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            La nuit est sombre en ce jour de juin. Le ciel est dégagé de sorte à apercevoir clairement le croissant de lune éclairer le ciel de son faisceau jaunâtre. J'aime regarder le ciel nocturne depuis cet endroit. Je suis seule avec moi-même, perchée sur ce bout de toit, à l'abri des regards. La fumée toxique de la nicotine s'échappe de mes lèvres pour aller s'effacer dans la noirceur de cette soirée d'été. Je sais que ce n'est pas bon de fumer, mais à vrai dire, je me moque éperdument de ma santé. A chaque inhalation, je ressens cette adrénaline, ce défi qui manque tant à ma vie monotone. Une adrénaline qui reste malgré tout éphémère.

Dès la fumée sortit, le vide reprend place tel un roi. Alors depuis peu, je cherche cela plus loin. J'ai ce que ma mère aurait qualifier de mauvaises fréquentations. Me faire virer des travaux dirigés ou sécher la fac n'est plus un exploit pour moi. Celle que j'étais avant ne l'aurait pas toléré, je dois la décevoir.

J'avais des projets fixes, une vie tracée à la lettre, une vie qui s'est envolée en milliers d'éclats que je peine à rassembler. Ma très chère mère voulut même me faire voir un psychologue, j'avais refusé, ce n'est pas un médecin qui fera revenir ceux qui sont parti. Et comme chaque soir depuis maintenant des mois, je jette mon mégot, rentre prudemment par la fenêtre de ma chambre, m'installe sous ma couette et ferme les yeux en espérant que demain sera différent.

***

« Thalia, on se taille.

J'entends le groupe s'échapper du cours magistral et je les suis par habitude. On se dirige en dehors du bâtiment et faisons le tour du campus.

- Alors on le fait ou pas ? demande l'une des filles.

Je n'ai même pas retenu leur prénom, je me contente de suivre le mouvement. L'un des mecs hoche la tête en signe d'approbation et on se dirige vers un autre bâtiment du campus. Je ne sais même pas ce qu'ils ont prévu de faire, je ne leur parle pas beaucoup et c'est pareil pour eux. On monte les étages et on s'arrête devant une porte qu'ils tentent d'ouvrir, en vain. Les têtes se tournent alors vers moi et je sais déjà ce qu'ils attendent. Je sors mes deux épingles et débute mon labeur. En quelques secondes, la porte est déverrouillée et libre d'accès.

Youtube apprend beaucoup de choses, il devrait être tenu hors d'accès aux enfants. Une salle d'informatique avec des ordinateurs neufs me fait face. Je ne perds pas de temps à essayer de comprendre et m'installe sur le bureau pour jouer avec mon briquet.

- Vous imaginez combien ça rapporterait ! s'extasie l'une d'entre elle.

- Un paquet ça c'est certain ! répond un autre en cherchant déjà à débrancher l'une des nombreuses technologies.

Je me perds rapidement dans mes pensées et le temps passe lorsque je fais soudainement tomber mon élément à feu dans la corbeille à mes pieds qui s'enflamme, ce qui interpelle les autres qui font tomber l'un des ordinateurs au sol, le rendant cassé et inutilisable.

- Putain Thalia, t'es conne ou quoi ?!

- Faut se barrer avant que la direction rapplique !

Sans réfléchir, nous nous élançons hors du bâtiment qui ne tarde pas à être assaillie par le bruit assourdissant de l'alarme incendie. On se faufile hors du campus et chacun prend des routes différentes. Ce n'est qu'une fois chez moi que je réalise la bourde que j'ai faite.

« Putain Thalia t'es qu'une imbécile » me dis-je à moi-même.

***

Ma mère rentre comme toujours, même heure, même routine et mêmes habitudes casanière. Comme si elle suivait une notice à la lettre. La seule chose qui vient casser cette perpétuelle routine est le bruit de la sonnette qui retentit ainsi que nos visiteurs inattendus : la police.

« C'est bien ici que loge Mlle Thalia Cannon ? demande l'un des officiers autoritairement à ma mère.

Je vais avoir de sacrés ennuis cette fois-ci, je suis dans le pétrin jusqu'au cou.

- C'est ma fille, pourquoi ? répond ma mère tout en se tournant vers moi, me lâchant un regard digne du froid de l'Everest.

Les officiers s'adressent alors à moi.

- Veuillez nous suivre s'il vous plaît.

Je ne riposte pas et les suis en contournant ma mère, sachant bien la raison de leur déplacement. Ils m'escortent jusqu'à l'arrière de la voiture de fonctionnement et démarrent. Le temps du trajet, je ne cesse de me demander ce que je vais prendre pour mon délit de fuite. Une fois arrivé, ils me conduisent jusqu'à la salle d'interrogatoire mais ce fut rapide, ils avaient déjà eu toutes les réponses via la vidéo surveillance. Je suis très mal...

***

« La police, mais enfin qu'est-ce qui t'est passée par la tête ? »

Voici ce que ma mère me hurle dans la voiture depuis qu'elle a payer la caution pour me sortir de garde-à-vue.

- Et comme d'habitude tu ne répondras pas ! Tu es renvoyée de la fac Thalia, est-ce que tu te rends bien compte de ça ! Ca ne va plus en ce moment. Je pensais que tu avais juste besoin de temps alors je t'ai laissé de l'espace mais là tu vas trop loin ! Je ne te laisserais pas tout ruiner pour une minable rupture ! crie-t-elle en se garant devant la maison.

Minable.

Ce mot se répercute dans ma tête comme si j'avais été brulée au fer blanc.

- Tu ne sais pas de quoi tu parles ! énoncé-je rageusement avant de monter m'enfermer dans ma chambre.

C'est comme si tous les souvenirs et sensations de cette nuit-là refaisaient surface et je me sens soudainement suffoquer.

J'ai juste dû me relever seule de l'enfer et j'ai fais du mieux que je pouvais.

***

Les jours passèrent, je n'adressais pas la parole à ma mère et elle non plus. Depuis mon expulsion de la fac, je passais mes journées dans ma chambre et mes nuits sur le toit.

Certes je n'aimais pas du tout la licence que j'avais entamé, mais elle était préférable à la solitude et au silence de ma chambre. Je pensais trop, je me souvenais trop et ça ne m'allais pas. J'étais comme un lion en cage.

Ce soir-là, je descendais manger dans le silence comme d'habitude, ma mère me faisait face. Elle s'éclaircit la gorge et énonça :


« Bon j'ai beaucoup réfléchi et une solution s'est posée à ton problème.

Je la regardais dans les yeux, elle parlait calmement.

- Une collègue m'a parler d'une association.

- Une association ? énonçais-je après plusieurs jours de silence.

Elle bu une gorgée d'eau et reprit.

- Oui, en Belgique, pour aider les jeunes en prison. Il s'agit en général de quelques visites de courtoisies. Rien de bien méchant. Finit-elle.

- C'est non. Dis-je catégoriquement.

Elle leva le regard de son assiette et devint plus autoritaire.

- Je crois ne pas avoir été assez claire. Je ne te laisse pas le choix ! Tu es déjà inscrite au programme, la première visite est mardi et je t'y traînerais personnellement crois le bien ! dit-elle en tapant du poing sur la table.

- Peut-être que ça t'ouvrira les yeux sur où tu risques d'atterrir si tu n'arrêtes pas tes bêtises.

Je me levais rageusement, quittais la table et claquais rageusement la porte de ma chambre.

Il ne manquait plus que ça ! 

De l'autre côtéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant