𝑨𝒛𝒖𝒓𝒊𝒕𝒆 |YoonMin|

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« Vous êtes d'une bien bonne humeur monsieur. »

Jimin caresse la soie de sa manche et ajuste le collier de perles à son cou.

« La journée va être belle. Et, quoi qu'en dise mon père, il n'y a rien de mieux que de se lever après le soleil !

- Êtes-vous sûr de vouloir porter cette tenue ? Elle n'est pas très accordée aux restes des vêtements de la cour...

- Je ne crois plus être à une excentricité près. Et après tout, on pourrait presque croire qu'il s'agit d'une jupe plissée. »

Jimin soulève le tissu vert et bleu et le laisse retomber sur ses jambes. L'ensemble de matière croisé à la taille, serré par des ceintures superposées, retombe en manches évasées le long de ses bras ronds. Le reste du tissu se mélange en plis savants qui dévoilent différents motifs au rythme de ses mouvements. On pourrait en effet croire à une jupe longue et dense, supercherie qu'adore Jimin. Il n'est que de très rares robes qu'il porte sans glisser en dessous un pantalon. Il fait quelques pas et ajuste les nombreux bijoux à sa taille et à son cou. Ses mains, serties de petits pendants, font un bruit de métal quand elles rencontrent les rivières de pierreries sur ses clavicules.

« Je vais aller étudier à la bibliothèque. Et puis le séjour touche à sa fin, j'ai déjà offensé tant de monde que je ne saurais les choquer avec un vêtement.

- Celui-ci est d'Ashuai », fait remarquer la jeune femme en tentant de glisser un énième voile sur sa ceinture que Jimin rejette d'un geste du bras.

« La coupe, le motif, oui. Si tant est que je le porte comme un oméga du continent. S'ils ne voulaient rien voir de cette terre, ils n'avaient qu'à ne pas la saccager et à en ramener tous les trésors. Nos modes sont d'un ennui, à rajouter sans cesse des fanfreluches et des bouffonneries serrées sur toutes les articulations. Je n'en peux plus de ses corsets et de ses jupons. Messieurs dames ! », Jimin tourne sur lui-même et prend la pose, « voilà la mode. »

Les domestiques rient derrière leurs mains.

« Évidemment, vous ne dites rien à mon père de cette nouvelle humeur, il serait capable de me soumettre à la question pour s'assurer que l'on n'est pas atteint à la pureté de son fils adoré. Le duc devrait s'entretenir avec lui. Ce ne sont pas le genre de nouvelles que l'on fait attendre. Mon sac est-il prêt ? »

Le plus grand des trois servants s'avance et tend une besace en cuir tanné.

« Voilà mon-monsieur. Je ne crois qu'il manque rien... Je n'ai pas les ins-instruc...

- Asmar n'est pas encore remis ? » coupe Jimin en fouillant le sac.

Silence. Jimin fronce les sourcils et ne masque pas son agacement.

« Bien, j'irais le voir après le déjeuner. Vous, vous venez avec moi. »

Il lui tend le sac et s'empresse de sortir de la chambre. La demeure regorge de bruits : les talonnettes dans les escaliers, les mots à demi-murmurer en une mélodie indistincte et douce, les oiseaux à cœur joie sous la caresse tiède du soleil et le vent frai fait vibrer le verre fragile des carreaux de fenêtre.

Jimin n'a aucune idée d'où trouver la bibliothèque de la demeure, il demande par trois fois son chemin et traverse de nombreux salons vides aux parquets clairs baignés de soleil. Quelques nobles discutent de çà et là, attablés par petits groupes autour de tables et partagent des petits-déjeuners copieux. Jimin ne s'embarrasse que de salutations succinctes, tout juste polies, d'une torsion d'à peine quinze degrés de son torse vers le bas.