WHAT IS A B!TCH ?

PROLOGUE

'Une réputation est une histoire que chacun croit avoir lue, mais que peu ont vraiment feuilletée.'

Fille à papa.

C'est le premier surnom que l'on m'a donné.

Il est étonnant de voir à quel point les autres vous cataloguent, vous emballent soigneusement, vous marquent d'une étiquette, avant de vous projeter dans le monde, comme un paquet dont ils se désintéressaient rapidement.

Mais c'est toujours la même chose avec eux.

On le lit dans leurs yeux. Leur manière de se détourner en votre présence, de glisser un regard furtif, des chaussures aux cheveux, puis aux lèvres, tels des spectateurs face à une œuvre qui les offusque. Certains fuient rapidement, comme si un contact prolongé risquait de les transformer en moi. D'autres, au contraire, s'attardent juste assez pour imaginer que je ne les remarque pas, suffisamment pour se convaincre qu'ils ne pourraient jamais être à ma place.

Mais le fait est qu'ils ne peuvent s'empêcher de regarder. Et j'ai appris à aimer ça.

Ils ne réalisent pas qu'ils m'observent depuis toujours. Cela a commencé bien avant que je ne le remarque moi-même. Quand on est une petite fille, c'est différent. Tout ce que l'on fait est adorable. Tout le monde veut complimenter vos boucles, votre robe, la façon dont vous tournez sur vous-même quand on vous le demande. « Quelle petite beauté ! », disaient-ils. « Une vraie fille à papa. »

Et je l'étais. J'étais parfaite, et je le savais.

Chacun souriait en le disant, comme s'ils étaient complices d'une blague secrète. Je souriais aussi, autrefois, avant d'apprendre ce qui allait suivre.

Un jour, vous vous réveillez et comprenez que la perfection a un prix. Les compliments cessent d'être innocents. Les regards ne sont plus aussi bienveillants. Vous grandissez, vous commencez à vous soucier de la manière dont vos cheveux tombent parfaitement et de l'effet de votre gloss, comme s'il vous donnait le contrôle du monde.

Ce n'est pas arrivé d'un coup, mais je l'ai senti. Ce changement. Soudainement, vous êtes trop bruyante, trop audacieuse, trop présente.

Trop de maquillage, trop de confiance, trop d'attention.

Comme s'ils ne m'avaient pas apprise à être ainsi dès le départ. Comme si j'étais censée rester dans cette boîte qu'ils avaient construite pour moi – la petite fille à papa, à jamais, toute rose et parfaite, sans aucune aspérité.

Mais les étiquettes changent, les bords tranchants de mon eye-liner taillaient peu à peu l'image qu'ils avaient tant aimée.

Et puis, sans prévenir, on m'a donné un autre surnom.

Salope

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Bonjour à tous, j'espère que ce prologue attirera votre curiosité ;)