◆ Piégés

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Thème : Contes horrifiques

Longueur : 800 - 3000 mots

Restriction : interdiction d'utiliser deux fois le même adjectif

One shot écrit pour le concours Discord d'octobre 2024 sur le serveur « L'Hôtel Wattpadien » et organisé par TLA_Osaya

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Il était une fois, dans un pays bien moins lointain qu'on pourrait le croire, une légende cachée sous des siècles de silence. Un pays d'apparence sans problème, renommé seulement pour son avant-gardisme et son rôle dans les deux guerres mondiales.

Cependant, bien avant cela, une sombre histoire s'était gravée dans ses terres, que d'aucuns decriraient comme un fantasme, désabusé et imaginaire. Pourtant, si des générations d'encre et de sang avaient été versées pour la transmettre, ce n'était pas par hasard. Car la vérité dormait sous la surface.

Voici son récit...

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Jean était un homme bon. Il était bûcheron dans un village reclus, et chérissait autant sa femme que son fils, Pierre. Ce dernier n'était pas d'un caractère facile – il trouvait tous les moyens pour se soustraire à leur attention – mais Jean pensait avoir trouvé la parade parfaite pour s'en prémunir, surtout en ces temps troubles.

Pourtant, quand les cris effroyables de son épouse transcendèrent la forêt d'où il revenait, Jean sentit une goutte d'appréhension mouiller sa nuque.

Lâchant sa hache, il se précipita jusqu'au village, où les cris retentirent avec davantage de force.

Là, sur la place centrale, la neige immaculée était souillée. Rouge de sang. Un sentier sanglant marquait le sol. Annonciateur de la tragédie.

Ses jambes se dérobèrent sous lui. Les bras ballants le long du corps, Jean était hagard. Son souffle était court, haletant. Ses muscles étaient engourdis par le froid. Ses globes oculaires tentaient de faire contact avec ceux de la silhouette maintenue fort contre la poitrine de son épouse, sans jamais y parvenir ; car des yeux, elle n'en avait plus.

Devant lui, son épouse serrait de toutes ses forces le corps d'un enfant sans tête.

Jean le savait. Les cadavres mutilés de femmes et enfants indifféremment se multipliaient. Dans un périmètre de trente kilomètres à la ronde englobant six villages en constante alerte, trente-sept personnes avaient été tantôt dépecées, tantôt décapitées.

Pour cette raison, il avait interdit à Pierre de mettre un orteil à l'extérieur du village. Semblant comprendre la gravité de la situation, lui et ses amis respectaient cet impératif sans trop se braquer. Du moins, jusqu'à présent.

"Un jour, je t'apprendrai à manier la hache comme moi ! Tu seras grand et fort, mon fils !"

Cet échange, tout en rigolade et fierté, lui revint douloureusement en mémoire. Pierre l'admirait, et Jean savait que malgré son caractère de cochon, il deviendrait un homme droit, apte à protéger ce qui compte le plus pour lui.

Le souvenir de ce jour heureux se déchira dans son esprit.

Tout était de sa faute. Il n'avait pas été à la hauteur, et désormais, seule la culpabilité rongeait son cœur et le lacérait entre ses doigts joueurs, les miettes utilisées comme combustible par une émotion plus pernicieuse.

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⏰ Dernière mise à jour : 6 days ago ⏰

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