Chapitre 1 : Un monde à part

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Le soleil déclinait doucement sur le village des sorciers, baignant les collines environnantes d'une lumière dorée, presque irréelle. Niché au creux d'une vallée verdoyante, le village semblait isolé du reste du monde, comme protégé par des forces invisibles. Ici, la magie n'était pas une menace, mais un compagnon discret du quotidien. Les enfants couraient entre les maisons de bois et de pierre, leurs rires résonnant dans l'air, tandis que les adultes s'affairaient aux tâches simples de la vie, leur magie leur permettant de modeler la nature autour d'eux.

Alissia marchait lentement, son fils endormi contre sa poitrine, sa longue chevelure noire flottant doucement au gré du vent. Ses pensées étaient sereines, comme souvent dans cet endroit qu'elle chérissait. Le monde des sorciers vivait en paix depuis près d'un siècle, loin des conflits des royaumes humains. Ici, les tensions d'autrefois n'étaient plus que de vieux souvenirs, des légendes racontées au coin du feu. Les sorciers vivaient en harmonie avec la nature et avec eux-mêmes, loin des guerres, loin de la haine.

Alissia s'arrêta devant la grande place du village, où des étals de fruits, d'herbes et de potions se succédaient, tenus par des commerçants aux visages souriants. Les discussions légères flottaient dans l'air, ponctuées de rires et de salutations chaleureuses. Elle s'approcha de Myrna, une vieille sorcière connue pour ses remèdes, et s'agenouilla pour choisir quelques herbes.

« C'est une belle journée, Alissia, » lança Myrna en lui tendant un bouquet de feuilles argentées. « Le petit dort toujours aussi bien, on dirait. »

Alissia sourit en caressant la tête de son fils endormi. « Il aime ces promenades. Je crois qu'il ressent la paix de ce lieu, comme nous tous. »

Myrna hocha la tête, mais son regard se fit plus grave. « La paix est un don fragile. Prends-en soin. » Elle s'interrompit un instant, les yeux plissés vers les montagnes lointaines. « Parfois, j'ai l'impression que les ombres du passé sont plus proches qu'on ne le pense. »

Alissia fronça légèrement les sourcils, troublée par les paroles de la vieille femme. Mais elle chassa vite cette pensée. Ici, la vie était simple, tissée de routines réconfortantes. Le marché battait son plein chaque jour, et le village se rassemblait toujours autour du grand feu chaque soir pour partager histoires et rires.

Non loin de là, Lorian, un jeune garçon d'une quinzaine d'années, s'entraînait sous l'œil attentif d'Eryon, le maître d'armes du village. Les épées en bois claquaient dans l'air avec précision, tandis que Lorian exécutait chaque mouvement avec une agilité impressionnante.

« Encore une fois, » ordonna Eryon, croisant les bras. « Mais cette fois, ressens le mouvement. Ne force pas. »

Lorian, essoufflé mais déterminé, hocha la tête et reprit sa position. Il était déjà plus doué que la plupart de ses camarades, mais quelque chose en lui le poussait à toujours aller plus loin, à chercher une perfection qu'il ne pouvait expliquer. Eryon le regardait avec un intérêt particulier. « Il est différent, » se disait-il souvent. « Comme s'il portait en lui quelque chose de plus grand. »

Le soleil déclinait lentement, et bientôt, les villageois commencèrent à se rassembler près du grand feu, comme ils le faisaient chaque soir. Le crépitement des flammes, les voix douces et les rires remplissaient l'air, créant une atmosphère de sérénité presque irréelle. Alissia s'installa près du feu avec son fils sur les genoux, regardant les flammes danser sous le ciel étoilé. Elle se sentait en paix, mais une légère inquiétude persistait, un murmure au fond de son esprit qu'elle ne pouvait ignorer.

Lorian, quant à lui, observait la scène de loin. Ses pensées étaient ailleurs, troublées par des rêves étranges qu'il faisait de plus en plus souvent. Des rêves où il se voyait entouré de flammes, seul face à des ombres menaçantes. Mais ce n'était que des rêves, se répétait-il. Rien de plus.

Alors que la soirée avançait, une légère brise se leva, apportant avec elle une fraîcheur inhabituelle. Aenor, le vieux sage du village, s'approcha du feu, observant les villageois avec son regard perçant. « Ce soir est comme tous les autres, et pourtant... » Il laissa sa phrase en suspens, comme s'il cherchait des réponses dans le crépitement des flammes.

« Qu'y a-t-il, maître Aenor ? » demanda Alissia, son regard inquiet se posant sur lui.

Le vieux sorcier secoua la tête doucement. « Rien... Juste une impression. »

Mais cette impression ne le quittait pas. Il savait, comme tous les anciens, que la paix, aussi solide qu'elle puisse paraître, pouvait se briser en un instant. Pourtant, ce soir-là, personne ne souhaitait penser à cela. Le village vibrait au rythme des discussions et des rires, et la chaleur du feu enveloppait tout le monde d'une quiétude bienfaisante.

La nuit s'installa doucement, et peu à peu, les villageois commencèrent à quitter la place, retournant dans leurs maisons pour y trouver le repos. Alissia se leva à son tour, berçant son fils dans ses bras, avant de saluer ses amis et de s'éloigner vers sa demeure, son esprit apaisé par les étoiles qui scintillaient au-dessus d'elle.

Mais quelque part, au-delà des montagnes, dans les profondeurs des royaumes humains, une menace se rapprochait. Une menace que personne ici n'avait vu venir, et qui allait bientôt plonger leur monde paisible dans les ténèbres.

CHEVALRESQUEWhere stories live. Discover now