✨Chapitre 2✨

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Les jours se transformaient en semaines, et je réalisais que le temps avait pris une dimension étrange dans cet hôpital. Chaque minute s'étirait, et pourtant, chaque jour filait sans que je puisse vraiment le saisir. Le monde à l'extérieur continuait de tourner, mais à l'intérieur de ces murs, la vie semblait figée dans un éternel présent. Les couleurs s'étaient estompées, laissant place à une palette de gris où l'espoir et la peur s'entremêlaient.

L'infirmière, une femme d'une trentaine d'années au sourire bienveillant, était devenue une figure familière. Je me rappelle de son nom, Clara. Elle était toujours là, prête à répondre à mes questions, aussi insignifiantes soient-elles. « Combien de temps cela va-t-il durer ? » ou « Quelles sont les chances qu'elle s'en sorte ? » Ces questions, je les posais avec une voix tremblante, mais au fond de moi, je savais qu'aucune réponse ne pourrait apaiser mon angoisse.

Clara me regardait avec une compréhension silencieuse, comme si elle connaissait déjà le tourment qui rongeait mon cœur. Elle avait cette capacité à mettre des mots simples sur des réalités complexes. « Andrew, parfois, il faut simplement prendre les choses un jour à la fois. » Ces mots résonnaient dans mon esprit, mais leur poids semblait insupportable. Chaque jour, je devais me lever et faire face à la réalité, mais l'incertitude pesait lourdement sur mes épaules.

Les traitements d'Ashley étaient éprouvants. Je me souviens de ses visites au service de chimiothérapie, où je la voyais lutter contre la fatigue, les nausées, et une douleur qu'elle essayait de dissimuler derrière un sourire fragile. À chaque séance, je m'asseyais à côté d'elle, tenant sa main, comme une ancre dans la tempête. J'essayais de lui parler des choses banales, de ce qui se passait à l'école, de nos amis communs, mais les mots me semblaient souvent vides. Comment parler de la vie normale quand tout autour de nous était un champ de bataille ?

Les week-ends étaient les pires. Mes amis sortaient, se retrouvaient au parc, riaient et s'amusaient, tandis que moi, je me tenais aux côtés d'Ashley, cachant mes propres frustrations derrière un masque de sérénité. Les textos affluaient : « Andrew, où es-tu ? On s'inquiète ! » Je n'avais jamais su comment répondre. Je ne voulais pas leur parler de la maladie, de l'angoisse, de la solitude. C'était mon poids à porter, et je ne souhaitais pas les entraîner dans cette spirale de désespoir.

Un jour, après une chimiothérapie particulièrement difficile, je l'ai vue se perdre dans ses pensées. Assise sur son lit, elle regardait par la fenêtre, ses yeux reflétant une mélancolie que je ne savais comment apaiser. Je m'approchai d'elle et lui demandai doucement :

« Qu'est-ce que tu penses, Ash ? »

Elle tourna la tête vers moi, un sourire triste sur les lèvres. 

« Je me demande à quoi ressemble le monde en dehors de ces murs. Est-ce que les gens rient encore ? »

 Sa question m'a frappé comme une flèche. Je me suis rendu compte que, dans sa lutte contre la maladie, elle avait été dépossédée de la joie simple d'exister, de ressentir le soleil sur sa peau, de sentir l'herbe sous ses pieds.

« Bien sûr qu'ils rient ! » lui ai-je répondu, déterminé à lui redonner un peu de lumière. « Ils se moquent de la rentrée, ils parlent des matchs de foot... Tout continue, Ash. » 

Mais au fond de moi, je savais que ces mots ne suffisaient pas. Comment lui expliquer que la vie continuait de s'écouler alors que la sienne était suspendue dans un état de lutte constant ?

Les jours suivants, je pris la décision de lui apporter un peu de cette vie extérieure. J'ai commencé à remplir une petite boîte avec des souvenirs, des petites choses qui pourraient l'aider à s'évader. Des photos de nos amis, des dessins faits par nos cousins, même des bouts de papier sur lesquels j'avais noté des blagues idiotes. Je voulais créer un refuge, un espace où elle pourrait se replonger dans des souvenirs heureux, loin des traitements et de la douleur.

Une après-midi, alors qu'elle se reposait, je lui ai tendu la boîte. Elle l'a ouverte avec curiosité, et un sourire s'est dessiné sur son visage en découvrant les photos. Je lui ai raconté des histoires sur chacune d'elles : le jour où nous avions construit une cabane dans le jardin de nos grands-parents, les fous rires lors de nos sorties au parc d'attractions. Petit à petit, ses yeux brillaient d'une lueur de joie, une étincelle que je pensais avoir perdue à jamais.

« Tu te souviens de ce jour où on a failli se faire attraper par la pluie ? » m'a-t-elle demandé, un sourire espiègle sur les lèvres. 

Ce jour-là, nous avions ri si fort que les autres enfants nous regardaient avec des airs perplexes. Nous avions couru pour nous abriter sous un arbre, et même là, nous avions réussi à trouver un moyen de nous amuser. J'ai hoché la tête, partageant son rire, me rendant compte que ces souvenirs étaient des bouées de sauvetage dans notre tempête.

Les semaines continuèrent de passer, entre traitements et petits moments de répit. Je voyais la fatigue s'installer dans ses traits, mais il y avait aussi une résilience incroyable. Ashley ne se laissait pas abattre. Elle avait cette force en elle, une détermination à se battre qui me remplissait d'admiration et d'inquiétude à la fois. Je savais qu'elle devait puiser au fond d'elle-même pour continuer cette lutte, et je voulais être là pour l'aider, pour l'épauler.

Les médecins avaient commencé à parler d'une possible rémission. Bien que cela me remplisse d'espoir, une part de moi restait sceptique. L'angoisse du lendemain, de l'incertitude, était devenue une compagne silencieuse. Chaque jour était une victoire, mais je savais qu'il suffisait d'un instant pour que tout bascule à nouveau. Je ne pouvais m'empêcher de penser à la fragilité de la vie, à la beauté éphémère de chaque moment partagé.

Il y avait aussi ce moment, ce jour où j'ai décidé de parler à mes amis de ce que nous traversions. La première fois que je leur ai ouvert mon cœur, j'étais nerveux, craignant leur réaction. Mais leur soutien a été incommensurable. Ils sont venus me voir, apportant des sourires, des rires et même des jeux de société pour divertir Ashley. C'était un petit souffle d'air frais dans notre monde confiné.

Dans les jours qui ont suivi, j'ai réalisé que je n'étais pas seul dans cette bataille. Chaque rire partagé, chaque regard complice avec Ashley était une étape vers la guérison, une manière de redécouvrir la vie au milieu du chaos. À travers cette épreuve, j'ai compris que l'amour et l'amitié pouvaient véritablement transcender les plus sombres des moments. 

Cela nous a aidés à continuer, 

à espérer. 

Je savais que tant qu'Ashley se battait, je serais là, à ses côtés, prêt à affronter les ombres de l'incertitude, un jour à la fois.

☁️✨💉Le poids de la solitude💉✨☁️Où les histoires vivent. Découvrez maintenant