Chapitre 5:La semaine suivante

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Les jours qui suivirent l'accident dans le parc virèrent doucement vers une routine bien orchestrée par Marceau, où chaque geste, chaque parole avait un but précis. Charlotte, encore trop jeune pour comprendre la subtilité de la manipulation, se laissait guider, enveloppée par le sentiment réconfortant d'avoir son grand frère à ses côtés.

Jour 1 : La mise en place

Charlotte se réveilla en sursaut, légèrement désorientée. Les rayons du soleil filtraient à travers les rideaux de sa chambre, et elle se tourna dans son lit, sentant immédiatement la présence inconfortable de la couche qui l'enveloppait. Elle resta immobile, confuse, songeant brièvement à l'accident d'hier. Ce matin, une part d'elle espérait que tout redevienne comme avant, que cette sensation d'humiliation disparaisse.

Marceau entra doucement dans sa chambre, avec un sourire qui semblait bienveillant. Il s'approcha d'elle avec calme, comme s'il devinait ses pensées. "Tu t'es bien reposée ?" demanda-t-il, d'une voix douce.

Charlotte hocha la tête, sans dire un mot. Elle voulait protester, demander à ne plus porter cette couche qui la mettait mal à l'aise, mais les événements de la veille lui revenaient en mémoire, et le souvenir de ses parents, la réprimandant après l'accident, la fit hésiter. Elle n'avait pas envie de subir à nouveau leurs regards lourds de reproches. Elle avait encore plus peur de ce qu'ils pourraient dire s'ils savaient qu'elle avait eu un autre accident.

Marceau la devança, comme toujours. Il retira délicatement la couverture et la changea avec soin, son regard se posant sur Charlotte avec une fausse compassion. Il agissait comme un parent, bienveillant, aimant, mais ses gestes trahissaient un contrôle accru. Charlotte se laissa faire, le cœur lourd. Chaque mot qu'il prononçait la rassurait, lui rappelant que tout cela était "normal", "pour son bien". Pourtant, une petite voix intérieure murmurait qu'il y avait quelque chose de mal à tout cela. Mais elle n'arrivait pas à mettre de mots dessus.

Lorsqu'il eut terminé de la changer, Marceau lui tendit un jouet en plastique coloré – une petite peluche qui semblait destinée aux tout-petits. Charlotte la prit sans réfléchir, les yeux baissés, une vague de gêne la traversant. Mais elle n'osa pas dire non.

"Je t'ai préparé une belle tenue pour aujourd'hui," ajouta Marceau en sortant de l'armoire un legging pastel et un body avec des motifs enfantins. "Avec ça, tu seras à l'aise. Et on évitera d'abîmer tes vêtements. Tu te souviens ce qui s'est passé hier..."

Charlotte acquiesça timidement. L'idée d'avoir un autre accident, que ses parents le découvrent, l'effrayait encore. Marceau poursuivit d'une voix rassurante : "Tu sais, c'est notre petit secret. Si tu portes ça, personne ne saura. Tu n'auras pas à t'inquiéter, tu seras toujours au sec, quoi qu'il arrive."

Elle se mordit la lèvre, le regard rivé sur le sol. Elle savait que tout cela la rendait un peu plus dépendante de lui. Elle se sentait perdue, mais chaque argument de Marceau paraissait si logique, si irréfutable. Si elle acceptait, elle éviterait les critiques de leurs parents. Ce n'était pas si mal, après tout.

Elle hocha la tête, résignée. Marceau la changea en silence, veillant à ce que chaque détail soit parfaitement exécuté. Il scella la couche avec du gros scotch, comme à son habitude. Pour lui, c'était une assurance supplémentaire que Charlotte ne pourrait pas défaire la couche elle-même. À chaque geste, il prenait un peu plus de contrôle sur elle, mais extérieurement, il restait toujours bienveillant, compatissant.

