Le chat aimait les croquettes. Le soleil sur ses poils. La chaleur de son foyer. Dormir des heures et des heures.
Mais ce que le chat aimait plus que tout c'était son asperge...
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Un camion passant bruyamment dans la rue sortit le chat de sa torpeur et de ses souvenirs. Il se leva, irrité, et passa de sa douce moquette à l'un de ses innombrables coussins. Après avoir cherché une position confortable, il s'allongea à nouveau et se rendormi,cherchant de nouveaux indices dans un autre souvenir.
Novembre 2023
Le chat regarda distraitement l'humaine. Elle semblait nerveuse du moins plus que d'habitude. Cela faisait trois mois qu'elle venait de temps en temps à la maison. Elle avait tenu plus que les autres, pour ça il pouvait la féliciter. Il soupira dédaigneusement avant de se redresser : il avait reconnu la voiture, les voix et la façon de marcher : son asperge arrivait. Le temps que la clé tourne dans la serrure, le chat était déjà arrivé sur le meuble de l'entrée pour s'y asseoir dignement. Son humain entra,retira son manteau et le prit dans ses bras en lui chuchotant des mots doux d'une voix niaise. Il le caressa doucement et le chat ronronna de plaisir : son esclave était le seul à savoir le faire correctement.Contrairement aux autres, il ne confondait pas vitesse et qualité : de doux allers-retours sur son crâne était indéniablement plus appréciable que d'être confondu avec une platine de DJ.
Toujours le chat dans ses bras, l'asperge se dirigea dans la cuisine et embrassa l'humaine d'un air absent. Il se tourna ensuite rapidement vers la gamelle du félin et vérifia son contenu. Alors qu'il posait le chat au sol, l'humaine souffla d'un air résigné avant de prendre la parole. Curieux et sentant qu'il y allait avoir de l'animation, le chat grimpa rapidement sur le plan de travail et s'assit pour observer la scène.
« -Écoutes, commença-t-elle d'une voix douce bien que résolue,ça fait quelques temps que je voulais t'en parler mais j'ai toujours peur que tu le prennes mal. »
Ça commençait bien. Le chat se mit à ronronner en soutien à son asperge - qui semblait épuisée par avance de la tournure de la conversation-avant d'entamer sa toilette.
« -Je me disais que tu pourrais peut-être aller voir quelqu'un. -Qui ça ? »
La femelle soupira -encore- avant de répondre, comme contrariée que son humain n'ait pas saisi le sous-entendu de sa phrase.
« -Un ou une psy. »
Un long silence accompagna sa phrase. Très, très long. Le chat lui-même arrêta sa toilette, une longue touffe de poils coincée dans sa bouche.
« -Je te demande pardon ? »
Sans se départir de son calme apparent, son asperge se gonfla comme un coq, prêt à batailler pour réparer son honneur bafoué mais l'humaine ne lui laissa pas le temps d'en placer une.
« -Entre nous c'était un conte de fée les... Allez, trois premiers mois ? Tu étais adorable, gentil, attentionné... Le gendre parfait comme beaucoup le disent. Tu m'as même enfin invité chez toi. Puis tu es devenu distant, tu as arrêté de me toucher. J'ai mis ça sur le compte du travail et de la fatigue. Mais cela fait quelques jours que j'ai l'impression de... De te dégoûter. J'aimerai savoir pourquoi mais tu refuses ne serait-ce que d'entamer le sujet et tu me lances tes pseudos-sourires que normalement tu réserves à tes apparitions publiques. »
