fierté.

L'annonce provoqua une vague de murmures admiratifs. Des félicitations et des applaudissements s'élevèrent bientôt dans toute la salle du Conseil. Les dirigeants des différentes nations souriaient, la guerre oubliée un instant pour célébrer la nouvelle génération elfique qui venait d'être dévoilée. Le futur du royaume elfe, symbolisé par ces deux petits êtres, représentait l'espoir de paix et de continuité.

L'impératrice Emmée s'inclina légèrement, son visage souriant malgré la gravité de la situation. « Qu'ils sont beaux... Comme leur mère », dit-elle avec douceur.

Le Roi Esios, toujours sévère, se radoucit en voyant les enfants. « Les dieux ont béni votre famille, » murmura-t-il respectueusement.

Un chef, plus éloigné, s'exclama avec enthousiasme : « Quel âge ont-ils ? »

Tavalo, toujours fier, répondit sans hésitation : « Cinq mois aujourd'hui même. »

Un léger éclat de rire traversa l'assemblée, une rare légèreté en ces temps troublés. Le Conseil de guerre était presque suspendu dans ce moment de tendresse, comme si le poids des décisions à venir s'effaçait quelques instants devant la pure innocence de ces enfants.

« Ils sont vraiment magnifiques, » ajouta la Reine Assisas avec un sourire.

Le Roi et la Reine Elfiques, après avoir échangé des regards complices, décidèrent qu'il était temps de clore cette réunion.

« Mes amis, nous vous remercions pour votre présence et vos efforts d'aujourd'hui. Nous avons encore bien des batailles à mener, mais pour l'instant, le Conseil est levé. Rejoignez vos armées et préparez-vous à ce qui vient. »

L'assemblée se leva dans un murmure de respect, chacun se retirant lentement, non sans jeter un dernier coup d'œil aux jumeaux royaux avant de sortir. Les portes massives de la salle du Conseil se fermèrent dans un lourd silence, scellant pour la nuit les décisions cruciales qui avaient été prises.

Le jeune couple royal elfique retourna ensuite dans leurs appartements privés, la fatigue se lisant sur leurs visages, mais aussi une satisfaction après cette longue journée. Les armées des différentes factions étaient déjà en mouvement, se dirigeant vers les deux campements désignés. Des centaines de guerriers, mages, et archers étaient mobilisés, prêts à défendre leurs royaumes contre les hordes d'Anthropophages.

Tavalo et son épouse observèrent un moment, depuis le balcon de leurs appartements, les flots incessants de soldats se déplacer sous la lueur du crépuscule. La guerre approchait, mais pour cette nuit, ils pouvaient enfin trouver un peu de répit.

« Nous avons fait ce que nous devions faire, » murmura la Reine, en prenant doucement la main de son époux.

Tavalo hocha la tête, ses yeux suivant encore le mouvement des armées. « Oui, mais demain... demain tout commencera. »

La Reine lui sourit doucement avant de l'entraîner à l'intérieur. Ils avaient besoin de repos, tout comme leurs enfants, qui les attendaient dans la chambre voisine, paisiblement endormis.

La nuit tomba lentement sur Luciaque, enveloppant le palais dans une obscurité paisible. Dans les appartements du couple royal, le silence régnait. Julie et Julian, dans leurs petits berceaux, dormaient à poings fermés, protégés par la douce lueur de la lune filtrant à travers les rideaux. Leurs parents, épuisés par cette longue journée de préparation, étaient eux aussi profondément endormis.

Mais quelque chose d'inquiétant flottait dans l'air. Un souffle lourd, presque imperceptible, traversa les murs du palais. Soudain, une ombre massive se glissa dans la chambre, comme un prédateur furtif dans la nuit. L'atmosphère changea, devenant plus oppressante.

Une créature titanesque avançait silencieusement entre les colonnes sculptées, ses écailles scintillant faiblement dans la pénombre. Ses pas, pourtant lourds, ne faisaient aucun bruit. Seule une vague lueur dorée émanait de ses yeux. Il s'agissait d'un dragon, mais pas n'importe lequel. C'était Yanaska, le Roi des Dragons, une créature que le Roi et la Reine connaissaient bien.

Mais pourquoi Yanaska, une créature aussi noble que dangereuse, se trouvait-il là, en plein milieu de la nuit, dans les appartements royaux ? Ses intentions étaient-elles amicales ou hostiles ? Ces questions restaient suspendues dans l'air tandis que l'énorme créature avançait lentement vers les berceaux des jumeaux.

Soudain, un grand bruit se fit entendre. Un vase, qu'il avait malencontreusement heurté avec sa queue massive, tomba au sol dans un fracas assourdissant. Le son réveilla en sursaut le couple royal.

Tavalo se redressa immédiatement, les sens en alerte. À ses côtés, la Reine, les yeux écarquillés, tenta de comprendre ce qu'il se passait. Ils échangèrent un regard d'horreur en voyant la silhouette immense de Yanaska près des enfants.

« Yanaska ! Que fais-tu ici ? » lança le Roi d'une voix autoritaire, bien qu'une pointe de panique transparût dans son ton.

Mais le dragon, impassible, ne répondit pas. Il s'approcha encore des berceaux. En une fraction de seconde, il saisit l'un des deux nourrissons, Julian, dans ses griffes puissantes, et avant que Tavalo ou la Reine ne puisse réagir, il disparut dans la nuit.

Le vent s'engouffra par la fenêtre ouverte, laissant derrière lui une chambre en désordre et un silence assourdissant.

« Non ! » hurla la Reine, sa voix déchirante résonnant dans toute la pièce.

Tavalo, le souffle court, s'élança vers la fenêtre, mais il était trop tard. Le ciel nocturne était vide. Yanaska et l'enfant avaient déjà disparu.

Julie et JulianOù les histoires vivent. Découvrez maintenant