Les amours

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Je poste ce chapitre en avance, car je pars à l'étranger ce week-end, je ne suis pas sure d'avoir le temps de le poster dans les temps 🤭

Alors bonne lecture 📖

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La soirée était déjà bien avancée, les verres s'accumulaient, et les rires devenaient de plus en plus sonores. Gabriel remercia son ami d'un clin d'œil tout en levant son verre dans sa direction. Ce geste discret forma un instant suspendu entre les deux hommes, un échange silencieux chargé de complicité. Les tensions de la semaine semblaient peu à peu s'effacer, noyées dans les beaux et savoureux cocktails, tandis que les corps se relâchaient naturellement.

Le petit groupe s'était installé à quelques pas de l'Assemblée Nationale, dans le 7e arrondissement de Paris. Ce bar, accessible uniquement sur invitation, jouissait d'une grande réputation parmi les personnalités publiques, les gens de la haute société, mais aussi les politiciens qui s'y retrouvaient pour des afterworks. Le cadre intimiste garantissait un véritable isolement du monde extérieur, un refuge loin des regards indiscrets.

L'intérieur, à l'allure d'un lounge chic, était agencé de manière à préserver l'intimité de chaque groupe. Les regards curieux n'y avaient pas leur place, et les conversations se mêlaient aux lueurs tamisées des luminaires. Assis à leur table, ils pouvaient facilement admirer le rooftop du bar, offrant une vue imprenable sur les Invalides et son dôme doré, illuminé par la lueur de la Tour Eiffel scintillant au loin. L'atmosphère était à la fois apaisante et pleine de promesses, comme si ce lieu savait, mieux que personne, comment faire oublier le poids des responsabilités.

Assis autour de la table, les verres à moitié pleins, les rires s'effaçaient peu à peu au fil de la conversation qui prenait un tournant plus sérieux. L'un des collègues, après une gorgée de son cocktail, lança avec un sourire complice :

- En tout cas, Gabriel, ton débat il y a deux semaines face à Bardella... C'était un massacre. Tu l'as littéralement pulvérisé. Franchement, j'ai rarement vu quelqu'un se faire détruire comme ça en direct.

Un murmure d'approbation se répandit autour de la table, accompagné de quelques hochements de tête.

- Ses arguments étaient faibles, franchement. Toi, par contre, t'as été impeccable. Le Rassemblement National a du pain sur la planche !

Gabriel, bien que flatté par les compliments, ne put s'empêcher de sentir une pointe de gêne monter en lui. C'était vrai, son intervention avait été solide, implacable même, mais l'enthousiasme de ses collègues lui laissait un goût amer. Il leva son verre en esquissant un sourire forcé.

- Merci, mais vous savez... ça fait partie du boulot, répondit-il en essayant de minimiser l'éloge.

Le sujet restait pourtant brûlant. Un autre collègue enchaîna :

- Ouais, mais sérieusement, tu l'as pas seulement battu, tu l'as réduit en miettes. J'ai presque eu pitié de lui.

Gabriel baissa les yeux, jouant distraitement avec la condensation sur son verre. Chaque compliment le piquait d'une étrange culpabilité qu'il ne pouvait partager avec eux. Défendre son principal adversaire politique aurait semblé absurde à ses yeux, presque risible. Mais à l'intérieur, il savait que cette rivalité, aussi publique et violente soit-elle, était bien plus complexe que ce que ses collègues pouvaient imaginer.

Il se contenta de hocher la tête, ses pensées embrouillées par cette dualité qu'il tentait de dissimuler.

À ce moment précis, son cœur se serra. Lui qui souhaitait une soirée de détente pour oublier Jordan quelques instants, c'était raté. Tout semblait le ramener à lui ces derniers temps. Machinalement, il vérifia son téléphone, espérant voir apparaître son nom sur l'écran de verrouillage. Mais la seule notification fut un message de sa mère, qui prenait des nouvelles de sa chienne Volta. Un sourire éclaira son visage. Un peu de réconfort maternel, rien de mieux pour lui remonter le moral. Il répondit rapidement, promettant de venir les voir, son petit frère et elle, ce week-end, puis replongea dans la conversation qui avait, entre-temps, changé de sujet. À présent, ils parlaient de conquêtes et d'histoires de cœur. Il ne put s'empêcher de lâcher un léger rire en écoutant leurs débats risqués, un brin osés, se demandant comment la conversation avait si vite dévié vers des terrains aussi intimes.

