Chapitre 2

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La lune régnait en maîtresse incontestée dans le ciel, entourée de ses fidèles compagnes, les étoiles. La nuit, fraîche et silencieuse, apportait un soulagement bienvenu à Ace, dont la fébrilité grandissait de minute en minute. Les jours de formation s'étaient succédé avec une rapidité harassante, et l'intendant n'avait jamais manqué une occasion de lui rappeler son handicap. Malgré tout, Ace avait su préserver certains réflexes de bienséance – sa posture irréprochable, ses formules polies – vestiges d'un passé glorieux dans la garde royale.

Au moins, le mépris de l'intendant suffisait à détourner, en partie, les regards jaloux des autres prétendants.

Il se demandait si cette fébrilité n'était pas due à ses chaleurs imminentes. Pendant des années, il s'était débrouillé avec des inhibiteurs de fortune achetés chez des marchands ambulants. Accepter sa condition d'oméga avait toujours été un combat ; il se sentait réduit, vulnérable, contraint de dépendre de la bonne volonté d'un alpha pour apaiser ses désirs. C'était, d'ailleurs, pour échapper à cette réalité qu'il s'était enrôlé dans la garde royale, dissimulant sa vraie nature aussi longtemps que possible.

Ce soir-là, il avait quitté ses appartements partagés avec d'autres concubins, cherchant à fuir la sensation d'étouffement. Leur accès était strictement limité, mais ils avaient tout de même le droit de se promener dans une aile du jardin.


S'appuyant contre la balustrade de marbre, Ace observait les ombres d'animaux furtifs qui se faufilaient dans les herbes, bercé par les cris des bêtes nocturnes. Ses pensées vagabondaient bien au-delà des murs du château. Plongé dans ses réflexions, il ne sentit pas la présence derrière lui.

Lorsqu'il se retourna, son regard croisa des yeux bleus, hypnotiques. À la lumière des lanternes suspendues aux piliers, les traits imposants de l'homme qui se tenait devant lui se révélèrent avec une clarté troublante.

Ils se dévisagèrent, tandis que les bruits nocturnes s'éloignaient, comme si le monde entier avait soudain cessé d'exister. Ace comprit instantanément : c'était l'un des princes. Une aura trop puissante pour être celle de n'importe qui d'autre. Il s'étonna de rencontrer un membre de la famille royale à une heure si tardive et en pareilles circonstances.

Son cœur s'emballa. Lentement, les doigts du prince glissèrent jusqu'à ses mèches dorées. Il en saisit délicatement quelques-unes et les porta à son nez, savourant le parfum des cheveux d'Ace.

Pris au dépourvu, Ace observait l'alpha, bien trop proche, dominant de toute sa hauteur. Malgré lui, il se sentit enveloppé par l'odeur enivrante de l'homme devant lui, vacillant sur ses appuis.

— C'est donc toi qui émets cette odeur, murmura le prince.

Le regard d'Ace, brillant de défi et de surprise, se fixa sur lui. Ses joues, légèrement rosées, trahissaient son trouble, et sa poitrine se soulevait frénétiquement, révélant l'agitation intérieure qui le rongeait. Il comprit alors que le prince ressentait aussi cette attraction intense qui semblait les lier.

Tentant de reprendre le contrôle de lui-même, Ace chercha à se dégager doucement de l'emprise du prince. Mais celui-ci resserra sa prise sur les mèches de ses cheveux, avec une douceur possessive, mais indéniablement ferme.

— Qui t'a donné l'ordre de me fuir ? demanda le prince d'une voix basse, presque menaçante.Ace le fixa sans ciller. Au lieu de répondre, il agrippa doucement la main du prince pour la repousser.

Le prince, surpris, immobilisa sa mâchoire serrée, accentuant son désir. Il approcha alors son visage du cou d'Ace, inspirant profondément son parfum. Ace se tendit sous ce contact mais ne fit aucun geste pour l'empêcher.

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