Les jours passent plus rapidement que je ne l'espère et sans le voir arriver, je me retrouve dans la voiture en route pour la prison de Namur. Ma mère conduit fièrement, fière de me conduire jusque là-bas contre mon gé je suppose. Je crois que sur cette terre, il n'y a qu'elle qui soit fière de conduire son enfant dans une prison.
« Ne boude pas comme une enfant, sois mature pour une fois Thalia.
Je me tourne vers elle avec, je suis sûre, un regard glacial.
- Tu ne voudrais pas que je saute de joie aussi ? demandais-je sarcastiquement.
Elle souffle, concentrée sur la route, et me répond :
- Sois gentille, ce n'est pas toi qui es enfermé c'est lui.
Lui.
Un garçon, super ça ne pouvait pas être plus catastrophique. Je n'avais déjà aucune envie de m'y rendre, cela n'arrange ni mon humeur, ni la situation.
- Sois raisonnable, reprend-elle, je ne fais pas ça uniquement pour te punir. La juge verra que tu fais des efforts et tu pourras reprendre tes études.
Je garde le silence, je sais au fond qu'elle a raison, qu'elle veut seulement m'aider, mais je suis aussi sûre qu'il y avait d'autres solutions. Ca fait maintenant une heure que l'on roule, la destination est proche.
- Bon une fois que tu seras là-bas, ils vont te demander le nom et ta carte d'identité. Tu viens voir Elyo Bonavia. Ne l'oublie pas c'est important. Ensuite tu auras juste à attendre jusqu'à l'heure de visite. Nous y sommes. Finit-elle en se garant.
Elle se tourne ensuite vers moi et je peux lire un « bonne chance » dans son regard.
Je sors lentement, légèrement sous le contrôle d'un stress indomptable. Mes yeux se dirigent de gauche à droite, identifiant et découvrant les alentours. Je me mets alors à chercher l'entrée et je la repère, non sans difficulté, vers la droite du grand et gros bâtiment.
Je m'y dirige la tête haute sentant le regard de ma mère sur moi, j'ai toujours une fierté après tout.
A l'intérieur je repère deux files, l'une pour déposer des affaires d'après ce que je semble voir, et l'autre vers une sorte de guichet en haut d'un petit escalier et à droite d'une porte où il est inscrit qu'il est interdit d'entrer avec tout objet électronique. Seul sont autorisé la monnaie ainsi qu'un petit sachet de nourriture. Je me dirige vers cette file et attend patiemment mon tour, carte d'identité en main. En patientant, je me pose toutes sorte de questions. Vont-ils me demander de retirer mes bracelets et ma bague ? Comment ça va se passer ? Comment sont les salles de visite ? Je m'imagine déjà un parloir digne des films américains avec la vitre et le téléphone. Ce serait terriblement gênant... Quoiqu'en y réfléchissant bien, ce sera gênant dans tous les cas. Puis vient la question la plus importante : comment lui est-il ?
Mon tour arrive pour passer devant la sorte de guichet que j'avais repéré à l'entrée. Je tends ma carte d'identité dans l'espace prévu à cet effet et le gardien la prend en tapant mon nom à l'ordinateur. Suite à ça, il lâche un souffle d'exaspération. Il m'a l'air très motivé et sympathique, c'est fou !
« Nom du détenu. Exprime-t-il froidement.
- Elyo Bonavia. Répondis-je avec un léger sourire.
Il manipule son ordinateur quelques minutes et me tend ensuite un petit carré de papier avec inscrit mon nom, celui du détenu, un nom de salle et de place. Elyo Paul Bovery. Salle 2. Place 6.
Il me fait signe de passer la porte à ma droite et je passe sous le détecteur. Je me dirige ensuite à travers le couloir qui me mène vers une grande salle où plusieurs personnes patientent déjà. Je repère deux portes blindées ainsi qu'un escalier mais je ne sais pas où il mène. Je m'assois sur l'un des bancs en bois tout au bout de la pièce. Le temps passe lentement, je ne peux rien faire d'autre qu'attendre et triturer mes nombreux bracelets. Je me demande s'il ne faut pas que j'attende en haut, je ne sais pas ce que je suis censée faire. Je fais taire mes craintes en montant à l'étage et m'aperçois qu'il s'agit des sanitaires. Aucune autre pièce à part une troisième porte blindée. Contre toute attente, je fais ce que j'ai toujours eu peur de faire : je demande conseil à quelqu'un.
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De l'autre côté
General Fiction« Les opposés s'attirent ». Une phrase qui lui collait à la peau. On dit souvent que ceux qui se ressemblent s'assemblent, mais n'est-ce pas plus passionnant lorsque l'inverse se produit ? L'inaccessible attire, bien plus que quiconque le pensera...