~Chapitre 26~

28 1 0
                                    


Après plusieurs heures à regarder les natifs, je sentais la fatigue envahir chacun de mes muscles, à force de rester debout, d'analyser leurs mouvements. Je me laissai tomber sur un tronc d'arbre, essuyant la sueur de son front d'un geste las. L'air frais du crépuscule caressait ma peau.

Des pas approchaient. Je les reconnus immédiatement : Murphy. Il s'arrêta devant moi, les bras croisés, l'air étrangement distant. Je levai les yeux vers lui, plissant les paupières. Quelque chose n'allait pas.

— Je pars, dit-il simplement.

Mon coeur rata un battement face à la nouvelle. Je me redressai légèrement, le regard cherchant une explication dans les traits fermés de Murphy. Ses lèvres se serrèrent, mais aucune réplique acerbe ne sortit. Au lieu de cela, un silence pesant s'installa.

— Quoi, comment ça ? Pour aller où ? demandai-je enfin, ma voix plus calme que je ne l'aurais cru.

— J'ai pas ma place ici, tu le sais comme moi, répondit-il d'un ton neutre, évitant de me regarder dans les yeux. Jaha m'a proposé de partir avec lui chercher je ne sais quoi ...

Un long moment passa. J'aurais voulu protester, exiger une explication plus profonde, mais je savais que c'était inutile. Je n'avais aucune raison de retenir Murphy ici, surtout avec tout ce qu'il s'était passé.

— Je vois, soufflai-je, une note de tristesse dans sa voix. Je ne vais pas te retenir, alors. On se reverra peut-être.

Murphy hocha simplement la tête, je me relevai pour lui faire face, je pressai mes lèvres face au geste que j'allais faire, mais je le pris dans mes bras. Il fut étonné le court d'un instant, mais il referma ses bras autour de mon dos.

Après quelques secondes, je le relâchais avec un sourire triste sur mon visage. Et sans un mot de plus, il fit demi-tour, ajustant son sac dans son dos.

On venait encore de perdre un des Cents. Sauf que cette fois, c'est lui qui l'a décidé.

Je me laissai à nouveau tomber sur le tronc d'arbre. À peine avais-je pris une grande inspiration que la pluie commença à tomber, fine d'abord, puis de plus en plus abondante. L'air se refroidissait à vue d'œil, comme si la nature elle-même s'était alignée sur l'humeur d'Indra. Elle était en colère, c'était évident.

Je la vis crier des ordres à ses soldats, ses gestes brusques trahissant son agacement. Ses mots se perdaient dans le tumulte de la pluie battante, mais son intention était claire : elle s'apprêtait à partir. Pourtant, elle n'en eut pas l'occasion. Octavia, sortant de l'ombre, se plaça brusquement devant elle, lui barrant la route.

Je me redressai légèrement, plissant les yeux pour mieux voir. Le vent sifflait dans mes oreilles, rendant les échanges verbaux indistincts. Je ne pouvais pas entendre ce qu'elles se disaient, mais il y avait une tension palpable entre elles. Octavia se campa solidement sur ses jambes, prête à en découdre.

Mon regard se porta plus loin. Fio. Je compris immédiatement. Octavia ne faisait pas qu'affronter Indra. Elle se préparait à défier Fio. Elle voulait prouver aux natifs, et surtout à Indra, qu'elle savait se battre.

La pluie battante formait des torrents autour de nous, transformant le sol en une boue glissante qui collait à mes bottes. Octavia et Fio se faisaient face, les muscles tendus, leurs regards rivés l'un à l'autre. Un silence étrange planait malgré le grondement de la tempête. Le monde semblait s'être rétréci à ces deux silhouettes, prêtes à en découdre.

Je me relevai rapidement pour les voir se battre, me mettant à côté des autres natifs qui venaient de créer un cercle. Je vis le natif que j'avais affronté un peu plus tôt non loin de moi, il avait le sourire aux lèvres. Je vis également mon père se rapprocher.

Dangerous World: the 100Où les histoires vivent. Découvrez maintenant