13. Tensions et voyage

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3 avril 2024 : Palais des nations, Bruxelles, Belgique

Alaric entra dans la salle de réunion, son esprit légèrement troublé par son retard. Il s'était endormi par fatigue dans la voiture, Kasper n'avait pas voulu le réveiller, sachant pertinemment qu'Al avait encore fait le même cauchemar cette nuit. Il réajusta nerveusement sa cravate, passa la main sur sa veste pour lisser les plis, et s'efforça de se recentrer. Aujourd'hui, il ne s'agissait pas d'une réunion ordinaire. La rencontre des ministres des affaires étrangères de l'OTAN, organisée à Bruxelles, marquait les 75 ans de l'Alliance, une date importante pour chaque pays membre. Pour Alaric, c'était une occasion cruciale, mais son esprit était aussi distrait par une autre présence dans la salle.

Après avoir rapidement salué quelques collègues, il prit place à côté de Tobias, son ami et ministre des affaires étrangères suédois, qui participait pour la première fois à une réunion de l'OTAN depuis l'adhésion récente de son pays. Ils échangèrent un sourire complice, mais rapidement, Alaric chercha du regard Stéphane. Lorsqu'il le repéra finalement de l'autre côté de la table, ses yeux se posèrent instinctivement sur lui, comme attirés par une force invisible. Stéphane releva la tête, probablement sentant ce regard persistant, et lui sourit, ce sourire bienveillant et chaleureux qui, à chaque fois, semblait effacer le reste du monde pour Alaric, et chasser les ombres de son cauchemar.

Pendant un instant, tout sembla s'arrêter. Le brouhaha de la salle se dissipa, les voix des autres ministres devinrent un bruit de fond indistinct. Le regard de Stéphane, si calme et apaisant, avait cet effet singulier sur Alaric. Il sentit une boule se former dans sa gorge, rendant la simple action de déglutir difficile. Son propre sourire se fit plus large, presque instinctivement, tandis que leurs regards se croisaient à nouveau, silencieux mais remplis de sous-entendus. Pourtant, l'instant de flottement s'interrompit brusquement lorsque la réunion commença.

Alaric força son attention à revenir sur les débats qui s'amorçaient. Ce n'était pas n'importe quelle séance de travail : on célébrait l'anniversaire de 75 ans de l'OTAN, symbole de la solidité de cette alliance transatlantique, et la réunion portait également sur la première participation de Tobias, représentant la Suède nouvellement intégrée à l'Alliance. Les autres ministres félicitèrent chaleureusement leur homologue, soulignant l'importance de l'élargissement pour renforcer l'unité et la défense collective face aux menaces croissantes.

L'Ukraine et Gaza dominèrent naturellement l'ordre du jour. Le conflit ukrainien, qui durait depuis maintenant deux ans, semblait sans fin. Les discussions portaient sur le renforcement de l'aide militaire et humanitaire à l'Ukraine, ainsi que sur la sécurisation des infrastructures critiques dans la région. Alaric prit plusieurs notes, ses doigts se crispant autour de son stylo à chaque mention de la souffrance des civils et des victimes des bombardements. Les positions de son pays restaient fermes, et il comptait bien rappeler que la solidarité nordique devait être exemplaire.

La situation à Gaza était, elle aussi, au cœur des débats. Stéphane prit la parole à ce moment-là, attirant naturellement l'attention d'Alaric. Avec son calme habituel, Stéphane exposa la position de la France, insistant sur l'importance de préserver la paix et de soutenir les efforts humanitaires dans la région. Alaric observa la maîtrise avec laquelle Stéphane présentait son argumentation, impressionné par sa clarté et sa vision pragmatique. Il avait toujours admiré cette capacité qu'avait Stéphane à rester posé, même face aux sujets les plus complexes, même malgré son stress et sa dyslexie.

Tobias, assis à côté d'Alaric, se pencha légèrement vers lui, brisant son observation silencieuse. "Det er godt, er det ikke ? Så præcis som altid (Il est bon, n'est-ce pas ? Toujours aussi précis)", murmura-t-il, en référence à Stéphane. Alaric acquiesça, un sourire discret étirant ses lèvres. "Altid (Toujours)", répondit-il à voix basse, sans quitter Stéphane des yeux. Tobias hocha la tête avec un petit rire, comprenant parfaitement la situation.

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