Julie et Julian

Préambule

Cela faisait maintenant dix ans que Tavalo et T'avili, souverains des Elfs Roux, régnaient sur Emnaralda avec sagesse et bienveillance. Leur peuple, qui avait survécu aux assauts des Anthropophages, se reconstruisait lentement sous leur égide. Pourtant, une nouvelle menace grandissait dans l'ombre, et Tavalo, soucieux de la paix fragile de Luciaque, décida qu'il était temps de rallier les peuples pour se préparer à une nouvelle guerre contre ces créatures redoutables.

Ce fut lors d'un de ces voyages diplomatiques, à travers le vaste continent de Luciaque, que leur destin prit un tournant inattendu.

Ils avaient embarqué à bord d'une maison de transfert, un mode de transport magique conçu pour les dirigeants et voyageurs de haut rang, afin de discuter avec les autres peuples des préparatifs pour la guerre. Le trajet devait les mener vers les contrées du nord, mais une soudaine secousse fit dévier leur trajectoire. Une onde de magie gronda dans l'air, ébranlant les murs de la maison de transfert et interrompant brutalement le processus.

En sortant, Tavalo et T'avili s'observèrent avec inquiétude, l'atmosphère étrange les enveloppant.

— Où sommes-nous ? demanda T'avili, le regard scrutant l'horizon.

Tavalo fronça les sourcils, analysant les environs.

— Je ne sais pas, répondit-il lentement. Mais il semble que nous sommes près de la Terre Interdite... et en pleine mer d'Idunah.

T'avili eut un frisson à cette mention. La Mer d'Idunah était réputée pour ses eaux inhospitalières et mystérieuses. Ses rives étaient presque inexplorées, même par les Elfes, gardiennes de secrets anciens et redoutés.

— J'espère que nous allons rencontrer que...

Avant qu'elle ne puisse terminer sa phrase, une voix étrange retentit derrière eux.

— Bonjour ! Je m'appelle Caramel, et vous, qui êtes-vous ?

Les deux elfes se retournèrent, face à une silhouette singulière. Caramel, un géant à l'œil unique brillant de curiosité et de bonté naïve, se tenait là, souriant.

— Nous sommes des Elfes Roux, répondit Tavalo, avec méfiance. Je m'appelle Tavalo, et voici ma femme, la Reine T'avili. Nous venons d'Emnaralda. Et vous ? De quelle espèce êtes-vous ?

Caramel éclata de rire.

— Oh ! J'oubliais. Je suis un Cyclope, de l'île d'Idunah. Comment êtes-vous arrivés ici ?

— Il y a eu une secousse, notre voyage a été interrompu, expliqua T'avili.

Tout d'un coup, la Reine chancela et s'effondra, inconsciente. Tavalo se précipita à ses côtés, pris de panique.

— T'avili ! T'avili, réveille-toi, je t'en prie ! cria-t-il. Caramel, aidez-moi !

Le Cyclope se précipita pour la soulever délicatement.

— Ne vous inquiétez pas. Je vais l'emmener auprès de mon roi et ma reine, expliqua-t-il. Suivez-moi.

Tavalo, inquiet mais résolu, emboîta le pas de Caramel à travers l'île inconnue.

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La marche fut longue et sinueuse, au milieu de terres de bronze et de pierres imposantes. Après plusieurs minutes, ils atteignirent une gigantesque porte, protégée par des gardes cyclopéens.

— Sigaine ! Qui êtes-vous ? demanda l'un des gardes.

Caramel répondit rapidement, expliquant la situation, et les gardes les laissèrent passer. Ils pénétrèrent alors dans un couloir immense, tout en bronze, jusqu'à une nouvelle porte massive, plus impressionnante encore.

À l'intérieur, une majestueuse salle trônait sous leurs yeux, remplie de métaux précieux. Au centre, se dressaient deux trônes, occupés par le Roi Anar et la Reine Manra, souverains des Cyclopes.

— Monizama men ! salua Caramel. Ces elfes sont arrivés accidentellement sur nos terres. Voici Tavalo, roi d'Emnaralda, et sa femme, T'avili. Elle a perdu connaissance.

La Reine Manra regarda Tavalo avec une étrange douceur.

— Je sens quelque chose pour votre femme... murmura-t-elle.

Le Roi Anar prit alors la parole, sa voix résonnant avec autorité.

— Les Cyclopes ont le don de prophétie, et ma femme vient d'avoir une vision...

Tavalo, abasourdi, resta silencieux, écoutant avec attention. Anar eut un sourire énigmatique avant d'annoncer la nouvelle bouleversante :

— Votre femme est enceinte... d'un garçon et d'une fille.

Tavalo recula sous le choc.

— Comment ? Je... je ne le savais pas !

Caramel sourit doucement.

— Cela arrive parfois aux voyageurs pris dans les tempêtes magiques, dit-il.

Le Roi Cyclope s'avança, un air grave sur le visage.

— Mais cette naissance n'est pas ordinaire. Nous devons vous faire une prophétie, Roi Tavalo. Il est écrit que dans un futur proche, la paix que vous avez gagnée sera à nouveau menacée par le retour des Anthropophages. Vous réunirez un conseil, mais parmi les dirigeants, il y aura un traître, un être qui cherchera à détruire non seulement les humains, mais votre espèce aussi. Vos jumeaux, Julian et Julie, joueront un rôle crucial dans cette lutte, mais l'un d'eux sera enlevé par un peuple que nous ne connaissons pas encore.

La Reine Manra conclut avec solennité.

— Seule l'union des jumeaux pourra restaurer la paix à Luciaque. Jusqu'à ce moment, le chaos régnera.