Peter regagna les cuisines du manoir, le cœur battant. La pile d'assiette tremblait entre ses mains. Les domestiques s'activaient autour de lui, allant de droite à gauche à toutes allures. Ils donnèrent le tournis au jeune garçon qui chancelait au milieu de la pièce.
M'a-t-il vu l'observer ? Oui, j'aurais juré croiser son regard. Peter ne savait pas ce qui lui avait pris de s'arrêter dans le couloir lorsqu'il vit le marquis avec ses amis. Il était d'abord terrorisé de revoir le noble depuis son assaut mais malgré lui, Peter ne put s'empêcher d'être absorbé par le combat d'escrime. Les gestes habiles et assaillants du marquis fascinaient le domestique. Même s'il ne pouvait entendre leur conversation, il était admiratif de voir le noble s'emportait dans ses récits avec passion, tenant en haleine ses amis. Le marquis était grand, fort, habile au combat, cultivé, doté d'une beauté sauvage et d'une colossale fortune familiale. Il possédait tout ce dont Peter n'aurait jamais un jour imaginé avoir. Lorsque le garçon le voyait ainsi, il avait du mal à s'imaginer qu'il s'agissait du même homme qui avait une commis une telle barbarie sur sa personne. Quel genre d'esprit tordu pouvait y trouver un quelconque plaisir? Ses interrogations prirent fin lorsque le marquis s'arrêta de parler pour relever la tête. Le domestique se figea sur place, ils se toisèrent quelques secondes avant qu'il ne prenne ses jambes à son cou.
-Bon sang, mais combien de temps comptes-tu resté planté avec ces assiettes ? S'impatienta Lady Vickridge dans les cuisines du manoir.
Peter sortit de sa torpeur et déposa les assiettes à côté des fourneaux. Il s'excusa auprès de la gouvernante avant de se remettre au travail. Cette dernière ne l'avait lâché d'une semelle depuis le début l'après-midi. Peter avait la désagréable impression qu'elle le surveillait. J'espère qu'elle ne se doute pas que je prévois de m'échapper ! Pensa-Peter. Le garçon nettoyait des ustensiles dans une bassine d'eau lorsqu'il sentit soudainement l'atmosphère devenir lourde dans la pièce. Les domestiques s'interrompirent dans leurs tâches et leurs chuchotements s'élevèrent dans le dos du jeune garçon. Peter se releva, intrigué. Il déglutit sur place lorsqu'il découvrit le marquis qui se tenait debout derrière lui. Le noble le fixait, le visage impassible.
-Sortez, tous.
Les domestiques se regardèrent les uns les autres, intrigués. Redoutant le caractère impulsif de leur Maître, ils se hâtèrent vers la porte, vidant la cuisine en quelques secondes. Peter, à son tour, se dirigea vers la sortie, d'un pas incertain. Il fut rapidement interrompu par le noble qui l'agrippa fermement par le bras.
-Pas toi.
Peter, regarda le noble, apeuré. Son corps était encore endolori, si le Marquis lui faisait encore vivre un de ses supplices, il n'y survivrait pas. La porte se referma derrière le dernier domestique, laissant Peter seul avec le noble. Andrew observa le garçon se ratatiner sur place, le regard planté dans le sol comme il avait l'habitude de le faire. Cette attitude pittoresque provoquait le marquis pour une raison inconnue.
-Je vois que tu t'es remis de l'autre nuit, tu n'as aucun problème à te promener dans tous les coins de ce domaine.
Le domestique enfonça sa tête dans ses épaules, trop apeuré pour regarder le noble. Andrew saisit brutalement le garçon par la mâchoire, lui arrachant une grimace de douleur.
-Tu crois que je ne t'ai pas vu me dévorer des yeux tout à l'heure ? Derrière ton air de vierge effarouchée.
Le palefrenier ouvrit grand ses yeux, ses joues devinrent rouges.
-N-non Monseigneur ! Je ne vous ai pas...Aïe ! Monseigneur !
Le marquis resserra sa prise autour de la mâchoire du garçon, un sourire malsain sur les lèvres.
-Arrête de mentir, petit effronté ! Peut-être que finalement ça ne t'a pas déplu tant que ça, de t'être fait sodomiser dans les écuries. Il suffisait que tu perdes ta vertu pour révéler ta vraie nature.
Le noble était si proche de Peter, qu'il pouvait sentir leurs respirations s'entremêlaient. Une vague de colère frappa le garçon lorsque le marquis fit allusion à son agression. Cette rage qu'il avait ressenti lorsque le noble avait abusé de lui, refit surface.
-Non Monseigneur! Ce n'est pas parce que vous m'avez pris de force, que vous avez fait de moi un dépravé. J'ai détesté chaque seconde de ce qu'il s'est passé, Monseigneur. Aucun mot ne pourrait définir le dégoût que je ressens lorsque j'y repense. Et si je dois mourir pour ne pas sombrer, alors qu'il en soit ainsi.
L'air amusé du noble se fana devant l'affront du jeune domestique. Voir un vulgaire cul-terreux oser lui résister alors que le monde était à ses pieds, rendait le marquis fou de rage. Il prendrait un malin plaisir à détruire chaque maudite valeur qui anime cet être misérable. Il plaqua violemment ses lèvres contre celles du domestique jusqu'à ce qu'il sente un gout de sang dans sa bouche. Il s'écarta du garçon, haletant et encore étourdi par son geste.
-Alors je te ferai aimer ça. Je te forcerai, encore et encore, jusqu'à ce que tu finisses par y prendre du plaisir.
-Jamais Monseigneur, dit-Peter d'une voix brisée, je préfère mourir que de devenir comme vous.
Le noble tira violemment le garçon par les cheveux, le traînant au sol sur plusieurs mètres. Il l'attrapa par son bras pendant que ce dernier se débattait et le balança brusquement dans le cagibi de la cuisine.
-Et bien, c'est ce que l'on va voir. Stupide comme tu es, tu serais capable de profiter de la cérémonie pour t'échapper. Tu resteras enfermé ici jusqu'à ce que j'en décide autrement, dit froidement le noble avant de vérouiller la porte.
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L'amant du Marquis [EN RÉÉCRITURE]
Diversos[BxB] En 1859, durant l'époque victorienne en Angleterre, un jeune paysan, Peter, est envoyé travailler en tant que domestique dans les écuries du domaine d'AshFord. Le Maître des lieux, le marquis Andrew Harrington et future Duc, est rentré de la g...