Chapitre 5

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Les longs couloirs semblaient interminables. Perdue dans ce labyrinthe, elle avait l'impression d'être épiée. Une ombre marchait dans ses pas, sans jamais la quitter du regard. Dans un dernier élan d'espoir, Ariane percuta une porte. La main tremblante, le souffle court, la tête lourde... elle peinait à ouvrir ce qui semblait être sa dernière issue. Abattue, elle se laissa glisser le long du mur, tandis que des larmes brûlantes lui mordaient les joues. Elle vit la pointe d'un couteau scintiller. Incapable d'affronter la mort, elle ferma les yeux. Puis une horloge macabre, aux coups irréguliers, se mit à retentir, comme si elle suivait les battements de son cœur...

***

Ses paupières s'ouvrirent. Devant-elle, un monstre poilu, au visage déformé la fixait. Dans un réflexe de défense, son poing frappa cette chose molle avant de se ramasser dans le mur. La douleur vive la ramena pour de bon sur terre, voyant qu'elle venait d'envoyer son doudou par terre. Elle se redressa confuse, se trouvant idiote. Le rouge lui monta aux joues tandis que ses yeux divaguaient sur sa table de chevet. La montre de son grand-père s'était complètement arrêtée.

Sans se poser plus de questions, ses pieds frôlèrent le parquet froid, tandis que sa main frottait son visage. Elle se sentait trempée. Pour cause, son pyjama transpirait et son front perlait... En ce matin d'automne, elle avait l'impression de brûler au soleil d'été. Trois coups résonnèrent à sa porte, trois coups qui semblait sortirent de son subconscient. Ils paraissaient effacés. Faux. Elle se redressa, le vertige la prit. Elle appuya ses doigts contre ses tempes, tout en traçant un chemin, à peine linéaire, vers l'entrée de sa chambre.

Sa main tremblante et moite se porta sur la poignée. Lorsqu'elle réussi à l'ouvrir, son mal-être se dissipa. Mia, de l'autre côté, vêtue d'une camisole et d'un legging vert fluorescent. Le visage rouge, le souffle court. Un bandeau maintenait sa crinière en place. Mia porta sa gourde à sa bouche et l'avala d'une traite.

— Qu'est-ce qu'il y a ? demanda Ariane.

— Je venais voir si la marmotte était sortie de son trou ! Il est midi.

— Je pense que ce manoir a puisé tout mon énergie... Au moins, je ne ressemble pas à un sapin de Noël.

Mia secoua la tête, lui lançant un regard taquin. Elle plongea une main dans sa tignasse et fit demi tour. Ariane la suivit, plaçant une mèche maladroite derrière son oreille.

À l'extérieur de sa grotte, le soleil resplendissait. Les murs épurés redonnaient vie au temps qui semblait figé. Ariane descendit une à une les escaliers, s'accrochant à la rampe pour ne pas tomber. Mia se retourna vers elle, le visage dur.

— Tu m'avais dit que ce manoir t'avait épuisée ?

Pour la première fois depuis son réveil, Ariane se permit de respirer. Ses épaules s'affaissèrent, tandis que ses pas la guidait vers un tabouret. Mia, quant à elle, se versa un verre de jus d'orange.

— J'ai fait un cauchemar, mais il dérivait sur une vision. Je ne sais comment l'expliquer...

Mia déposa le verre sur le comptoir, il le frappa produisant un écho sourd. Ses traits se déformèrent davantage.

— Comment se présentait-il ? Tu étais le meurtrier ou le témoin ?

Elle croisa les bras sur son torse, attendant une réponse de son aînée.

Aux douze coups de minuit Où les histoires vivent. Découvrez maintenant