Les Fils Invisibles

Chapitre Sans Titre 7

Les jours précédents avaient filé comme dans un rêve étrange pour Charlotte. La routine instaurée par Marceau s'était imposée doucement, sans qu'elle ne ressente vraiment le moment où elle avait cessé d'avoir son mot à dire. Ce matin-là, comme tous les autres, il l'avait aidée à se préparer. Mais quelque chose dans son comportement était différent, presque imperceptible. Un sourire plus contrôlé, des gestes plus mécaniques, une attention exagérément douce qui masquait une tension sous-jacente.

Lorsqu'ils quittèrent la maison principale pour se rendre à la dépendance, Marceau était resté aussi affable qu'à son habitude. "Tu vas adorer cet endroit, tu verras," dit-il d'un ton léger. Il avait habillé Charlotte avec soin ce matin-là : un body, une robe à fleurs légère, et des chaussettes assorties. Il tenait sa main fermement, comme un frère protecteur. Charlotte, bien qu'un peu nerveuse, s'efforça de se convaincre qu'il savait ce qui était le mieux pour elle. "Il veut seulement que je sois heureuse," pensa-t-elle.

Quand ils atteignirent la porte de la dépendance, quelque chose changea. Marceau relâcha sa main, sortit une clé de sa poche et l'introduisit dans la serrure. Son sourire s'effaça, laissant place à une expression froide et déterminée. Charlotte sentit un frisson lui parcourir l'échine. "Entre," dit-il simplement, sa voix plus dure qu'elle ne l'avait jamais entendue.

L'intérieur de la dépendance était à l'opposé de la maison principale. C'était un espace impeccablement ordonné, mais froid, presque clinique. Tout semblait avoir été arrangé avec une intention précise. Charlotte scruta la pièce, cherchant un indice qui pourrait lui expliquer ce qui se passait. Mais rien n'y faisait. Elle se tourna vers Marceau, cherchant son regard rassurant, mais il était déjà occupé à verrouiller la porte derrière eux.

"Marceau, pourquoi on est ici ?" demanda-t-elle, sa voix tremblante.

Il se retourna lentement, son visage désormais dénué de la moindre chaleur. "C'est ici que tu vas rester désormais, Charlotte," déclara-t-il calmement. "Tu as vu à quel point les choses étaient compliquées dans la maison. Ici, tu seras mieux, en sécurité, et surtout... sous contrôle."

Charlotte sentit son cœur s'accélérer. Elle ouvrit la bouche pour protester, mais il l'interrompit. "Écoute-moi bien. Chaque règle que j'ai instaurée jusque-là, chaque chose que j'ai faite, c'était pour ton bien. Et tu l'as accepté, non ? Tu m'as fait confiance, alors fais-moi confiance encore une fois." Sa voix était douce, mais l'autorité qu'il dégageait était implacable.