𝐋𝐈𝐀𝐑 𝐓𝟐 { 𝐬𝐮𝐢𝐭𝐞 𝐝𝐮 𝐓𝐈 }

𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝟏 | 𝐑𝐨𝐬𝐞

Je pianote sur le volant en fixant l'aiguille rouge du tableau de bord demeurer immobile, comme ma voiture qui ne bouge pas depuis une bonne heure à cause du trafic dans lequel je suis coincée en plein centre-ville. Derrière moi, ça klaxonne comme si ça allait changer quelque chose à la situation et que j'allais accélérer soudainement pour faire avancer les autres. Je relâche mes muscles et laisse mon front retomber dessus en soupirant tandis que les minutes défilent et je reste plantée au même endroit.

Devant une restauration rapide.

D'ailleurs, j'hésite à couper le moteur pour aller m'acheter du poulet frit.

Je jette un œil à l'heure en pestant lorsque je constate que je suis censée avoir récupéré Caleb à l'école depuis dix minutes déjà et que je suis en retard.

On ne change pas les bonnes vieilles habitudes, pas vrai ?

— Bon, on va camper ici jusqu'à quelle heure ? m'agacé-je en essayant d'apercevoir ce qui est à l'origine du trafic quelques mètres plus loin.

Mais rien n'y fait, il y a tellement de voitures qu'on ne voit absolument rien. Au bout de quelques minutes, ça commence à peine à circuler que je suis de nouveau contrainte de m'arrêter.

Le poulet frit est encore en option.

Cependant, c'est que ce n'est pas la première fois que je vais récupérer mon fils à l'école alors que la sonnerie a retenti depuis bien longtemps. C'est pour cette raison que je finis toujours par appeler Lyah et lui demander si elle peut aller le chercher pour moi. Je prévois quand je ne serais pas à l'heure, mais aujourd'hui c'était inattendu, il doit surement y avoir un accident. C'est assez récurrent ici, vu le nombre de tarés qui roule au-dessus de la limite imposée, ça ne choque personne.

Parfois, l'activité de cette ville me fait penser à New York. Enfin, cela dépend d'où on se situe et où on va, car le centre de Los Angeles est beaucoup plus vivant que les petits quartiers qui l'entourent.

Je me penche pour récupérer mon téléphone enfoui au fond de mon sac à main et appelle Lyah. J'ai à peine le temps d'entendre deux tonalités qu'elle décroche et m'agresse :

— J'attends ma rémunération pour mon rôle de taxi pour ton fils, mademoiselle constamment en retard. On peut s'arranger, je prends les virements et les cashs.

Je soupire de soulagement en souriant légèrement, le regard fixé sur un groupe d'adolescents qui rit bruyamment.

— Dix dollars, ça suffit ?

— Mais carrément ! s'exclame-t-elle.

Je pouffe en secouant la tête, mes doigts pianotent toujours sur le volant. D'après le moteur qui gronde derrière elle, j'en déduis qu'elle conduit et qu'elle vient donc de récupérer Caleb et Matthew.

— Je n'ai franchement aucune idée de quand est-ce que je vais enfin pouvoir sortir de ces foutus embouteillages, alors je t'appellerai quand je serai à côté de chez toi, l'informé-je en analysant les immenses rangées de voitures statiques.

— T'en fais pas, on adore l'avoir à la maison. De toute façon, j'avais prévu de t'inviter à passer la soirée ici, ce n'est pas une demande, Scott, c'est un ordre.

Je grimace en inspirant, ma journée a été si chargée que je n'arrive plus à réfléchir correctement et que mes pieds sont en compote.

J'ai même retiré mes talons.

Je suis actuellement pieds nus.

— Je... enfin... ce n'est pas sur que...

— Ah non ! Tu viens et tu n'as pas le choix, ne refuse pas. On est vendredi, Scott, c'est le moment de se détendre.