Partie 3

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Le lendemain, tout était différent

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Le lendemain, tout était différent. J'arrivais en cours avec la même énergie, prête à affronter une autre journée. Mais Kazadi... je sais pas, y'avait un truc chelou chez lui. Dès qu'il est entré dans la classe, j'ai capté direct. Il m'a à peine regardée. Aucun sourire, aucune pique. Rien. D'habitude, il est là à essayer de me faire perdre mon calme, à balancer des remarques débiles. Mais là... le mec était juste froid.

J'te jure, ça m'a pris de court. Je m'étais préparée mentalement à le remettre à sa place, comme d'hab, mais il m'a juste ignorée. Genre, j'existe plus. Et pour être honnête, ça m'a saoulée. Grave. J'avais pas envie de lui courir après, mais ça me démangeait de savoir pourquoi il agissait comme ça.

À la pause, je l'ai croisé dans le couloir. Il parlait avec ses potes, le genre de groupe bruyant qui te donne toujours l'impression qu'ils parlent de toi. Je m'approche, je dis calmement :

— Kazadi, t'as un souci ou quoi ?

Il lève enfin les yeux vers moi, mais sans cet éclat narquois habituel. Au lieu de ça, son regard était sombre, presque... triste. Ça m'a déstabilisée.

— Non, t'inquiète, c'est toi qui te prends trop la tête, a-t-il lâché.

— Tu crois vraiment que je vais croire ça ? Tu m'évites depuis ce matin. Qu'est-ce qui se passe ?

Il a soupiré, et ses potes ont éclaté de rire en s'éloignant. Comme s'ils sentaient que c'était pas le moment de rester là. On se retrouvait juste lui et moi, face à face, dans un couloir où chaque mot résonnait.

— T'es sérieuse là, Naila ? Pourquoi tu veux toujours avoir le dernier mot ? Genre, tout est une compétition avec toi, tu cherches toujours à montrer que t'es meilleure. T'as jamais pensé que ça pouvait être lourd à force ?

Ses mots m'ont frappée. D'habitude, je m'attends à ses petits sarcasmes, ses pics, mais là, c'était différent. Y'avait de la rancœur dans sa voix, et ça, je l'avais pas vu venir.

— Tu rigoles ou quoi ? C'est toi qui m'as cherchée depuis le début, je t'ai jamais rien demandé, Kazadi. Si t'assumes pas que je te bats sur ton propre terrain, c'est pas mon problème.

Je sentais la colère monter en moi. Il essayait de retourner la situation contre moi, comme si c'était moi la coupable dans cette histoire. Alors qu'il passait son temps à me tester, à me pousser à bout.

— Tu crois vraiment que c'est juste une question de maths ou de qui a raison ? T'as aucune idée de ce que je vis, Naila, aucune.

Son ton était cassant, mais y'avait aussi de la fatigue, comme s'il en pouvait plus. J'ai vu une douleur dans ses yeux que j'avais jamais captée avant. Et ça m'a troublée. Parce qu'une part de moi voulait creuser, comprendre ce qu'il cachait derrière ses apparences de mec au-dessus de tout.

— Dis-le alors, si t'as des trucs à me dire, vas-y, crache le morceau.

Il s'est approché, plus proche que d'habitude, et d'un coup je sentais cette tension revenir. Sauf que cette fois, c'était plus lourd, plus intense. Comme si y'avait trop de choses qu'on disait pas, trop de trucs coincés entre nous.

— Tu sais quoi, laisse tomber, a-t-il lâché avant de tourner les talons.

Je l'ai regardé partir, le cœur lourd. Pourquoi j'avais l'impression que cette conversation avait changé quelque chose de profond entre nous, sans que je sache exactement quoi ?

Et pour la première fois, j'ai pas su quoi répondre.

L'après-midi, en sport, tout était sous tension. Kazadi était là, à jouer au basket avec une rage que j'avais jamais vue chez lui. Chaque panier qu'il marquait, chaque dribble, tout semblait plus violent, comme s'il essayait d'évacuer quelque chose. Ça m'agaçait. Il pouvait pas juste parler ? Il préférait me fuir, jouer les durs avec tout le monde, mais moi, je savais qu'il y avait un truc qui clochait.

Après le match, j'ai pas pu m'empêcher. J'étais énervée, frustrée de voir qu'il continuait à m'éviter. Je l'ai rejoint près du vestiaire, où il s'essuyait le front. Il m'a à peine regardée.

— Tu vas me dire ce qui te prend, ou t'as décidé de plus jamais m'adresser la parole ? ai-je lâché, ma voix pleine de colère.

Il s'est arrêté net, me fixant avec ce regard sombre.

— C'est bon, Naila, laisse tomber. Tu captes rien de toute façon.

Ses mots m'ont fait bouillir. J'en avais marre qu'il m'envoie toujours balader comme ça, comme si j'étais pas digne de savoir ce qu'il traversait. Alors, j'ai explosé.

— "Tu captes rien", c'est toujours la même chose avec toi ! Tu crois vraiment que tu peux continuer à tout cacher et que personne va te capter ? Sérieux, Kazadi, arrête de faire le mec intouchable, t'es pas tout seul dans ta galère !

Il a jeté sa serviette au sol, et s'est tourné vers moi, ses yeux brûlants de colère.

— Mais t'as jamais perdu personne, toi ! Tu sais pas c'que c'est de voir ta famille partir en vrille parce que ton daron est mort du jour au lendemain ! a-t-il crié, sa voix se brisant légèrement.

Ses mots m'ont coupé le souffle. C'était comme un coup de poing en plein ventre. J'avais entendu des trucs sur son père, mais il en parlait jamais. Personne n'osait aborder le sujet. Là, c'était brutal. Et je savais pas quoi dire.

— Depuis qu'il est mort, j'ai dû tout prendre sur moi. Ma mère galère avec le resto, ma p'tite sœur compte sur moi pour tout... Alors ouais, j'agis comme si j'm'en foutais de tout, mais la vérité, c'est que j'étouffe. Et toi, tu viens, avec tes airs de meuf parfaite, et tu me mets encore plus la pression !

J'ai senti mon cœur se serrer. Je le regardais, et pour la première fois, j'ai vu la vraie douleur derrière son arrogance. Il n'était pas juste en colère contre moi, mais contre tout ce qu'il portait sur ses épaules.

— J'essaie pas de te mettre la pression, Kazadi... j'essaie juste de comprendre, ai-je murmuré, plus calme maintenant, ma voix brisée par la tristesse de ses mots.

Il s'est passé une main sur le visage, comme s'il cherchait à reprendre le contrôle, mais je voyais que c'était trop pour lui. Il se battait seul depuis trop longtemps.

— Y'a rien à comprendre, Naila. Mon père est mort, et moi je dois être le père maintenant. Pas le choix.

Son regard était vide, fatigué. Ça m'a fait mal de le voir comme ça. Parce qu'au fond, je savais que sous toutes ses barrières, il était juste... perdu. Comme moi, parfois, avec toute cette pression de réussir, de jamais flancher.

— T'es pas obligé de tout gérer seul, ai-je dit doucement, m'approchant de lui.

Il a reculé d'un pas, les poings serrés.

— Laisse tomber, tu peux rien faire.

Et là, sans attendre, il est parti. J'ai senti une larme monter, mais je l'ai retenue. Parce que je savais que derrière ses murs de colère, y'avait un Kazadi qui avait besoin d'aide. Mais il était pas prêt à l'accepter. Pas encore.

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Kazadi & NailaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant