Le calme de la nuit enveloppait le village des sorciers, un silence doux et apaisant, interrompu uniquement par le bruissement du vent dans les arbres. Alissia était rentrée chez elle depuis quelques heures, veillant avec tendresse sur son fils endormi dans son berceau. Elle observait les lueurs de la lune qui traversaient la petite fenêtre de sa maison, éclairant doucement la pièce. Malgré la tranquillité apparente, elle ne parvenait pas à chasser cette légère sensation d'inquiétude qui persistait dans son esprit.Elle se leva doucement, enroulant un châle autour de ses épaules pour se protéger du froid qui s'infiltrait dans la maison. Dehors, tout semblait calme, mais les mots d'Aenor résonnaient encore dans sa tête. Cette paix qui les entourait... était-elle aussi solide qu'ils le pensaient ? Alissia s'approcha de la porte et l'ouvrit doucement, laissant entrer une bouffée d'air frais. Elle aimait ces moments de solitude, lorsqu'elle pouvait contempler les étoiles et écouter le silence de la nuit. Mais ce soir-là, quelque chose d'indéfinissable flottait dans l'air.
Au même moment, Lorian, qui avait quitté le village pour ses promenades nocturnes habituelles, avançait silencieusement dans la forêt environnante. Il aimait se perdre dans la nature la nuit, se laissant guider par l'obscurité et les bruissements des arbres. C'était son moment à lui, loin des attentes et des questions des autres. Ici, il pouvait réfléchir, essayer de comprendre ce qui bouillonnait en lui depuis quelque temps. Cette énergie qu'il sentait à l'intérieur, comme un pouvoir dormant qui n'attendait que d'être réveillé.
Il leva les yeux vers le ciel étoilé, cherchant des réponses dans les constellations. Pourquoi se sentait-il différent ? Pourquoi, à chaque fois qu'il fermait les yeux, voyait-il des scènes de feu, de destruction, et de pouvoir qu'il ne pouvait comprendre ?
Ce soir-là, pourtant, un malaise l'envahissait plus qu'à l'accoutumée. Il s'arrêta un instant, ses sens en éveil, comme s'il percevait quelque chose d'anormal. Il tendit l'oreille, mais tout semblait calme. Juste le vent, les feuilles, le silence de la nuit. Mais son instinct lui criait que quelque chose n'allait pas.
Soudain, un bruit sourd retentit au loin, brisant la tranquillité. Un fracas métallique, suivi d'un cri étouffé. Lorian tourna brusquement la tête dans la direction du village, son cœur se mettant à battre plus vite. Il plissa les yeux, essayant de percevoir ce qui se passait, mais l'obscurité cachait la vérité. Ses muscles se tendirent, et sans réfléchir, il se mit à courir à travers les bois, ses pieds frappant durement le sol mouillé par la rosée.
Pendant ce temps, dans le village, Aenor, qui veillait toujours à la lueur de sa bougie, entendit lui aussi ces bruits inhabituels. Il se leva de son fauteuil, une grimace de confusion sur le visage. « Qu'est-ce que c'est ? » murmura-t-il pour lui-même. Il ouvrit la porte de sa maison et sortit dans la rue, scrutant les alentours. Tout était calme, mais son intuition lui soufflait le contraire.
Il s'avança prudemment vers la place centrale, cherchant du regard les autres villageois. C'est alors qu'il les aperçut, au loin, des silhouettes se détachant faiblement à la lueur de la lune. Des torches, des armures... Et puis le son. Le bruit sourd de bottes frappant le sol, d'armures cliquetant dans l'obscurité. Aenor sentit une sueur froide couler dans son dos.
Les chevaliers.
Ils avançaient, en silence, dans l'ombre, leurs torches projetant des ombres menaçantes sur les maisons. Ce n'était plus un rêve, plus une impression. La menace qu'il redoutait depuis des années était enfin là. Ils étaient venus, et ils ne venaient pas pour parler.
Il fit demi-tour, courant aussi vite que son corps vieillissant le lui permettait. « Alarme ! » hurla-t-il à travers le village, sa voix perçant le silence. « Nous sommes attaqués ! »
Le cri d'Aenor résonna dans les ruelles, réveillant les sorciers de leur sommeil paisible. Les portes s'ouvrirent en un instant, des visages paniqués apparaissant dans l'obscurité. Alissia, toujours debout près de la porte, sentit son cœur s'arrêter lorsqu'elle entendit l'appel d'Aenor. Elle courut vers le berceau de son fils, le saisit dans ses bras, et sortit de la maison.
Tout autour d'elle, le chaos éclatait. Des hommes, des femmes et des enfants couraient dans toutes les directions, cherchant à fuir l'attaque. Mais les chevaliers avançaient rapidement, leurs torches brûlant le bois des maisons, leurs épées tranchant les vies sans pitié. Les sorciers, pris de panique, tentèrent d'utiliser leur magie pour se défendre, mais quelque chose n'allait pas. Leurs sorts semblaient s'éteindre dans l'air, comme étouffés par une force invisible.
Alissia serra son fils contre elle, ses jambes tremblant sous l'effet de la terreur. Les flammes commençaient à se répandre dans le village, dévorant les maisons une à une. Les hurlements des villageois résonnaient, mais elle ne pouvait se permettre de rester figée. Elle devait fuir, protéger son enfant.
Son esprit se vidait sous la panique, mais une seule pensée l'obsédait : s'éloigner, le plus vite possible. Elle se fraya un chemin à travers les ruelles en feu, son cœur battant à tout rompre. Derrière elle, les cris des siens s'élevaient, mais elle ne pouvait pas se retourner. Pas maintenant.
Elle se dirigea vers la sortie du village, vers les bois, espérant trouver un refuge dans l'obscurité. Les torches des chevaliers brillaient toujours au loin, mais Alissia savait que si elle courait assez vite, elle pourrait les distancer. Elle franchit les premières lignes d'arbres, courant à travers la forêt, chaque pas la rapprochant un peu plus de la sécurité.
Mais alors qu'elle atteignait une clairière, elle s'arrêta brusquement, à bout de souffle. Devant elle, à travers les arbres, une immense forteresse se dessinait sous la lueur de la lune. Le château du roi. Elle s'approcha des grandes portes, tremblante, épuisée, sachant qu'elle n'avait plus d'autre choix.
Elle s'agenouilla doucement devant les portes massives, ses bras fatigués portant toujours son fils contre elle. Elle le regarda une dernière fois, caressa ses joues douces, puis déposa un baiser sur son front. Les larmes coulaient maintenant librement sur ses joues.
« Je t'aime, » murmura-t-elle d'une voix tremblante. Puis, avec une dernière prière silencieuse, elle posa délicatement son enfant sur les pavés glacés, enveloppé dans un manteau de laine.
Elle resta là, quelques instants, immobile, ses mains tremblantes accrochées à son châle. Elle savait qu'elle devait partir, fuir avant que les chevaliers ne la trouvent. Avec un dernier regard sur son fils, elle se redressa, et dans un élan de désespoir, s'enfonça dans les bois, disparaissant dans l'obscurité.
Derrière elle, le village brûlait. Les cris résonnaient encore, mais tout ce qu'elle pouvait entendre, c'était le battement de son propre cœur.
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CHEVALRESQUE
ParanormaleLes sorciers ont été exterminés lors d'une nuit sanglante, un jeune homme élevé parmi les chevaliers ignore tout de son véritable héritage. Dix-sept ans après la tragédie, Lorian, orphelin recueilli par le roi, est sur le point de recevoir son grade...