Chapitre 3

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Sur le chemin du retour, je conduis machinalement, les mains serrées sur le volant, suivant la route que je connais par cœur. Le paysage défile, mais mes pensées sont ailleurs, vagabondant d'une interrogation à l'autre. 

Je n'ai jamais vécu avec Liana, tout simplement parce que l'occasion ne s'est jamais présentée. Même si c'est une situation temporaire, je ne peux pas m'empêcher de me poser des questions. Comment les choses vont-elles se passer ? Entre nous, et avec Oria ?

Je n'ai pas vraiment l'habitude des enfants. J'ai déjà du mal à partager mon quotidien avec un ou une partenaire, alors j'ai encore plus de mal à imaginer qu'un enfant s'ajoute à cela.

J'aide parfois Liana avec Oria, mais jamais autant que ce que j'imagine pour les jours à venir. Intégrer à la fois mon amie et sa fille dans mon quotidien, je ne sais pas ce que ça peut donner. Autant l'idée de passer plus de moments avec Liana me réjouit, autant celle de changer des couches et de donner des biberons me fait moins rêver. Le fait de me battre avec la poussette pour la sortir du coffre me confirme cela.

Quand je rentre, essoufflée et les bras chargés – la poussette canne pliée sous un bras, le lit parapluie sous l'autre, et le sac dans une main –, je vois Liana tourner en rond dans le salon. Elle semble visiblement nerveuse et préoccupée.

— Alors, comment ça s'est passé ? me demande-t-elle.

— Merveilleusement bien ! je raille avec un sourire malicieux, en déposant tout au sol.

Elle me lance un regard à la fois exaspéré et amusé.

— Ça a été, je réponds plus sérieusement. Il insiste pour que tu le rappelles.

Pour seule réponse, Liana pousse un soupir.

Elle part ensuite installer le lit et ranger les affaires, pendant que je surveille sa fille.

— Merci d'y être allée, me dit-elle quand elle revient. Ça m'embête que tu te retrouves mêlée à tout ça.

— Ne t'en fais pas pour moi, je réponds avec un sourire que je veux rassurant, bien que je ne sois pas tout à fait à l'aise avec la situation.

Je prends une grande inspiration, cherchant un moyen de rendre l'atmosphère plus légère, puis je reprends :

— J'ai envie qu'on se change les idées. Ça te dit qu'on se fasse une soirée film ?

— Oui, c'est une bonne idée. Ça fait longtemps qu'on n'en a pas fait. Tu te rappelles, on faisait ça tout le temps au lycée ?

Je me rappelle très bien. C'était avant qu'elle ne rencontre Arden, avant que nos soirées pizzas-films ne disparaissent au profit de leurs rendez-vous en amoureux.

Je me contente de hocher la tête.

— On achetait des pizzas toutes faites et on rajoutait tout et n'importe quoi dessus ! continue-t-elle en souriant. On se prenait pour de vrais chefs.

— On pourrait faire un atelier pizza ce soir, je propose en haussant les épaules.

— Oh oui ! s'exclame-t-elle. Oria pourra nous aider !

Nous prenons donc la poussette et partons au supermarché, flânant dans les rayons. Liana et moi choisissons des pizzas plutôt simples puis prenons des légumes et une multitude de fromages à ajouter dessus, pendant qu'Oria observe tout avec curiosité.

De retour à l'appartement, nous nous mettons à cuisiner, « aidées » par Oria qui se contente plutôt d'attraper tout ce qui lui passe par la main pour les jeter autour de nous, ce qui nous fait rire.

Liés par l'orOù les histoires vivent. Découvrez maintenant