Chapitre 2 Le plan

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Quelques minutes après que Marceau eut sélectionné sa sœur dans le catalogue, ses parents s'approchèrent de lui, un sourire satisfait aux lèvres. "Marceau," commença sa mère, "nous avons une grande nouvelle à t'annoncer." Son cœur battait la chamade à l'idée de ce qu'ils allaient dire. "La dépendance te appartient entièrement. C'est ton espace, et tu es libre de l'aménager comme tu le souhaites."

Marceau n'en revenait pas. La dépendance, un espace de 120 mètres carrés brut, s'étendait devant lui comme une toile vierge. Les murs, encore marqués par les bandes de joints, lui offraient un potentiel infini. Le sol, en béton nu, avait besoin de chaleur et de couleurs. Les fenêtres fixes laissaient passer la lumière, mais ne permettaient pas d'ouvrir l'espace sur l'extérieur. C'était à la fois rassurant et inquiétant ; cet endroit serait entièrement à lui.

Le couloir reliant la dépendance à la maison principale était sécurisé, avec deux portes blindées. Pour passer de l'une à l'autre, il fallait fermer la première avant d'ouvrir la seconde, empêchant ainsi quiconque d'entrer ou de sortir sans que Marceau ne le remarque. C'était un détail qui lui plaisait, renforçant son sentiment de contrôle sur cet espace.

Alors qu'il observait les murs vides et le sol en béton, une réflexion traversa l'esprit de Marceau. Ce projet n'était pas qu'une simple aventure ; c'était un défi, une opportunité de prouver qu'il pouvait gérer une autonomie qui, à ses yeux, dépassait son âge. Chaque coin de la dépendance serait aménagé selon ses désirs, chaque meuble serait choisi avec soin pour répondre aux besoins de Charlotte. Marceau se sentait prêt à transformer cet espace brut en un véritable cocon, un environnement où il pourrait veiller sur sa sœur tout en s'affirmant dans son rôle de grand frère.

Alors qu'il observait les murs vides et le sol en béton, une idée s'installa dans l'esprit de Marceau. Transformer ma sœur en bébé, pensa-t-il avec un sourire malicieux. Ce serait comme avoir un nouveau jouet ! Il imaginait tout ce qu'il pourrait faire. Si Charlotte était un bébé, je pourrais décider de tout : ce qu'elle mange, quand elle dort, et comment elle joue. L'idée le réjouissait.

Elle n'aura pas son mot à dire, se dit-il en riant intérieurement. Si elle ne veut pas manger, tant pis, elle attendra son prochain repas. C'était un plan excitant. Les autres enfants jouent à des jeux de société ou à des jeux vidéo. Moi, je vais jouer à être le grand frère et à prendre soin de mon jouet.

Marceau se leva, l'imagination en pleine effervescence. Il faudrait une chaise spéciale pour elle, pensa-t-il. Pas une comme celles des grands, mais une qui la maintiendrait bien, avec des sangles pour qu'elle ne tombe pas. Et des jouets doux et colorés, plein de textures à toucher ! Il imaginait un coin de jeu où elle pourrait s'amuser sans faire trop de bruit. Pas de jouets qui font du bruit, sinon je ne pourrai pas me concentrer.

Il rêvait de chaque détail, depuis la couleur des murs jusqu'à l'endroit où serait sa chaise. Ça pourrait être comme un petit royaume à nous deux, se dit-il avec enthousiasme. Une fois que tout sera en place, Charlotte n'aura besoin de rien d'autre. C'était parfait pour lui.

Le temps semblait s'étirer alors qu'il imaginait tout ce qu'il ferait. Je vais être le meilleur frère du monde ! Un frisson d'excitation parcourut son corps. Personne ne pourra l'embêter ici, et je pourrai la garder pour moi. Marceau se sentait fort et important, comme s'il était déjà en train de construire un monde où il serait le maître.

Il retourna vers ses parents, le regard pétillant d'enthousiasme. Ça va être génial ! se dit-il, prêt à se lancer dans cette aventure qu'il avait choisie.

La voiture de la famille s'arrêta devant l'orphelinat, un bâtiment aux allures lugubres qui semblait lutter contre le poids des années. Ses murs jaunis par le temps, ponctués de fissures, trahissaient un manque criant d'entretien. Un silence pesant régnait, seulement perturbé par le grincement métallique d'une vieille porte qui donnait accès à l'intérieur.

Les Fils InvisiblesWhere stories live. Discover now