La conversation battait son plein, et les anecdotes fusèrent autour de la table, mêlant exclamations amusées et rires bruyants. L'un des collègues de Gabriel, un grand brun au rire facile, lança soudain :

- Allez Gab, tu dois bien avoir une petite histoire croustillante à nous raconter, non ? C'est toujours les plus sérieux qui cachent des secrets bien gardés.

Qu'est-ce que cela voulait dire « les plus sérieux » ? Tu me prends pour qui ? Pensa Gabriel lassé.

Les regards se tournèrent vers Gabriel. Il sentit la chaleur monter à ses joues. Gêné, il esquissa un sourire en coin, cherchant ses mots. Il n'aimait pas être au cœur de l'attention, et encore moins pour parler de sa vie sentimentale.

- Moi ? Je vous arrête tout de suite, je ne suis pas aussi intéressant que vous, je vous l'assure.

- Tu dis ça, mais on sait tous que les mecs comme toi ont toujours des conquêtes discrètes, ajouta une autre collègue en lui faisant un clin d'œil complice.

« Les mecs comme moi », c'est ma fête ou quoi ?

Gabriel se tendit, bien que titillé par l'idée que son entourage puisse le voir comme quelqu'un de mystérieux. Il haussa les épaules avec un faux air détaché, jouant la carte de l'esquive.

- Ah non, vraiment, je ne suis pas dans ce registre, vous seriez déçus.

Son ton léger tenta de masquer le malaise qui l'envahissait. À mesure que la conversation dérivait vers des confessions de plus en plus personnelles, les regards devinrent plus insistants. Une question se mit à planer, lourde et inexprimée : et toi, Gabriel ? Qu'en est-il de ta vie sentimentale ?

C'est reparti... Sortez moi de là, par pitié !

Il sentit son cœur battre plus vite, redoutant qu'on lui pose directement la question. Il rit nerveusement, espérant que quelqu'un change de sujet, mais le silence s'installa quelques secondes, comme si chacun attendait sa réponse.

Lâchez moi la grappe.

Oh, regardez, il y a le magicien Eric Antoine, derrière-vous, lança-t-il soudain en se levant brusquement, évitant les regards inquisiteurs.

Il sentit les regards surpris le suivre, lorsqu'ils ont compris que ce n'était rien d'autre qu'une feinte, mais personne n'osa le retenir. Il se fraya un chemin entre les tables du bar et s'engouffra dans le couloir menant aux toilettes. Une fois à l'abri, il prit une grande inspiration, s'appuyant contre le mur. La tête lui tournait un peu, plus à cause de la conversation que des cocktails.

Il ne pouvait pas s'empêcher de penser à Jordan. C'était comme si sa présence, même absente, était toujours là, pesant sur son esprit. Gabriel soupira en se passant une main sur son visage. Pourquoi fallait-il que les choses soient si compliquées ?

Après quelques minutes à essayer de se calmer, il jeta un coup d'œil dans le miroir. Son visage, encore légèrement rougi par la gêne, lui renvoya un air incertain. La prochaine fois, il faudrait sans doute trouver une meilleure excuse. Évoquer la présence d'Éric Antoine avait fait son effet, mais c'était une feinte un peu trop facile pour durer. C'était plutôt pathétique, même.

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Note : Dans ce chapitre, l'ombre des responsabilités politiques se mêle à la vie personnelle de Gabriel, créant une tension qui illustre la difficulté de trouver un équilibre entre public et privé. Les feintes, aussi ingénieuses soient-elles, ne suffisent pas toujours à échapper à ses propres pensées.

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Je voulais vous remercier, car « Derrière la façade » est situé dans le top 14 des classements les plus impressionnant du #danger
Je ne sais pas trop comment le prendre par contre...

Le chapitre a été plutôt calme, cette fois 🤍
Mais j'espère que ça vous a quand même plu !

Derrière la façade - Attal & BardellaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant