Chapitre 3

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«Maman est folle.»

Gamin, c'était ce que je disais aux copains quand ils venait jouer a la maison, et qu'ils apercevait ma mère dans sa chambre en train de danser en chantonnant, un pinceaux a la main avec lequel elle dessinait sur le mur.

Pour moi, y n'avais rien de bizarre à ça; elle était comme elle était. Pour Papa, il n'avait rien de mal à ça, elle était ce qu'elle était.

En plus Maman avait des idées plutôt jolies, et elle inventait des mots que j'aimais bien. Comme cette fois où elle avait peint un mur en bleu ciel parqueté de petits rectangles. Je lui avait demandé ce que ça représentait, et elle m'avais répondu, les yeux brillant:

«Pourquoi on creuse des trous dans la terre pour que les morts soient enterrés? Ce serait tellement plus beau si on creusait des trous dans le ciel pour que les morts soient encielés

Le ciel, c'était son truc a Maman. Et ce qu'elle aimait par-dessus tout, c'était quand on allait à la mer et que l'horizon s'effaçait en un seul bleu.

Elle disait alors:

«Le ciel déverse dans la mer, c'est la vie qui se fait belle pour t'inviter à vivre...»

Et tandis que les autres se jeteaient a l'eau, Maman et moi, on se jeter au ciel.

Maman avait été diagnostiquée maniaco-dépressive, bipolaire, comme on dirait plus tard pour faire moins peur. Mais la vérité était qu'elle avait bel et bien des phases de "manie", durant lesquelles elle était très joyeuse, pleine de projet fous, bavarde, drôle et aimante; et des phases de dépression durant lesquelles elle ne bougeais pas de son lit, passant ses journée à dormir quand elle n'était pas en train de pleurer.

Bien sûr, on lui a donné un traitement, mais elle a arrêté de le prendre au bout de deux semaines, parce qu'elle s'ennuyait d'elle.

Elle se trouvait trop ordinaire.

Dans les toilettes, Maman a jeté tous les médicaments en murmurant un verset de la Bible: Comme le chien retourne à son vomi, l'insensé retourne à sa folie...

Bientôt, les crises recommencé. Et recommencé.

Pendant ses phases de manie, elle me réveillait parfois a 2 heures du matin, le regard étincelant.

«Et si on allait à la plage?» elle chuchotait pour ne pas réveiller Papa.

Elle m'installe à l'arrière de la voiture ou je finissais ma nuit; et à mon réveil, j'étais sur le sable, et devant moi apparaissait le soleil qui faisait briller des millions de paillettes sur la mer.

C'était merveilleux.

Elle me bercait contre sa poitrine.

«Tout au fond, je m'eteignais sans éclairs...En surface, je me noyais en plein air...et puis toi, ton pouls a battu dans mon sang, un souffle liquide a coulé jusqu'au fond et tu m'a donné la vie.»

J'aimais bien, même si je ne comprenais rien - c'était comme si Maman parlait en langue étrangère dont la musique me plaisait.

Elle m'embrassait doucement le front.

«Je suis en vie à partir de toi.»

La joie étoilait le visage de Maman comme une poudre de diamant.

Elle fredonnait:

«Vole les lumières, toute les lumières que tu peux...Les ténèbres ont un appétit féroce, alors vole les lumières...»

Puis une idée lui venait.

«Et si on allait chercher des glaces pour le petit déjeuner?»

J'avais la maman la plus formidable du monde.

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⏰ Dernière mise à jour : Oct 09 ⏰

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je t'aime, espèce d'imbécileOù les histoires vivent. Découvrez maintenant