Chapitre 1

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Chapitre 1

« La peinture est une autre façon de tenir un journal. »

Pablo Picasso

23 Blackthorn Crescent, Kensington, London, United Kingdom.

06h00

Eva Hawthorne

Depuis quelque temps, l'appartement familiale semble toujours plongé dans une sorte de chaos constant. Parler d'un "appartement familial" est presque ironique, vu que seules ma sœur et moi vivons dans ce taudis et il était loin d'être une maison familiale, et encore heureux. Et pourtant, c'est loin d'être un havre de paix. Oppressante le bourdonnement incessant de la télévision, les éclats de voix qui provenant depuis la cuisine lorsque ma sœur ramène ses amis, ou encore les bruits étouffés des voisins à travers les murs, le calme s'est évaporé, remplacé par une cacophonie oppressante. Chaque jour qui passe pèse un peu plus sur mes épaules, et je me surprends souvent à rêver que tout s'arrête, ne serait-ce qu'un instant, pour que je puisse enfin respirer.

Ce matin, je m'étais réveillée avec cette même lourdeur. Le silence dans l'appartement était trompeur. J'avais espéré, pour une fois, savourer quelques minutes de tranquillité avant que la routine ne reprenne son cours. Je me suis étirée dans mon lit, en sentant mes muscles protester après une nuit trop courte. Mais déjà, quelque chose me dérangeait. Une sensation, une intuition que je n'arrivais pas à ignorer, grandissait dans mon esprit.

Le soleil, encore pâle et incertain, projette une lueur diffuse à travers les rideaux légèrement tirés de ma chambre. Les rayons hésitants caressent le sol de bois, dessinant des formes éphémères qui s'estompent presque aussitôt qu'elles apparaissent. J'ouvre lentement les yeux, mes paupières lourdes refusant de se détacher complètement du sommeil. L'air matinal est encore frais, glissant sur ma peau comme une caresse légère. Je prends une grande inspiration et m'étire lentement, sentant mes muscles tendus et endoloris après la nuit. Chaque geste est une lutte pour me réveiller complètement, mais aussi pour ne pas penser à ce que la journée me réserve.

Pourtant, avant même que mes pieds ne touchent le sol froid, une sensation étrange me gagne, quelque chose de sourd, d'indéfinissable, comme une ombre menaçante planant au-dessus de moi. Un frisson involontaire me parcourt, et je reste un instant figé, cherchant à comprendre d'où vient cette impression oppressante. Quelque chose ne va pas, c'est une certitude. Je tente de balayer ce sentiment d'un revers de la main, mais il persiste, accroché à moi comme un mauvais pressentiment. Résignée, je me lève finalement, mes pieds rencontrant le parquet glacé, arrachant un léger frisson à mon corps encore engourdi.

Je quitte ma chambre, me glissant dans le couloir étroit de notre appartement. Le silence qui règne est presque assourdissant, amplifiant chaque petit bruit que mes pas produisent sur le sol. Mes pieds nus frottent contre le bois froid, et je ne peux m'empêcher d'être attentive à chaque son, chaque souffle d'air. Il y a quelque chose d'étrange dans cette quiétude, quelque chose qui annonce le trouble. Le silence, je l'ai appris, précède souvent les mauvaises nouvelles, comme s'il retenait son souffle avant de révéler ce qui cloche.

Soudain, un bruit sourd, presque imperceptible, me parvient. Il provient de la chambre de Sarah. Mon cœur manque un battement, une vague d'angoisse sourde et implacable m'envahit. La porte, entrouverte, laisse filtrer une fine ligne de lumière, semblable à une invitation silencieuse, mais teintée d'une inquiétude oppressante. Mon instinct me crie de faire demi-tour, d'éviter de découvrir ce qui pourrait être une scène gênante, mais je suis incapable de résister. Mes pas se font plus lents, plus mesurés, tandis que je m'avance prudemment vers la chambre.

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⏰ Dernière mise à jour : Oct 13 ⏰

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