Jour 2 : L'institution de la routine

Le lendemain, le rituel recommença. Charlotte se réveilla et Marceau fut là, toujours avec son sourire calme. Cette fois, elle ne protesta même pas. La veille, elle avait senti toute la journée cette couche comprimée sous ses vêtements, un rappel constant de sa dépendance nouvelle. Mais à chaque fois qu'elle pensait s'en débarrasser, l'idée des remarques acerbes de ses parents revenait, et elle préférait encore ce secret partagé avec son frère.

"Prête pour une nouvelle journée ?" demanda-t-il en ouvrant la porte de sa chambre, la voix pleine d'enthousiasme.

Charlotte se contenta de hocher la tête. Elle sentait une forme de soulagement étrange dans cette routine. Elle n'avait plus à s'inquiéter d'avoir des accidents, ni à affronter les regards accusateurs de leurs parents. Cela ne voulait pas dire qu'elle aimait porter des couches, mais le réconfort que Marceau lui apportait, la protection qu'il semblait lui offrir, était suffisant pour la convaincre de continuer.

Marceau la changea de nouveau, choisissant pour elle une tenue similaire à celle de la veille. Il veillait toujours à lui faire porter des vêtements ajustés, compressant légèrement la couche. À chaque fois qu'elle marchait, Charlotte ressentait ce rappel discret mais constant de son état.

Toute la journée, il continua de jouer avec elle, lui proposant des jeux qui lui semblaient de plus en plus enfantins. Pourtant, Charlotte ne protestait pas. Elle se laissait prendre au jeu, encore hésitante, mais trop influencée par les paroles rassurantes de son frère pour contester quoi que ce soit.

Jour 3 : La passivité grandissante

Au troisième jour, Charlotte commençait à s'habituer à cette nouvelle réalité. Elle se réveillait, sachant exactement ce qui allait se passer. Marceau serait là, il la changerait, choisirait ses vêtements, et elle passerait la journée sous sa surveillance constante. Il veillait à ce qu'elle ne quitte jamais trop son regard, l'accompagnant dans chaque activité.

"Je m'occupe de toi, ne t'inquiète pas," répétait-il souvent, avec ce ton doux mais intrusif. "Tu n'as qu'à me faire confiance."

Charlotte commençait à l'accepter, sans vraiment réfléchir aux implications. Elle se sentait soulagée d'avoir cette figure rassurante à ses côtés. Mais un sentiment de malaise persistait, quelque part, enfoui dans les tréfonds de son esprit.

Marceau, lui, voyait son plan se dérouler exactement comme il l'avait imaginé. Charlotte, malgré ses réticences initiales, se soumettait lentement à ses règles. Chaque jour qui passait, elle devenait un peu plus docile, un peu plus dépendante. Intérieurement, il jubilait. Pourtant, il veillait à ne jamais trahir cette satisfaction extérieurement, conservant cette façade de grand frère aimant et protecteur.

Jour 4 : Le doute émerge

Le quatrième jour, pour la première fois depuis le début de cette nouvelle routine, Charlotte commença à se poser des questions. En se regardant dans le miroir, vêtue de ses habits que Marceau avait choisis pour elle, elle se demanda si tout cela était vraiment normal.

"Je ne devrais peut-être plus porter ça..." murmura-t-elle timidement, la voix hésitante.

Marceau l'entendit. Il s'approcha d'elle, posant une main légère sur son épaule. "C'est normal de te poser des questions," dit-il d'une voix apaisante. "Mais rappelle-toi, tout ça, c'est pour ton bien. Tu ne veux pas revivre ce qui s'est passé l'autre jour, n'est-ce pas ?"

Charlotte baissa la tête, incapable de trouver une réponse. Elle se souvenait des cris de ses parents, de leur colère après l'accident. Elle se souvenait de la honte. Marceau avait raison. Elle ne voulait pas revivre ça.

"Et puis," continua-t-il, "comme ça, tu es toujours tranquille. Tu n'as plus à t'inquiéter de rien. Personne ne saura si tu as un petit accident."

Elle acquiesça finalement, vaincue. L'argument semblait imparable.


Les Fils InvisiblesWhere stories live. Discover now